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Religion

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nnelles…). Il a une telle influence inconsciente qu’il contribue à nourrir, voire à causer, ce qu’en psychanalyse nous appelons un « symptôme ». Des exemples : ne pas pouvoir parler en public ou prendre le métro, être la proie de crises de panique, se trouver embarrassé lors d’une rencontre amoureuse, ou bloqué à l’idée d’avoir un enfant, ou encore ne pas pouvoir s’empêcher de trop manger ou de trop fumer, et enfin se mettre dans une position insatiable de demande d’amour… À cause de lui, nous nous mettons systématiquement en « excès » ou en « déficit » par rapport à notre désir, tout en ayant l’impression d’un « c’est plus fort que moi ! »

Si nous cédions moins à nos pulsions ou si nous étions plus « éveillés », nous pourrions donc faire des choix qui permettent d’accéder au bonheur ?

D.M. : La psychanalyse pense que nos désirs ne peuvent jamais être comblés. Nous voulons un certain nombre de choses que nous ne pouvons pas obtenir. Nous avons l’idée qu’il y a des raisons sociales à cela; mais nous ignorons qu’il existe des raisons intérieures, structurales. Car nous nous construisons à partir d’un défaut, d’un manque, non pas à partir de la réflexion ou d’une « planification » d’objectifs à remplir. En revanche, nous pouvons, par la psychanalyse ou par certaines circonstances, apprendre à nous accommoder de cette faille, au point d’en tirer parti. Prenons le cas d’une personne passionnée par la photographie, mais qui échoue dans cette voie qu’elle a choisie. Je ne pense pas qu’on l’aidera en lui conseillant de suivre telle ou telle formation, de postuler dans tel ou tel endroit… Je pense qu’il faudrait plutôt l’amener à interroger sa passion : pourquoi est-elle fascinée par l’image ? Pourquoi cela la mobilise-t-elle ? Pourquoi veut-elle persister alors qu’elle ne parvient pas à percer ?

R.M. : Je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée que le bonheur est inaccessible. Quand nous rencontrons des obstacles, quand nous avons la sensation d’être bloqués, il ne tient qu’à nous de nous interroger sur la pertinence de nos choix. Si nous nous sentons coincés, c’est parce que nous en sommes restés au stade stérile de la « conscience spontanée », en oubliant que nous sommes les acteurs et les auteurs de toutes nos attitudes. Je voudrais mettre en évidence le pouvoir insoupçonné de la liberté éclairée par notre travail personnel de réflexion intérieure. Un travail critique mettant en évidence la relativité et la pauvreté de tous les choix qui nous sont proposés, mais aussi notre rôle actif dans l’affirmation de tous nos buts et de toutes nos valeurs. Nous pouvons, à tout moment de notre vie, nous découvrir créateur, nous (re)construire comme sujet, accordé à nous-même et à autrui…

Concrètement, comment pouvons-nous faire pour devenir plus libres et nous réaliser grâce à de « bons » choix ?

D.M. : La psychanalyse ne promet pas de miracle. Mais elle dit qu’en travaillant sur soi-même, on peut consentir à ne plus se voiler la face, et se saisir de la corde qui nous lie à notre souffrance. Il s’agit de retourner l’événement à l’origine de nos fourvoiements, de l’instrumentaliser plutôt que d’en être l’esclave. Et de libérer ainsi notre désir. Quand nous y arrivons enfin, nous acquérons une grande force intérieure. Ce n’est pas le bonheur, pas la complétude, pas l’unité de soi, mais une forme d’énergie et de satisfaction que nous ressentons dans tout ce que nous accomplissons. Parfois, cela peut nous conduire à des choses bizarres : une séparation là où en apparence tout allait pour le mieux, un métier incongru, une nouvelle conduite hors normes, la découverte d’un talent artistique insoupçonné…

R.M. : Il faut commencer par se remettre en question. Ce qui implique d’en passer d’abord par une crise. Face à ce déchirement intérieur, un choix va s’imposer. Lequel ? Soit de nous complaire et de nous laisser dominer par la souffrance, soit d’établir une rupture radicale et de passer à un second niveau, que j’appelle « la conscience réfléchie ». Au cours de cette étape, nous apprenons à faire le tri entre nos désirs, nos projets, nos pensées, nos émotions… Nous devenons ainsi plus libres parce que nous nous détachons de nos désirs confus et contradictoires. Nous constatons que nous étions aveuglés par des fantasmes, des imaginations irréalistes où tout tournait uniquement autour de nous-même et de notre supposée grandeur. Ensuite, nous nous réalisons, parce que nous parvenons à des choix où nos aspirations s’accordent à la vie en société. Il s’agit en fait de choisir « avec » les autres, sans pour autant nous soumettre passivement à leur domination. De faire preuve d’une authentique indépendance intellectuelle.

Comment atteindre cette « conscience réfléchie » ?

R.M. : Le courage intérieur ne suffit pas, il faut être aidé par des lectures patientes et personnelles. Cela nous permet d’acquérir une vraie distanciation (« Calme-toi », « Prends de la hauteur »…). Nous pouvons aussi nous remémorer des instants heureux, y compris physiquement : un amour d’adolescence inoubliable, un paysage somptueux en Toscane, un

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