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L'Étranger - A. Camus (Incipit - Analyse)

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c'est plutôt l'absence de description qui le suscite.

Les personnages ne sont pas décrits. La mère décédée ne fait l'objet d'aucune description, alors qu'elle est au centre de la narration. Le parton, Céleste, Emmanuel, le concierge, le militaire sont réduits à leurs simples prénoms ou fonction et à leur propos. Seul le directeur de l'asile est légèrement décrit. Les lieux ne pas non plus décrits. Donc les actions n'en prennent que plus d'importance car le récit se concentre sur leur enchaînement. La personnalité des personnages est passé sous silence, il n'y a aucun signe de psychologie.

Une complète objectivité.

L'étude des temps et personnes conduit à parler de focalisation interne ( chaque événement est vu à travers les yeux du narrateur ). Cependant, l'absence de description s'accompagne d'absence totale de subjectivité, d'implication personnelle de Meursault.

→ Il exprime sa pensée et ses choix, mais sans jamais s'impliquer de façon affective. « J'ai dis oui pour ne plus avoir à parler ».

On ne sait pas pourquoi il ne veut pas parler. Le lecteur est donc amené à formuler lui-même des interprétations. L'impression de neutralité est totale. Les auto corrections vont dans le même sens, en montrant la volonté ferme de ne dire que le vrai : « aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier. Je ne sais pas ».

Être au plus près du réel.

On se demande alors le but de ces exigences du récit. Est-ce dans un but réaliste ? Mais l'absence de description tend à évincer ce choix du réalisme.

→ C'est au plus près de la conscience de Meursault que cette écriture nous place.

3 : On peut presque parler d'une conscience degré zéro.

Isolement du temps présent.

Isolement du présent de l'indicatif qui semble être la seule référence possible du narrateur. « Aujourd'hui » « hier » « demain ». Les trois instances apparaissent dès les premières lignes.

→ On a l'impression que le narrateur ne peut ni se souvenir, ni se projeter.

Disparition de la hiérarchie.

Un récit des évènements qui semble s'abstraire de toute échelle d'importance. C'est peut être cette donnée qui est surtout à l'origine du malaise. Finalement la date exacte de la mort de la mère est un acte aussi essentiel pour le lecteur que d'expliquer pourquoi Emmanuel a une cravate noire.

→ Les évènements s'enchaînent dans la même linéarité.

Aucune implication personnelle du héros.

Au final une impression que le héros ne s'implique jamais dans sa narration, tout est raconté sur le même ton.

La narration privée des prolepses, ellipses ou ralentissements, semble plate, machinale et désincarnée.

→ On en vient à se demander si, tout comme sa narration, ce n'est pas à un héros « privé de sens » qu'on a affaire.

II : Un Héros lui aussi désincarné.

1 : Une indifférence totale.

La mort de la mère.

Un événement tragique de la mort de la mère qui ne soulève aucun sentiment. Les premières phrases sont axées sur la date de la mort de la mère avec auto corrections et élucubrations du narrateur. Enchaînement entre la nouvelle de la mort et la modification de l'emploi du temps : « je prendrai l'autobus »... Aucune manifestation de tristesse. Les seuls éléments négatifs relèvent du contexte et des éléments matériels, pas du vécu : « odeurs d'essence » ; « j'ai attendu un peu ».

Enfin le dernier paragraphe est choquant : il explique le refus d'aller voir la mère « l'effort pour aller à l'autobus ». La présence du tiret après « ça me prenait mon dimanche » accroit encore ce décalage de l'explication peu glorieuse.

→ Plus le narrateur se force à décrypter et expliquer ses actes, plus il semble inhumain.

Sentiments uniquement présents chez les autres personnages.

Seuls ceux qui l'entourent plaignent cette disparition. Mais ces marques d'intérêt semblent le gêner. La poignée de main l'embarrasse. Tout contact amical est considéré comme gênant.

Une expression réduite au minimum.

Absences de modalisateurs. Les seuls commentaires que se permet le narrateur à propos de tout autre chose que la mort de la mère : « j'étais un peu étourdi ». ( en montant les étages ? )

2 : Une logique à part et déstabilisante.

Étrange utilisation des connecteurs logiques.

La logique de la narration est aussi déconcertante. Les quelques connecteurs utilisés sont marquants. Voir la scène avec le patron « en somme, je n'avais pas à m'excuser », la réflexion du narrateur consiste à trouver les raisons de l'attitude peu agréable du patron, qui viendraient du caractère « non officiel » du deuil. Le lecteur a du mal à suivre le raisonnement. De même dans le dernier paragraphe, « Elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile... », le « pour cela » est loin d'être évident. Parce que sa mère est habituée ? Parce qu'elle n'aurait pas voulu sortir de l'asile ?

→ La logique de la réflexion nous échappe et accroît son aspect sordide.

La nécessité du lecteur de combler les manques.

Un lecteur finalement obligé de combler les manques. Et de rajouter des connecteurs logiques où il ne sont pas. Mais le lecteur ne comble jamais ces manques à l'avantage de Meursault : c'est toujours l'explication la plus négative qui vient à l'esprit, toujours l'attitude la plus sordide que l'on comprend.

3 : L'obsession de la lucidité.

Les marques implicites de l'affectif.

Peut être qu'il faut lire son attitude étrange sous un autre angle, et qu'il existe véritablement de l'affectif : la marque d'un choc ? D'un déni ? Qui le ferait réagir étrangement, comme

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