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L Objet

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l’école qui le désire. Ainsi, cette dernière fait la démarche de venir retirer des œuvres de son choix dans nos services. Une nouvelle rencontre avec l’art peut se faire. De plus une sélection de livres d’artistes est proposée en annexe de ce dossier.

• L’objet : un matériau du réel

L’idéal pour un historien de l’art serait de parvenir à une histoire totale qui envisagerait aussi bien la vie des formes (art, design, publicité, architecture, cinéma, musique…) que les significations qu’elle revêtent par rapport à l’aventure humaine en général. Mais cela voudrait dire que tout s’exprime aussi fortement au moment de son apparition. Or s’il y a des courants forts, il y a aussi des choses sous-jacentes qui peuvent réapparaître plus tard. Il y a surtout une place pour une histoire matérielle de l’art. Par exemple les laques industrielles utilisées par les peintres américains ou les peintures acryliques donnent une autre temporalité à l’acte de peindre et au séchage du tableau. Par ailleurs en sculpture les matériaux traditionnellement utilisés (pierre et terre à modeler) sont devenus plus rares et beaucoup moins « naturels » que les déchets ou les matériaux industriels (cloisons préfabriquées, briques, béton, résines, asphaltes, objets divers, accumulations.) Dans le même ordre d’idée le collage et l’assemblage qui sont à juste titre considérés comme des techniques, possèdent leur propre logique grâce à la rencontre de différents matériaux et de la nouvelle signification qui naît de cette rencontre (Papiers collés, Braque, Picasso, assemblage, Schwitters, Klazen). De ce fait l’objet nous semble être un bon moteur pour une pensée artistique qui traverse tout l’art du vingtième ou XXième jusqu’à nos jours, de la représentation à la présentation pure et simple.

• L’objet : de la représentation à la présentation

Nous pourrions remonter au XVIième et au XVIIième siècles hollandais que l’on trouverait déjà dans la peinture de nature morte des représentations d’objets seuls ou en nombres. L’objet inanimé devient en quelques sortes pleinement autonome car il est peint pour lui-même ou ce qu’il symbolise : crâne, instrument de musique, miroirs, corbeille de fleurs et de fruits. Un monde muet composé de choses qui disent la vacuité de l’être humain dans son désir de possession. Les gravures d’ Albrecht Dürer sont un bon exemple de représentation d’objets notamment Melencolia I qui comporte de nombreuses représentations d’objet et qui fut à ce titre sujette à moultes interprétations de la part des historiens de l’art. On peut aussi s’amuser à identifier les objets étranges qui côtoient des objets plus quotidiens dans les tableaux de Jérôme Bosch comme le triptyque du Jardin des délices ou la Nef des fous.

N’oublions pas l’attribut du Saint qui est la représentation par un objet emblématique de l’histoire personnelle du dit saint : La coquille de Saint Jacques, le bâton de Saint Christophe, la croix potencée et la clochette de Saint Antoine, ou bien de l’instrument de son supplice : la roue à clous de Sainte Catherine d’Alexandrie ou le gril de Saint Laurent. Mais il s’agit toujours de représentation d’après le réel d’un ou de plusieurs objets.

C’est au XXième ou 20ième siècle que sera franchit le pas de l’introduction dans le tableau ou la sculpture, d’éléments du réel, de véritables objets ou partis d’objet. On pense d’abord à Picasso qui en 1912 dans le tableau Nature morte à la chaise cannée, utilise des éléments bruts prélevés au réel : un morceau de toile cirée pour représenter le cannage d’une chaise et une corde pour matérialiser l’ovale du cadre. La frontière entre la représentation et l’usage de véritables objets devient poreuse. Un dialogue s’instaure entre objet et fragments d’objets (du réel) et la Peinture dans une nouvelle façon de représenter qui interroge la matière et la nature des fragments réels ou peints.

Marcel Duchamp pousse plus loin la limite en présentant un assemblages de deux objets du quotidien manufacturés en lieu et place d’une sculpture, c’est « Roue de bicyclette » et on est en 1913. Il n’a pas fabriqué la roue de bicyclette et le tabouret qui constituent l’essentielle de cette pièce, non plus que le porte - bouteille (1914) ou l’urinoir retourné en porcelaine qu’il baptise « Fontaine »en 1917, non sans humour. Peut importe, le simple fait de présenter cet objet en fait, selon l’ artiste une œuvre d’art d’un type nouveau qu’il désigne sous le vocable de ready - made : « Objet usuel promu à la dignité d’œuvre d’art par le simple choix de l’artiste.» La trace de l’artiste a disparu et se réduit au seul choix et à la nomination de l’objet. Le langage, le discours la dimension verbale commencent? avec Duchamp à prendre le pas sur le plaisir purement esthétique lié à la simple perception de l’œuvre et à l’idée de l’œuvre comme résultat d’un savoir faire artistique et comme objet unique et irremplaçable. Les ready - made originaux de Duchamp ont disparu, reste des répliques qui « transmettent le même message que l’original ».

• inventaire et classification d’objet :

D’une manière générale le travail de la série permet à un artiste de faire le tour d’une question ou d’un propos sur le mode de la déclinaison, de la variation…Ce qu’une œuvre unique n’exprimerait que partiellement ou moins bien, la série le permet par son étendue, son ampleur et son aspect systématique. Un ensemble sériel montre des variations, des écarts et pose la question essentielle entre identité et altérité. L’objet moderne produit en série ne pouvait qu’intéresser cette problématique : l’œuvre est une collection.

Parfois la série d’objets est un inventaire : Toutes les façons de fermer une caisse en carton, 1989, Claude Closky, met l’accent sur une geste banal et machinal. Constituée de seize cartons d’emballage (agencés quatre à quatre à intervalles réguliers) posés à même le sol, l’œuvre présente toutes les possibilités de fermer les quatre rabats d’un même carton. C’est une manière de connaître un objet par un contact spontané, direct et purement matériel que nous propose l’artiste au delà de toute variation de couleur ou de format ou bien d’approche symbolique voire psychologique . Il y a ici un souci d’exhaustivité. Cette œuvre est un hommage aux artistes minimalistes Sol Lewitt et Carl André, dont les œuvres exploitent des systèmes et des modes de représentations sériels. Il est vrai que de par sa nature l’objet de consommation fabriqué en série et d’aspect neutre a interpellé cette génération d’artistes pour lesquels l’idée ou le projet de l’œuvre transcende la matière même de la réalisation.

Jean-Jacques Rullier est un artiste qui ne travaille qu’avec des objets pour lesquels il établiet un critère par exemple le forme (25 x 4 Objets ronds métalliques), la fonction (150 objets pour couper) ou encore un motif (25 x 6 plateaux). Le travail de Rullier montre une étrange parenté avec l’entreprise taxinomique du XVIIIième siècle, mêmes procédés (inventaire et classification) et finalités : la compréhension des éléments qui nous entourent.

« Il mae semble que mon travail vient du sentiment très fort que j’ai eu à un moment donné de ne plus rien savoir, d’avoir perdu les évidences, de ne plus saisir la cohérences des choses et, comme en réponse, de devoir tout réapprendre, en repartant littéralement à zéro[…] C’est un travail infini qui, par nature, ne peut jamais être clos, simplement j’espère en ouvrir quelques pistes »

Jean-Jacques Ruiller, 1995.

Souvent chez Ruiller les classements sont établis non à priori, mais au long de la collecte des objets. Le jeu des similitudes et des différences entre un premier objet et celui qui le suit s’établist d’une façon empirique comme dans les livres d’artistes : 10 exemples et 10 boucheries, Sixtus Editions, Limoges. (Ces deux livres font partie de la collection de l’Artothèque.)

N’oublions pas de nommer le Pop Art, l’hyperréalisme américain, deux mouvements fascinés par l’objet , les artistes du Nouveau Réalisme qui utilisèrent les objets comme matériau critique et instrument d’analyse de la société de consommation et Bertrand Lavier qui repeint à l’identique sur des objets leur donnant un caractère unique avec un aspect « peint à la main ». Par ailleurs des artistes comme Joseph Beuys ou Christian Boltanski ont utilisé matériaux et objets pour témoigner de l’existence et de l’histoire contemporaine à travers leur mythologie personnelle.

• Un objet, un artiste, une oeuvre :

Il y a des objets que l’on associe à des artistes et à des œuvres en particulier.

C’est la cas du pot de fleur pour Jean-Pierre Raynaud (né en 1939) qu’il a décliné sous différentes tailles et couleurs depuis 1962 année durant laquelle il remplit de ciment et peint son premier pot de fleur sous l’impulsion d’un traumatisme lié à la guerre d’Algérie et suite à une dépression. Il est alors horticulteur de métier et ignore les démarches artistiques de certains de ses contemporains. Ce geste, salvateur, il le répète durant presque

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