La Curée De Zola

fet les personnages principaux de la tragédie : Phèdre, Hippolyte, Thésée, Théramène, Oenone. L’auteur analyse les réactions de ces deux personnages qui semblent seul face au personnage sur scène. En effet, le public semble absent de ce théâtre puisque à aucun moment il ne se manifeste. Zola ne s’intéresse qu’à ces deux personnages en négligeant les réactions d’un public pourtant présent. La dernière phrase du passage souligne la volonté réaliste de l’auteur en soulignant un détail vestimentaire : « Maxime noue sous le menton de Renée sa sortie de théâtre » mais cette phrase insiste également sur le rapport direct qui s’est créé entre Renée et la tragédienne « elle entendait encore gronder derrière elle cette rude voie de la Ristorie à laquelle répondait le murmure complaisant d’Oenone ».

II. Une mise en abyme

a) tragédie de Phèdre

Renée et Maxime assistent donc à la représentation de la tragédie de Racine et Renée vient d’entendre le récit de Théramène, récit qui relate la mort d’Hippolyte. Mais au lieu d’écouter attentivement, Renée est songeuse. Elle s’imagine avec Maxime dans la serre. Son désir le plus profond est de vivre cette passion ambiguë le plus intensément possible. Elle imagine même que son mari la surprend dans les bras de son amant « elle était dans la serre, sous les feuillages ardents et elle rêvait que son mari entrait, la surprenant au bras de son fils ». Renée désire s’identifier au personnage tragique ce qui explique qu’elle cherche à être surprise. En effet, c’est le regard de l’autre, son mari qui va définir la liaison incestueuse. Seul Saccard père de Maxime et mari de Renée peu comprendre la relation incestueuse de ce couple. La tragédie de Phèdre illustre celle de Renée mais suggère également une fin cruelle pour l’héroïne.

b) tragédie de Renée

Si la relation avec Maxime qui a une place importante dans la vie de Renée c’est que celle-ci est fatiguée de l’existence. Rien ne semble plus l’intéressée depuis le début du roman elle est à la recherche d’autre chose, d’une nouvelle sensation ou passion qu’elle ne connaît pas encore. Elle n’aime plus son mari et la vie lui semble écœurante. La représentation sensation de cette tragédie en lui rappelant un épisode de la vie passé, lui apporte quelque chose de neuf et violent. La passion incestueuse est connotée par des idées de chaleur : « brûlante, passion fauve, chaleur étouffante, lui venait de toutes ses forces pâles, les feuillages ardents de la serre ». Mais cette passion est ressentit comme un crime, mots plusieurs fois employés : « crime arctique, tendresse criminelle ».

III. Une tragédie burlesque

a) le personnage de Maxime

Tandis que Renée est perdu dans son malaise intérieur, Maxime évolue dans un autre registre. Contrairement à d’autres scènes c’est lui qui conduit la conversation et qui donne à la tragédie une dimension burlesque et ridicule. En effet, il commence par critiquer les personnages et déclare « quelle godiche », il dit à propos de Tréramène « il a une bonne tête le vieux ». Il trouve également que la tragédie est assonante, il semble indifférent aux enjeux de la tragédie racinienne même s’il est capable d’établir un parallèle entre Hippolyte et son propre cas. Il est aussi indifférent à l’état de Renée. Le couple qu’il forme avec Renée semble donc fragile. Il se montre galant mais c’est une galanterie de sentiments profonds.

b) tragédie dévalorisé et critique du second empire

Les personnages de la tragédie sont dévalorisés par le regard de Maxime, Phèdre est jouée par une femme trop grosse : elle a de fortes épaules, gros bras et c’est une grande femme, physiquement elle ne correspond pas à son rôle, ni à l’image d’une tragédienne. Hippolyte, le fils courageux et pure dans la tragédie de Racine est « un grand garçon pâle » très médiocre qui pleure son rôle. Quand au sage Théramène le gouverneur d’Hippolyte, il est qualifié de « vieux », Maxime dénature donc tout ce qu’il voit. Renée n’ose se comparer avec l’héroïne du mythe antique « comme son drame était mesquin et honteux à côté de l’épopée antique ». En faite, la tragédie antique se trouve totalement dévalorisée. Thésée, le roi valeureux se trouve dégradé