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ver 1848-(1849) À la première neige annonciatrice de l'hiver (20 octobre), Langlois rend visite à Anselmie. Au soir de ce même jour, il se suicide. Ce suicide est en fait une exécution puisque le justicier Langlois, s'apercevant de son attirance pour le sang (comme M. V.), élimine le danger qu'il représente désormais.

Pendant les trois premiers hivers se placent les "exploits" de M. V. et sa mort. Les trois derniers concernent les étapes décisives de la destinée de Langlois : chasse au loup, projet de mariage, suicide (exécution).

Époques de la narrationElles sont étroitement liées à l'entrée en scène de plusieurs narrateurs successifs :

Le premier narrateur, qui est aussi le narrateur principal, puisqu'il nous transmet les narrations des autres, parle en 1946 (année de l'écriture du roman).

Le groupe des vieillards (second narrateur), qui transmettent une tradition orale émanant partiellement de leurs parents ou grands-parents, ainsi que Saucisse, parlent vers 1916 (le premier narrateur dit avoir recueilli leurs récits trente ans auparavant).

Saucisse, témoin direct des événements, troisième narratrice, parle vers 1868 (vingt ans, dit le texte, après la mort de Langlois).

Quelques narrateurs secondaires, témoins directs d'événements (Ravanel père et fils, Frédéric II, la Martoune, Anselmie) parlent sans doute peu après les événements auxquels ils ont participé (immédiatement après dans le cas d'Anselmie, vers 1850, plutôt avant, dans les autres cas).

Ainsi, pour transmettre jusqu'à nous la tradition orale d'événements vieux d'un siècle (1843-1946), quatre instances narratives se relaient, ce qui correspond approximativement à une moyenne de quatre générations se succédant dans l'espace d'un siècle. Un peu plus de vingt ans séparent les narrations des premiers témoins de la narration de Saucisse, puis environ quarante-huit ans entre cette narration et celle des vieillards, puis environ trente ans pour arriver au narrateur qui nous transmet finalement l'histoire de M. V.

Le Premier Narrateur

Il prend la parole au début du roman. Il assume la narration jusqu'à la démission de Langlois, à la suite de l'exécution de M. V. À partir de cet épisode, le premier narrateur est relayé par les " vieillards qui savaient vieillir ", de la bouche desquels il tient la suite de l'histoire. Toutefois, même dans la partie assumée par les vieillards, le jeu des pronoms ("nous", "on", parfois "je" ) entretient une certaine incertitude sur l'identité du ou des narrateurs : il n'est pas exclu que le premier narrateur intervienne dans cette partie. C'est certainement lui (mais rien ne nous en assure absolument) qui reprend la parole à la fin pour raconter le suicide de Langlois devant sa maison, aux yeux de Saucisse et Delphine.

Qui est ce narrateur ? Il ne se nomme pas. On ne sait s'il est originaire du village, dont il semble familier; ni s'il est de la région, qu'il semble bien connaître; ou s'il y séjourne seulement à intervalles réguliers, pour des vacances par exemple. On serait tenté de le confondre avec l'auteur, Jean Giono lui-même. Pourtant, Giono n'a jamais recueilli dans un village du Trièves les confidences de vieillards sur un certain M. V., pas plus qu'il n'a aperçu, du côté du col de Menet, un jeune homme, descendant de M. V., en train de lire Sylvie de Gérard de Nerval. D'ailleurs Giono lui-même avoue que le sujet lui est venu vers 1920. Il a imaginé l'objet de l'enquête de son narrateur et la manière dont ce narrateur conduit son enquête. Pour Giono, tous les personnages du roman existent comme des personnages sortis de son imagination. Pour le Premier Narrateur en revanche, ces mêmes personnages sont des gens qu'il a réellement rencontrés ou qui ont réellement vécu autrefois. Confondre d'emblée le Premier Narrateur avec Giono lui-même conduit donc à négliger le fait que ce narrateur est lui-même un personnage du roman, ce qui risque de fausser considérablement la compréhension de l'œuvre.

Premier narrateur, ce narrateur est aussi le plus important, puisqu'il a recueilli (directement ou indirectement) les récits de tous les autres narrateurs et que sa narration englobe toutes les autres. Il est évident qu'il ne nous livre pas les récits qui ont précédé le sien avec une fidélité littérale, mais qu'il les réorganise et les "ré-écrit ".

Nous nommerons ce Premier Narrateur : " le Conteur ".

Le groupe des vieillards

Lorsqu'ils prennent la parole, après l'épisode de la mort de M. V., ils se désignent eux-mêmes par un " nous " ou un " on " indifférenciés. Dans l'épisode de la chasse au loup, à ces deux pronoms s'ajoute un " je " qui indique que l'un des vieillards assume particulièrement le récit de cet épisode, sans qu'on sache précisément de qui il s'agit.

L'ensemble du récit où le groupe des vieillards assume la narration évoque un chœur, constitué par la communauté des villageois (ou tout au moins ceux de ses membres encore vivants vers 1916 ).

Si ces vieillards survivants étaient des hommes faits vers 1843 (ce que le texte suggère à plusieurs reprises) on peut en conclure que vers 1916 (époque de leur narration) ils avaient tous allègrement dépassé les quatre-vingt-dix ans. À vrai dire, la question de savoir quel âge ils avaient au juste, de même que la question de savoir qui au juste est désigné par les pronoms nous ", " on " ou " je " supposent qu'on prenne en compte une technique romanesque guidée au premier chef par un souci de réalisme, démarche qui n'est certainement pas celle de Giono dans ce roman quoique l'auteur se dise réaliste.

Saucisse

Elle assume la narration, à partir de l'excursion chez la " brodeuse " jusqu'à l'arrivée de Delphine au bongalove.

Dès l'installation de Langlois au Café de la Route, elle a noué avec Langlois une relation privilégiée et lui voue une amitié amoureuse qui lui inspire attention constante et dévouement. Elle l'accompagne dans la plupart des épisodes décisifs (chasse au loup, visite à la "brodeuse, fête chez Mme Tim, voyage à Grenoble). Son statut de témoin privilégié, sa personnalité forte et originale, son expérience de la vie, son franc-parler rendent son récit particulièrement intéressant et savoureux.

Les narrateurs occasionnels

Ils ont été les témoins directs et les acteurs d'épisodes importants. On peut citer Ravanel père et fils, Frédéric II ( qui raconte l'expédition de Langlois à Chichilianne), Anselmie (chez qui Langlois se rend quelques heures avant son suicide).

Le traitement particulier, dans ce roman, de la narration orale comme jalon de la transmission d'une tradition orale, permet d'appréhender la place privilégiée du Premier Narrateur, à la fois comme personnage du roman et comme figure idéale de l'écrivain. Loin d'être celui qui se contente de transcrire, avec une exactitude humblement fidèle, les récits des prédécesseurs, le Premier

Personnages fictifs Anselmie . -- Épouse de Callas Delphin-Jules. Narrateur 1 la décrit d'après une photo d'elle qu'il a trouvée dans la maison d'Honorius. À la fin du roman, Langlois se rend chez elle et lui demande de couper la tête d'une oie. Elle raconte la scène aux villageois.

Bergues. -- Braconnier. Célibataire. Aime la nature et la chasse. Cherche vainement Marie Chazotte. Part sur les traces de l'inconnu qui a tenté d'enlever Ravanel Georges dont le père a réussi à blesser le fuyard d'un coup de fusil. Fait le tour des maisons du village pour raconter son expédition et prend "une cuite magnifique" qui lui fait dire "des choses bizarres" à propos de la beauté du sang sur la neige. Disparaît à son tour à l'hiver 1844. Non loin du village, Langlois découvre l'endroit où il a été tué : "une grande plaque de neige agglomérée avec du sang".

Bergues a un modèle réel, braconnier lui aussi, habitant de Lalley. Giono fit sa connaissance à Lalley, à l'été 1946.

Brodeuse . -- C'est ainsi que Langlois la désigne la première fois qu'il parle d'elle à Saucisse et à Mme Tim. On ignore son nom et son histoire. On devine qu'elle n'est pas originaire du village du Diois où elle s'est fixée avec son petit garçon et où elle habite une maison isolée. La salle où elle reçoit ses hôtes contient des meubles de prix, "des débris de fortune, emportés et resserrés". Elle gagne sa vie "en faisant des travaux de broderie et de dentelle. Sur son visage aux yeux "du bleu le plus bleu", on lit son inquiétude, et Mme Tim perçoit en elle "un halètement de biche poursuivie". Elle et Saucisse s'efforcent de rassurer la femme, tandis que Langlois s'absorbe dans la contemplation d'un portrait d'homme à peine visible dans l'ombre. Ce personnage émouvant et pitoyable qui n'apparaît que dans cet épisode est sans doute la veuve de

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