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Phèdre Acte 5 Scène 7

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. La première est la fatalité : Phèdre se présente comme une victime, passive, l’action sournoise de la divinité étant reproduite par le jeu des consonnes [ s ] et [ f ], qui montre le glissement du désir au plus profond de soi, donc l’aliénation subie. Puis sept vers vont être consacrés à Oenone, visant à effacer la culpabilité directe de Phèdre, qui ne se représente plus que dans sa « faiblesse extrême », totalement impuissante. Les termes qui accusent Oenone sont très violents (« détestable », « La perfide », « abusant »), et Phèdre évoque sans le moindre regret la mort de celle qui a, malgré tout, agi pour la sauver : « A cherché dans les flots un supplice trop doux ».

On note donc l’ambivalence de cet aveu qui, tout en affirmant une culpabilité, tente simultanément de redonner à Phèdre une part d’innocence.

II - Une expiation

A. Un aveu confessionnel

But: purifier l’âme du pécheur pour lui ouvrir les portes du ciel. Ainsi s’explique le retour au « je », avec l’affirmation forte « j’ai voulu. La parole ultime de Phèdre est donc une réhabilitation d’Hippolyte, seule propre à mener à sa propre réhabilitation, en plaçant Thésée dans le rôle de confesseur (« devant vous exposant mes remords »).

Cela explique également le fait que Phèdre, contrevenant à la règle classique des bienséances, vienne mourir sur scène. Mais l’on notera qu’Hippolyte n’est nommé que par une périphrase (« je laissais gémir la vertu soupçonnée »), comme si Phèdre redoutait, en prononçant son nom, de redonner à la passion une force qui l’empêche de poursuivre.

B. Le double rôle du poison comme agent de sa mort

L’allusion à Médée, elle aussi criminelle, place Phèdre dans la lignée mythologique des monstres criminels. Il fallait aussi un tel poison pour que sa mort soit à la hauteur de sa faute et permette ainsi l’expiation par une lente agonie : « par un chemin plus lent descendre chez les morts ».

Ainsi s’explique le contraste entre la violence de la passion coupable (« mes brûlantes veines ») et les sensations produites par l’agonie (« un froid inconnu » et la reprise du mot « cœur », siège de la passion qui doit donc être le premier puni : « dans ce cœur expirant »).

C. Une fin solennelle

But: reproduire la lente progression de la mort avec les répétitions qui ralentissent l’agonie en imitant la progression du poison : « J’ai pris, j’ai fait couler », « Jusqu’à mon cœur… / Dans ce cœur… ».

On note le rythme final, longue phrase ralentie par les anaphores de « déjà » et de « et », comme si Phèdre allait jusqu’au bout de son souffle, illustré par les reprises sonores: le [ R ] combiné d’abord au [ p ], puis au sifflement du [ s ]. La fonction expiatoire des ultimes paroles de Phèdre se trouve confirmée par le champ lexical du regard. Le regard avait, en effet, induit la faute : Phèdre rappelle cette impureté avec les verbes « outrage » ou « souillaient ». Après avoir atteint le « cœur », le « venin » doit donc éteindre ce regard coupable : « Je ne vois plus qu’à travers un nuage ».

Conclusion:

Nous mesurons dans cette tirade l’ultime fonction du langage. Au même titre que le langage a montré, au fil de la tragédie, son pouvoir de tuer, ce dénouement révèle aussi son pouvoir de sauver, et Racine retrouve ici la dimension chrétienne de la parole. L’aveu du chrétien, son ultime confession avant la mort, pourra lui apporter la réhabilitation.

Ainsi est rempli le rôle qu’Aristote assignait à la tragédie. Selon ce philosophe de l’antiquité grecque, la tragédie a pour rôle de provoquer chez le spectateur la « catharsis », c’est-à-dire la purification des passions coupables. Or Racine, par le dénouement qu’il

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