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La croissance économique moderne

Cours : La croissance économique moderne. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  22 Février 2021  •  Cours  •  8 495 Mots (34 Pages)  •  392 Vues

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Chapitre 1 : La croissance économique moderne : une perspective historique et économique

🡪Perroux, L’économie du XXème siècle (1961) : augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une nation, le produit global brut ou net en termes réels 🡺Distinguer croissance du développement.

🡪Kuznets, Discours de réception du prix Nobel (1971) : augmentation à long terme de la capacité d’offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologique et les ajustements institutionnels et idéologiques qu’elle demande 🡺insiste sur les résultats de la croissance permis par le progrès et les institutions et l’impact sur le bien-être.

🡪 Bairoch : « processus cumulatif d’interactions qui se traduit par une hausse continue de la productivité ». Sa définition recoupe la théorie de la croissance endogène.

1. Au regard de l’histoire longue, la croissance éco est un phénomène récent

1. La CEM débute à la fin du 18ème siècle en Occident avec la RI

Daniel Cohen : virage important en Europe 🡪Emergence de nouvelles techniques dans le milieu industriel 🡺Les conséquences de la RI bouleversent le monde.

1. La rupture avec un monde malthusien

a- La problématique malthusienne (Malthus = représentant école classique (1766-1834))

* L’économie classique se développe au moment de la 1ère RI

L’économie classique s’étend de la fin du 18ème à la moitié du 19ème. Mais des désaccords subsistent sur le découpage : Schumpeter n’inclut pas Smith mais compte Marx parmi les classiques. Marx crée la notion « d’économie politique classique » (Le Capital, 1867), et la distingue d’une économie vulgaire, portée par Say, qui ne fait qu’« ériger pédantesquement en système et proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des mondes possibles ». Le premier ouvrage classique est la Recherche sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations (1776), de Smith. Les Principes d’économie politique (1848) de John Stuart Mill marquent la fin. La cohérence doctrinale des classiques ne doit pas être surestimée.

* Les classiques affirment les bases du libéralisme économique

Le libéralisme est antérieur aux classiques. Il émerge à la fin du XVIIème avec Sir Dudley North et Boisguilbert, qui inspirent les physiocrates (cf. II), adeptes du laissez-faire économique de V. de Gournay (intendant du Roi) qui popularise la phrase « laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises » (1752). P. Dupont de Nemours estime que les fonctions du souverain consistent à « ne pas empêcher le bien qui se fait tout seul ». Dans ce contexte d’efficacité des marchés libéralisés, le commerce international est un jeu à somme positive : le commerce entre les nations accroît la richesse globale.

* Malthus s’oppose aux « poor laws »

Malthus (Essai sur le principe de population, 1798 puis 1803), pasteur anglican et professeur d’économie politique, s’oppose aux poor laws, qui prodiguent à tout individu un revenu minimum de subsistance fourni par la paroisse et proportionnel au nombre d’enfants et au prix du blé. Ces lois sur les indigents dégradent les salaires car les patrons se reposent sur ces aides. Dans son essai, Malthus cherche à développer un raisonnement général en s’appuyant sur des statistiques (assez douteuses en vérité…) sur les états d’Amérique du nord.

* Une théorie de la population

Malthus soutient qu’il y a une dépendance rigide entre croissance de la population et offre de nourriture. D’une part, « lorsque que la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle double tous les 25 ans ». Mais d’autre part, « l’amélioration des terres stériles ne peut résulter que du travail et du temps ». Le gain marginal que l’exploitation d’une parcelle de terre supplémentaire peut rapporter est condamné à stagner. Malthus formule ainsi la loi des rendements décroissants de la terre. Deux types d’obstacles peuvent empêcher la population de croître à un rythme soutenu : les obstacles destructifs (liés à la mortalité : famines, guerres et épidémie) et les obstacles préventifs (liés à la natalité : Malthus condamne le « vice » et recommande le recul du mariage et la chasteté).

* L’effet pervers des « poor laws »

Si les « poor laws » sont néfastes, c’est parce qu’elles déresponsabilisent leurs bénéficiaires de leur propre misère et cautionnent « la paresse naturelle de l’homme ». Dans son allégorie du banquet de la Nature, Malthus explique que « la grande maîtresse du banquet refusait, par un souci d’humanité, d’admettre des nouveaux venus quand la table était déjà remplie ». Ainsi, « un bon gouvernement nuit, à terme, au bien être public » (D. Cohen, La Prospérité du Vice, 2009).

T. Carlyle voyait dans l’économie classique « a dismal science ».

b- C’est seulement à partir du 19e siècle que la croissance devient perceptible à l’échelle humaine

Jusqu’au XVIème, la pauvreté se perpétue de génération en génération : la richesse par tête est stable, car chaque progrès technique agricole est compensé par une hausse au moins proportionnelle de la population. De 1700 à 1820, le niveau de vie (PIB/habitant) n’augmente que de 0,2% par an.

C’est seulement à partir de la RI que les fils deviennent plus riches que leurs pères. Le PIB mondial est multiplié par 3,5 au XIXème, avec un TCAM du niveau de vie de 1,25% (A. Maddison). Cette croissance coïncide avec une phase d’explosion démographique : la population passe en G-B de 7 millions en 1700 à 17 millions en 1840. Ce caractère concomitant de la croissance économique et de la croissance démographique définit précisément, selon Simon Kuznets, la « croissance économique moderne », par opposition au monde malthusien.

2. Le rôle essentiel de la RI

« Révolution industrielle » : l’expression a été utilisée pour la première fois par Marx dans Le Capital . Période de démarrage, fin 18e en Angleterre, d’une croissance d’un type nouveau, à laquelle correspondent des innovations techniques et une transformation de l’industrie, parallèlement à l’épanouissement du capitalisme. 1ère RI : 2ème moitié 18ème ; 2ème RI : 1880-1914 (pétrole/électricité) ; 3ème RI : NTIC.

a-Les origines de la RI font débat

Tout d’abord, la RI fut beaucoup plus progressive que ne le pensaient nombre d’historiens. Heaton explique que c’est plus une évolution qu’une révolution. R. Cameron, plus récemment, explique que la notion est usurpée et la RI un mythe.

Les modèles d’explications de la RI se sont largement renouvelés. Les plus classiques sont les suivants :

* Le progrès technique était au cœur des premières analyses : les innovations, portées par de lourds investissements, auraient engendré la révolution agricole. Mais en vérité, la révolution technologique est une conséquence de la pression économique et sociale ; ce n’est pas l’inverse. De plus, les premières industries ne nécessitaient pas des capitaux considérables (surtout de l’autofinancement).

* L’approche en termes de système technique (B. Gilles), ensemble cohérent liant les divers aspects techniques d’une même période, étroitement associé au régime socio-économique de son temps. L’histoire des techniques serait scandée par une succession de différents systèmes techniques, un nouveau système technique émergeant quand l’ancien devient trop difficile à perfectionner.

* Marx explique l’émergence du mode de production capitaliste par une période d’accumulation primitive du facteur de production capital qui aurait couru de la fin du Moyen-Âge au début de la RI. Les capitaux auraient été progressivement concentrés dans les mains d’un petit nombre d’agents économiques (par le trafic des esclaves et le pillage colonial principalement). Ce capitalisme commercial s’est ensuite transformé en capitalisme industriel. Parallèlement, Marx met l’accent sur le mouvement des enclosures, car le transfert des propriétés au profit des grands propriétaires a créé un prolétariat sans terre. En vérité, les capitaux accumulés par les grands marchands ont rarement financé l’industrie, mais ont plutôt été dilapidés dans des dépenses somptuaires ou dans le foncier. Pour ce qui est du prolétariat sans terre, il n’a pas alimenté en main d’œuvre les nouvelles usines, où ont plutôt travaillé les anciens ouvriers de la proto-industrie.

* Rostow (Les Etapes de la Croissance économique, 1960) évoque le take-off, moment décisif à partir duquel le taux d’investissement (rapport de la FBCF sur le PIB) dépasserait les 10% : le niveau de vie pourrait alors connaître une forte croissance. Ce take-off eut lieu au tournant du XIXème pour la GB, 1830-1860 pour la France, et

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