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ception. De ce fait, le pays offre un exemple très intéressant des rouages de la politique extérieure de l'Union européenne envers un pays d'apparence ouvert sur le monde extérieur mais en réalité, à l'intérieur, obnubilé par la montée d'un quelconque mouvement opposition. Ainsi, la Tunisie a pendant longtemps été un modèle d'intégration dans le projet d'Union pour la Méditerranée à travers les Accords d'association signés avec l'Union européenne. Considérée comme un moteur en Afrique, ce pays d’à peine 11 millions d'habitants représente la deuxième puissance économique du continent. Cependant, la vague de soulèvement populaire qu'a connu le pays dès le mois de décembre 2010 et qui a entrainé la chute du régime et celle du président ben Ali a été une véritable révolution. En effet, le peuple s'est soulevé contre un régime corrompu et oligarchique à la suite de l'immolation par le feu d'un jeune marchand de légumes qui s'était vu confisquer sa marchandise et donc ses revenus par la police. Ce triste fait divers a été le catalyseur de la réaction massive des tunisiens contre le régime, l'accusant de ne pas respecter les libertés individuelles et collectives, les droits de l'Homme ainsi que d'être complètement corrompu. Ben Ali, comme nombre de ses collègues comme le président égyptien déchu, Hosni Moubarak, ont longtemps soulevé la crainte de la montée du terrorisme sur fond d'islamisme intégriste, et ce, dans le but de légitimer un régime corrompu, oligarchique et souvent clanique. Face à ce genre d'Etat, il est alors intéressant de voir quelles ont été les réactions de l'Union européenne. Silencieuse devant un régime qui bafouait largement les droits de l'Homme. Ayant cautionné à plusieurs reprises des actes qui auraient été largement réprimés par la Cour européenne des Droits de l'Homme, l'Union européenne n'a ni dénoncé ni agi contre le régime de Ben Ali alors que les accords économiques entre les deux entités se développaient. La dérive sécuritaire qui a frappé l'ensemble des relations internationales ces dernières années aurait-elle touché l'Union européenne au point de lui faire oublier les critères de Copenhague qu'elle s'efforce de faire accepter aux nouveaux pays entrant mais pas aux pays non-européens, même si les accords de libre échange sont similaires avec ceux signés avec les pays d'Europe de l'Est par exemple. Ainsi, la Tunisie est un exemple de ce que peut être la politique extérieure de l'Union européenne; elle n'est qu'un pays parmi d'autres pour illustrer les actions de l'Union européenne et ce dans différents domaines. Alors que le régime de Ben Ali est tombé, cet exemple se révèle encore plus déterminant concernant les prises de positions de l'Union européenne. En effet, le paradoxe qu'a constitué la politique de l'Union européenne avec la Tunisie, que l'historien Michel Camau qualifie de « 28ème membre de l'UE », a atteint son paroxysme avec la chute de Ben Ali[1]. La révolution d'un peuple à bout n'a pas fait faiblir les soutiens de Ben Ali, même lors des derniers jours de sa présidence, avant sa retraite forcée. Comment peut-on expliquer la politique de l'Union européenne dans ce dossier, en quoi est-elle significative et en quoi illustre-t-elle les failles d'une politique européenne étrangère commune. Différentes questions se posent alors concernant le rôle de l'Union européenne qui se veut être une puissance globale mais dont les aspirations sont freinées par les politiques nationales des Etats membres dans la région, ainsi que par leurs intérêts stratégiques. Les réactions européennes dans le dossier tunisien ont été timides et très prudentes tandis que les Etats membres ont chacun leur tour fait savoir qu'elles étaient leur positionnement sur la question. La Tunisie est un petit pays, sans ressources véritable ; cependant les relations privilégiées qu'elle entretient avec l'Union européenne depuis plusieurs décennies dans différents domaines en ont fait un partenaire important de l'Etat dans le monde arabe, au sein de la Méditerranée et sur le continent africain. La volonté de l'Union européenne de développer les relations Nord-Sud l'a fait s'intéresser à la Tunisie et a développer ses relations avec le président Ben Ali. Aujourd'hui, après être resté plus de 20 ans à la tête du pouvoir et après à peine deux mois de contestation, le régime est tombé : cela montre que la légitimité était faible et que « l'ancienne stabilité ne marchait pas »[2]. Le but de l'Union européenne a été de développer des relations économiques et commerciales avec la Tunisie, qui auraient pu déboucher sur l'instauration de valeurs démocratiques et de plus de libertés dans le pays. Or, le contraire s'est produit, la signature des accords entre l'Union européenne et la Tunisie ont légitimé d'autant plus le régime de Ben Ali, lui accordant toujours plus de pouvoir malgré les faibles mesures prises par l'Union européenne pour l'obliger à se conformer aux Droits de l'Homme, notamment. Aujourd'hui, ce ne sont pas les directives de l'Union européenne et ses appels à plus de libertés qui ont fait partir Ben Ali mais le peuple lui même, sans aucun soutien extérieur même au plus fort de la crise. Le cas tunisien a déclenché un mouvement de contestation sans précédent dans le monde arabe contre des régimes corrompu et détenant la plus grande partie des richesses. Que la vague de contestation soit partie de la Tunisie, considérée comme le pays le plus stable d'Afrique, a étonné et cela s'est ressenti dans les réactions timides des acteurs de la diplomatie européenne. Ainsi, le régime de Ben Ali a pendant des années servi les intérêts européens concernant deux points importants : la question du terrorisme et les enjeux liés à l'immigration.

De nombreuses interrogations planent sur la politique de l'Union européenne en Tunisie ainsi que sur les enjeux qui ont fait que le régime a été plus accepté et toléré qu'un autre régime ou les droits de l'Homme étaient bafoués, certes, où les sanctions prises par l'UE étaient plu importantes. La modernité apparente du pays en a fait un rempart contre toute attaque extérieure. La politique sécuritaire de l'Union européenne a ainsi occultée le non-respect des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales dans le pays afin de garder la stabilité politique du pays notamment dans les domaines, sensibles, de la montée des fondamentalistes islamistes et de l'immigration nord-africaine. De ce fait, nous pouvons nous poser la question de savoir comment les relations privilégiées entre l'Union européenne et la Tunisie, sous Ben Ali, ont-elles été façonnées par la dérive sécuritaire liée à la peur de l'islamisme et du terrorisme ainsi que de l'immigration, au sein de l'Union européenne ?

Afin de répondre à cette question, nous examinerons la particularité de la Tunisie et son caractère d'exception dans le monde arabe. En quoi Ben Ali, qui s'est érigé comme rempart contre le terrorisme, a souhaité en faire un pays moderne et éduqué sans toutefois donner la parole au peuple, et ce au cours de ses quatre mandats successifs. En effet, la modernité et la relative stabilité politique du pays en on fait un interlocuteur fiable aux cours des dernières décennies. Nous analyserons ensuite la teneur des relations entre la Tunisie et l'Union européenne, leur évolution ainsi que leurs buts : économique mais également sécuritaire. Enfin, nous nous pencherons sur les évènements récents et les bouleversements qu'a connus la Tunisie du point de vue de l'Union européenne. La diplomatie européenne a en effet été mise à l'épreuve dans le dossier tunisien qui a testé les composantes de la branche « affaires étrangères » de l'Union européenne. Les réactions de l'Union européenne dans la vague de contestation et la chute de Ben Ali, n'ont pas été sans conséquences et s'expliquent notamment par les défis que la diplomatie européenne doit encore surmonter. Le cas d'étude qu'ont apportés les bouleversements en Tunisie sont le reflet de nombreux enjeux, notamment de sécurité et d'immigration pour l'Union européenne et sa diplomatie, en développement.

I- L'« exception tunisienne »

1 A- La « dictature ouverte » de Ben Ali

Zine el Abidine Ben Ali accède aux plus hautes fonctions du pouvoir en 1987, lors d'un « coup d'Etat médical » qui l'amène directement à la présidence de la République tunisienne après avoir occupé le poste de Premier ministre pendant deux ans. Il remplace alors un Bourguiba devenu sénile et trop malade pour pouvoir assurer ses fonctions. L'arrivée de Ben Ali au pouvoir marque l'engouement des tunisiens pour un homme jeune et charismatique qui inspire le changement et qui se veut être celui qui incarnera et qui instaurera la modernité en Tunisie. En effet, après plus de 28 années d'un régime centré sur la personne de Bourguiba, qui s'était proclamé président à vie en 1975, les tunisiens accueillent leur nouveau chef de l'Etat dans l'euphorie d'une perspective de changement et d'ouverture. En outre, Bourguiba, durant ses mandats successifs, a

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