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Le Désir

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ou mauvaise. Dès lors, le désir est-il un fléau de l’existence humaine de par son aspect miséreux ? Dans quelles circonstances le désir se traduit-il ainsi ? Ou, au contraire, est-ce le désir ne présente-t-il pas de nombreuses marques positives ? Le désir n’est-il pas une forme de puissance ? Ainsi, le désir n’est-il pas finalement le point d’un paradoxe ou d’une ambiguïté qui constitue sa complexité ?

Le désir est l’épreuve d’un manque, accompagné de la représentation imaginaire de l’objet manquant, de l’attente du plaisir espéré. Désirer c’est vivre déjà-là un plaisir futur, si bien qu’une fois l’objet obtenu, s’ensuit fréquemment une déception qui trahit le plaisir escompté. Le désir est à la fois l’attente d’un plaisir futur, et le plaisir présent de désirer. Il ne procède pas d’un manque vital comme le besoin, mais d’une insatisfaction infinie à l’égard du sujet désiré. Le désir ne vise pas tant la satisfaction (qui relève du besoin) que sa conservation et sa reproduction. Il est vital, comme forme spirituelle qui reprend et façonne la matière instinctive et animale du besoin. Se déplaçant d’objet en objet, le désir est illimité, ou condamné à l’insatisfaction radicale. C’est sans doute pour cela qu’une certaine tradition le condamne ou le rejette. Platon, dans le Gorgias, compare le désir au tonneau percé des Danaïdes, toujours plein, toujours vide, impossible à remplir. Mais alors, si nous sommes ainsi condamnés au désir et à l’agitation, comment atteindre la sérénité, c’est-à-dire, pour la philosophie antique, le bonheur ? Tel est le problème qu’ont cherché à résoudre ces deux écoles de la sagesse antique que sont le stoïcisme et l’épicurisme. Tous deux proposent une morale du renoncement, ou en tout cas de la sobriété, et voient dans l’usage réglé de nos désirs la condition du bonheur. Pour le stoïcisme, il s’agit de régler nos désirs sur la raison et d’accorder ainsi notre vouloir à notre pouvoir. Pour l’épicurisme, il s’agit de régler nos désirs sur la nature, en opérant une distinction entre désirs naturels et nécessaires, et désirs artificiels et non nécessaires. Mais en cherchant à tirer le désir vers la volonté, en ce qui concerne le stoïcisme, ou à le ramener au strict besoin, en ce qui concerne l’épicurisme, ces deux philosophies ne confondent-elles pas la véritable nature du désir ? Car en effet, le désir ne se confond pas avec la volonté et encore moins avec le besoin. Le désir, au contraire, n’a pas d’objet qui lui soit par avance attribué. Il peut prendre des formes multiples et inattendues, et surtout il n’est jamais assouvis, et c’est ce trait qui souligne le caractère ambiguë et, par la même occasion miséreux.

S’il excède ainsi le simple besoin, c’est que le désir procède d’un manque radical. Platon soulignait cette caractéristique, dans Le Banquet, quand il en retrace l’origine à travers le récit mythique de la naissance d’Eros, fils de Pénia (Pauvreté), sa mère, et de Poros (Richesse), son père. Entre dénuement (misère) et plénitude (épanouissement), le désir est recherche, et la philosophie, comme amour de la sagesse, en procède. Toutefois, pour Platon, si le désir est ce manque radical, c’est qu’il exprime la nostalgie d’un monde divin. L’âme, prisonnière du corps, doit être capable de s’en détourner pour se diriger vers sa véritable nature, celle des idées et du vrai. Suivant ce mythe platonicien, l’essence du désir serait un manque d’être, la recherche d’une totalité, à laquelle il nous est impossible d’accéder, suite à une opération des Dieux, sinon par l’expérience fugitive d’une union sexuelle. Pour la philosophie contemporaine, si le désir est considéré comme un manque et plus précisément un manque négatif, c’est qu’il témoigne de l’inscription de l’existence humaine dans la temporalité. Prenons Sartre qui y voit l’expression par excellence de la finitude humaine, c’est-à-dire l’ouverture de la conscience à la dimension du temps et à la transcendance qui nous porte à un au-delà, à un ailleurs toujours reconduit. Mais définir le désir par la négativité, la privation ou le manque n’en épuise pas la signification. Et c’est justement sur ce sens que se joue toute une conception de l’homme et de son rapport au monde.

Le désir est un genre de fléau pour l’humanité. Cette vérité des faits peut se vérifier dans toutes sortes de manques qui au premier abord paraissant surmontable mais qui se révèlent finalement nuisible à l’homme. Le désir de moyen ou d’argent n’est pas que porteur de plaisir ou de satisfaction, il est aussi et surtout, un moyen de survie ce qui traduit indéniablement la marque de la pauvreté, par la même occasion la marque de la misère de l’homme. Dans l’amour, le désir vise l’union mystique et charnelle pour ne faire plus qu’un seul être. Le désir amoureux est nostalgie de la totalité et de la plénitude d’origine. L’amour est essentiellement désir de ce qui nous manque, c’est l’aspiration à une satisfaction mais totale, parfaite et absolue. Le manque d’amour nuit fortement à l’individu. En effet, l’amour forme à l’homme. Parmi les sentiments éprouvés, l’amour est l’un des plus grands connu jusqu’alors, privé l’homme de ce sentiment serait incongru et regrettable pour ce dernier. La relation fusionnelle que donne l’amour conduit d’une certaine façon au bien être de l’esprit mais le manque d’amour instaure une misère psychologique. De plus, le désir sexuel peut également traduire cet état de manque. Par ces sensations, émotionnellement très forte, la sexualité est une vitalité retirée à l’homme qui joue à la fois sur son mental, sa psychologie et son expérience pour l’avenir. Il se retrouve enveloppé dans une misère grande qui peut être infinie. Privé l’homme d’amour c’est amener la décadence de la nature humaine. Le désir est consubstantiel à l’affirmation réelle et concrète de soi. Le désir inconscient est aussi un destructeur de l’esprit. C’est surtout au travers de l’analyse des rêves que l’on peut comprendre comment fonctionne notre esprit : Freud disait que « l’interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient ». (L’interprétation des rêves, 1900). Les désirs inconscients, refoulés, se satisfont dans le rêve. Le rêve nécessite donc une interprétation. Notre inconscient nocturne nous guide vers des actes abominables qui pourtant sont peut être contraires à nos principes. C’est par ce type de désir que se forment des psychopathes hors du commun qui pourtant ne révélaient jusqu’à présent aucuns troubles psychologiques, renvoyant au caractère dramatique de l’homme (tueur psychopathe, sérial killer).

Le désir est l’épreuve d’un manque, accompagné de la représentation imaginaire de l’objet manquant, et de l’attente du plaisir espéré. A la différence du besoin qui s’éprouve dans la douleur ou l’insatisfaction, le désir est un plaisir que la satisfaction peut trahir. Une fois accompli, le désir renaît aussitôt, spécule sur un plaisir futur dont il goûte aussitôt l’agrément. Par certains désirs incongrus, on a pu voir que le désir peut être la marque de la misère de l’homme par le manque de moyen ou encore d’amour qu’éprouve l’humain, cependant, la philosophie contemporaine redonne toute sa place au désir et lui accorde une valeur positive. Puissance d’affirmation, le désir serait l’essence même de l’homme, créateur de lui-même et de ses œuvres.

Le désir est une force paradoxale qui ne crée qu’à la condition de détruire. Si les besoins peuvent être réglés et leur satisfaction assurée par une organisation économique, sociale et politique, le désir, marque de la singularité de chaque êtres, ne peut être socialement planifié, car il exprime l’essence de chaque conscience qui est la liberté. Les règles morales sont essentielles pour limiter les débordements violents ou excessifs du désir, mais l’histoire de l’humanité, par ses guerres, ses luttes, ses conflits, ses victoires et ses défaites, ses passions et ses crimes montre le caractère limité du désir. Inversant la perspective selon laquelle le désir serait manque et négativité, par là le signe de la misère de l’homme, Spinoza est probablement le philosophe qui affirme le plus vigoureusement la valeur et la positivité du désir. Au lieu de penser le désir comme subordonné à la valeur de la chose désirée, il y aurait de bons et de mauvais désirs. Spinoza considère le désir comme un producteur de valeur. Loin d’être déterminé par un objet qui lui préexisterait, le désir précède son objet et le produit. C’est ainsi que, comme Spinoza l’affirme au livre III de son Ethique, nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais au contraire nous la jugeons bonne, parce que nous la désirons. Le désir est ainsi le lien indissoluble de l’homme à la vie, que ce lien soit conscient ou inconscient. Nous n’avons pas à désirer le bien et à fuir le mal. Nous désirons, c’est le propre de tout homme ; et ce que nous désirons c’est le bien, pour la seule raison que par là nous réalisons notre vraie nature. Le désir est la marque exclusive qui singularise chaque individu, et par conséquent son propre monde.

Gilles Deleuze, à la suite de Spinoza, souligne le caractère positif du désir. Le désir est producteur de réalité, ingénieux

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