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Géopolitique

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augmentation de la production. .. Au cours des ans, de très nombreuses insuffisances ont été relevées sans que l’on puisse faire la part des défauts méthodologiques dans l’approche du milieu paysan et des problèmes financiers qu’ont connu les ORD. Dès leur installation, les autorités révolutionnaires ont dénoncé l’inefficacité et la lourdeur bureaucratique des ORD : la gestion de plusieurs ORD fut critiquée par les TPR (Tribunaux populaires révolutionnaires) et des agents furent condamnés pour corruption et détournement de fonds. Malgré cela, les ORD furent maintenus. Le fait est d’autant plus intéressant à noter que les autres circonscriptions territoriales du pays ont été modifiées (exemple : les anciens départements qui avaient les mêmes limites que les ORD ont été remplacés par un nombre plus élevé de provinces). Peu avant la disparition de Thomas Sankara, les ORD avaient été dissouts (mars 1987), officiellement du moins, car ils survivaient sous l’appellation d’ex-ORD C’est le nouveau régime qui a donné naissance aux nouvelles structures : les CRPA (Centres régionaux de production agro-pastorale), au nombre de 12, l’exORD de Ouagadougou ayant été scindé en deux. Nouvelle continuité sous un autre nom ? I1 est trop tôt pour le dire. Mais la question vaut d’être posée pour la période Sankara : quel sens donner au maintien des ORD ? Prudence avant de casser une machine administrative qui, malgré ses défauts, fonctionnait ? Difficulté de penser autrement les structures d’encadrement de la paysannerie ? Espoir de remédier auy principales carences des ORD ? I1 est difficile de répondre à ces questions. I1 est certain que des divergences profondes existaient à l’intérieur du groupe dirigeant sur la question paysanne et que ces divisions ont favorisé le maintien du statu quo. En effet, les créations du ministère de l’Eau, chargé de la politique hydraulique, et du ministère de la Question paysanne, responsable de la formation politique du monde rural, n’ont pas réduit l’importance du ministère du Développement rural. La continuité dépassa le simple maintien des structures administratives, des tendances importantes dans leur fonctionnement n’ayant pas été modifiées. I1 en fut ainsi de la permanence des déséquilibres inter-régionaux au bénéfice du Sud-Ouest du pays. Une attention particulière a toujours été portée aux régions cotonnières (ORD de la Volta-Noire, des Hauts-Bassins) : densité plus élevée de l’encadrement, financement plus important. Cette orientation a été maintenue avec la poursuite et le renouvellement du projet de la Banque mondiale. Ce projet pluri-annuel (PDAOV - Projet de développement agricole de l’Ouest-Volta) bénéficie de l’appui

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B. TALLET

technique et financier de la Banque mondiale ; son objectif est l’augmentation de la production céréalière et cotonnière grâce à une méthode d’encadrement de la paysannerie mise en œuvre par les experts de la Banque (1). De même, le projet Sourou (aménagement d’une plaine inondable au confluent du Sourou et de la Volta-Noire) est la reprise d’un vieux projet (2) reposant sur .la maîtrise de l’eau ; ce projet fùt présenté dans le Programme populaire de développement comme la clé de voûte de la conquête de l’autosuffisance alimentaire : 40 O00 ha aménagés, 120 O00 tonnes de céréales produites alors que le déficit vivrier structurel est d’environ 100 O00 tonnes l’an. Ces actions n’étaient pas en rupture avec les initiatives antérieures. Elles furent réservées aux régions naturellement les plus favorisées. Cela semblait une attitude de bon sens : investir en effort, en argent là où la possibilité de résultats positifs était la plus élevée. Mais ce choix soulève des interrogations majeures dans la mesure où le résultat aboutissait à l’aggravation des déséquilibres régionaux ; était-il souhaitable que l’action de 1’État renforçât les inégalités déjà existantes alors que l’ampleur des mouvements spontanés de population échappe à tout contrôle ? La priorité de fait reconnue aux régions naturellement les plus favorisées signifiait-elle l’abandon d’initiatives et de recherches de solution en faveur des régions qui connaissent les difficultés climatiques et une forte pression démographique ? Par ailleurs, le projet Sourou, par l’ampleur des surfaces aménagées, des investissements nécessaires soulevait les questions habituelles concernant ce type de projet : où trouver les capitaux nécessaires ? Comment rentabiliser l’opéra$on ? Quelles structures de production mettre en place (fermes d’Etat, collectifs villageois, exploitations familiales) ? Les questions posées par un tel projet se retrouvèrent, sous d’autres formes, à l’échelle du pays tout entier : quelles transformations effectuer ? Quels choix faire ? Les réponses n’étaient pas simples comme le montre un examen, même rapide, des mesures prises.

1) Méthode dite (i training and visit conçue en Asie du Sud-Est (Thaïlande) et répandue ensuite dans d’autres pays. Au Burkina, est en vigueur le système PC-PS (paysan-contact et paysans-suivi) qui consiste à appliquer des thèmes techniques (labour, semis en ligne, utilisation d’engrais et de prcduits chimiques) sur certaines exploitations ;

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ensuite, par effet de démonstration, la difFusion des changements techniques doit s’op& rer parmi les autres paysans. 2) Voir à ce sujet J.-Y. Marchal, Un périniètre irrigué en Haute-Volta. Guiédougou Vallée du Sourou, Cahiers Orstom, série Sciences humaines, Vol XIII, no 1, 1976, pp. 51-13.

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MONDE RURAL

Les fondements de la nouvelle politique agricole

Le gouvernement révolutionnaire a entrepris une action fondée d’une part sur des mesures immédiates pour relancer la production agricole et sur un projet de transformation sociale de la paysannerie d’autre part. Afin de souligner la rupture avec les régimes politiques précédents, le CNR a voulu frapper l’imagination populaire en supprimant l’impôt de capitation. Dans la mémoire collective, l’impôt a toujours été perçu cpmme le signe de la mise en dépendance de la paysannerie par un Etat prévaricateur. La suppression de l’impôt se voulait le symbole de nouvelles relations entre 1’Etat et le monde paysan, le premier ne cherchant plus d’abord à prélever le surplus produit par le second. Cette mesure, lourde de conséquences pour les finances publiques alors que les prévisions d’investissements étaient en forte augmentation a été accompagnée par des actions incitatives en ,me d’accroître la part commercialisée de la production agricole. L’Etat a joué sur les mécanismes du marché (prix agricoles, systèmes de commercialisation...). Les prix d’achat aux producteurs ont été relevés pour encourager leur effort productif: hausse des céréales et des productions agro-industrielles (coton, nojx de karité). Mais dans ce domaine, la marge de manœuvre de 1’Etat est étroite du fait des fortes contraintes internes et externes. Toute augmentation des prix agricoles a en effet des effets inflationnistes importants, surtout en ville. L’augmentation du prix des denrées alimentaires a été rudement ressentie car, dans le même temps, le gouvernement a réduit les salaires urbains (compression des dépenses de la Fonction publique, lutte contre la corruption, remise en cause des avantages urbains...). Par contre-coup, la demande interne a été freinée et les difficultés de la vie quotidienne, en particulier pour les groupes sociaux aux revenus incertains, ont été aggravées. Pour les produits d’exportation, la marge de manœuvre semble plus large car les effets pervers sont moindres pour la population locale ; mais, ici, le contexte international est très contraignant. Ainsi par exemple, les incitations à l’accroissement de la production cotonnière se heurtèrentelles à un double obstacle : hausse des intrants agricoles (engrais, produits phyto-sanitaires) (3) et surproduction mondiale de coton entraînant une phase d’effondrement des cours. La sauvegarde des intérêts des producteurs s’avérait difficile à assurer !

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3) La hausse a été forte car se sont conjugées la montée des prix sur le marché international et la réduction des subventions voulue par la Banque mondiale dans le cadre de la politique de réajustement. Les subventions sont si élevées que le prix de vente aux producteurs de l’engrais n’a plus guère de

rapport avec le coût réel des importations. Des experts affirment que la production cotonnière est ainsi a dopée B par la pratique des subventions

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