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Le dumping social

Fiche : Le dumping social. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  2 Novembre 2015  •  Fiche  •  1 594 Mots (7 Pages)  •  1 228 Vues

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ECONOMIE DE LA MONDIALISATION

NOTION : LE DUMPING SOCIAL

« Le dumping social, c’est payer son monde moins cher que le voisin » J.L Mélenchon

Définition

Pratique de certains États consistant à adopter des législations en matière de droit du travail et de salaires plus défavorables aux salariés que dans d'autres États, dans la perspective d'attirer les entreprises sur leur sol.[1]

Développement complémentaire du concept

Le dumping social, c’est l’idée selon laquelle les pays dits « pauvres », ou en développement, profitent de normes sociales (législation du travail notamment) locales moins contraignantes afin d’obtenir des avantages compétitifs artificiels et d’accroître ainsi leurs exportations. Cela permet de réduire les coûts de production et de vendre à un prix plus faible que le prix d’équilibre mondial. Cela passe notamment par l’encadrement et l’utilisation d’une main-d’œuvre bon marché : minima sociaux largement inférieurs à ceux en vigueur dans les pays développés, autoritarisme, travail des enfants, interdiction des syndicats, normes d’hygiène et de sécurité très souples voire inexistantes...

Cadres théoriques du concept de dumping social

Le concept de dumping social est essentiellement politique et sujets à de nombreuses divergences. En effet, ce sont les Etats occidentaux dans les années soixante-dix qui se sont emparés de cette idée pour dénoncer les entraves à la concurrence exercées par certains Etats jouant sur la faible rémunération de leur main-d’œuvre mais aussi sur leurs politiques règlementaires (hygiène, sécurité…) et leur autoritarisme (interdiction des syndicats, du droit de manifester…) pour attirer des investisseurs désireux de minimiser les coûts de leur production dans leur pays d’origine.

Certains cherché à contrecarrer ces entraves supposées à la concurrence, notamment à partir des années quatre vingt dix, avec les discussions préliminaires à la création de l’Organisation Mondiale du Commerce. En 1994, alors que vont être signés les accords finaux de l’Uruguay Round (dernier cycle d’accords portant sur le libre-échange et les tarifs douaniers menant aux Accords de Marrakech et la création de l’OMC en 95), les Etats-Unis et la France font valoir que le commerce international ne doit pas profiter à certains pays du Sud qui offrent leur main-d’œuvre peu chère, conjugué à l’absence d’un droit du travail contraignant pour en tirer des avantages comparatifs dans les secteurs manufacturiers.

Si l’on doit chercher un véritable cadre théorique qui infirmerait, ou non, l’existence réelle d’un dumping social dans nos économies mondialisées, on peut se concentrer sur ce qu’en disent les économistes contemporains. Nombreux  sont ceux qui ont réfuté dans leurs travaux l’existence d’un dumping social comme cause d’inégalités entre les avantages comparatifs des pays développés contre les pays du Sud.

C’est notamment l’analyse de Paul Krugman, dans La mondialisation n’est pas coupable[2]. Selon lui, le discours des hommes politiques et des acteurs de la société civile dénonçant la mondialisation et le jeu déloyal de nombreux Etats du Tiers-monde fait uniquement partie d’une imagerie populaire du commerce international, et ce à des fins électoralistes. Pour Krugman, l’érosion des salaires ouvriers aux Etats-Unis ou dans certains pays d’Europe, et la hausse du chômage dans d’autres comme la France n’est quasiment imputable qu’à des facteurs internes, et surtout au progrès technologique. Il est de fait devenu complémentaire aux emplois qualifiés, puisque les machines ont remplacé les emplois non ou peu qualifiés (notamment sur les chaînes de montage). La diminution des emplois non qualifiés a en effet affecté tous les secteurs, et pas seulement ceux qui subissent la concurrence des pays du Sud (exemple de l’industrie automobile qui reste encore relativement peu délocalisée dans les pays du Tiers-monde). Pourtant, ces importantes suppressions d’emplois non qualifiés n’ont pas été synonymes de récession ou de fermetures d’entreprises. En France, entre 1980 et 1998, 32% des postes de la production de biens de consommation ont été supprimés, alors que la production a augmenté de 11%.[3]

Cette thèse de Paul Krugman vient infirmer le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson, selon lequel les économies des pays développées se sont spécialisées dans des productions riches en capital et savoir-faire contre les pays du Sud qui se sont eux spécialisés dans des productions nécessitant beaucoup de main-d’œuvre non qualifiée (produits manufacturés…).

Si l’on suit le prolongement effectué par Stolper et Samuelson, le résultat de cette évolution macroéconomique est d’égaliser le salaire tiré d’un travail à travers le monde, afin de rééquilibre les inégalités Nord/Sud. Ceci expliquerait donc la chute des salaires comme aux Etats-Unis ou en Allemagne pour les travailleurs non qualifiés (obligation de s’adapter au prix du marché du travail mondial) ou à la hausse du chômage en France (pays où les salaires sont rigides). Néanmoins, cela n’a pas permis de tirer les salaires des pays émergents au même niveau que ceux des pays développés.


Beaucoup de libéraux, qu’ils soient hommes politiques ou économistes, défendent cette théorie comme permettant de corriger les différences de revenus entre le Nord et le Sud, puisque les salaires dans les pays en voie de développement sont censés augmenter et les normes sociales accompagner l’émergence d’une économie beaucoup plus bienveillante vis-à-vis de ses travailleurs.

Le paradigme économique actuel est donc de nier l’existence réelle d’un dumping social à l’échelle mondiale, mais plutôt d’expliquer les causes d’inégalités dans les avantages comparatifs entre pays développés et pays en voie de développement par des facteurs structurels de long terme et propres aux Etats occidentaux : accélération du progrès technologique, tertiarisation des économies, inutilité croissante de nombreuses postes d’ouvriers non qualifiés, politiques sociales et fiscales trop contraignantes pour les entreprises…

Les impacts possibles du dumping social sur la mondialisation

Mais alors, en supposant qu’il existe réellement un dumping social à l’échelle de la planète, quels en sont les effets ? Sont-ils chiffrables ?

Pour vérifier cela, on peut s’appuyer sur les différentes enquêtes statistiques de l’INSEE qui a essayé, lors de la publication de différents rapports, de rendre compte du taux de délocalisations subies par l’économie française ainsi que du nombre d’emplois affectés par ce phénomène.

Une première enquête, réalisée en 2001, a montré que sur la période allant de 1995 à 2001, les délocalisations auraient touché un nombre limité d’emplois dans l’industrie française : treize mille cinq cents emplois chaque année en moyenne, soit 0,35% de la main-d’œuvre industrielle française. Les pays en voie de développement comme la Chine, l’Inde, les pays du Maghreb ou encore le Brésil ne représentent qu’un peu moins de la moitié des pays où l’on délocalise. L’autre moitié est les Etats-Unis ou des pays limitrophes ou proches de la France : cela répond à une logique de restructuration dans les regroupements des grands groupes multinationaux. Ce premier rapport de l’INSEE réfute donc statistiquement le concept de dumping social, la cause de l’érosion industrielle des pays occidentaux n’est pas à trouver dans la concurrence déloyale supposée des pays du Sud. [4]

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