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icains, et s’inscrivait dans une vision prospective centrée sur un sujet d’actualité : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Le « Dialogue des Éthiques » a mobilisé les acteurs des diasporas africaines pour penser l’articulation entre les pratiques occidentales de RSE et les pratiques responsables dans la gouvernance africaine des entreprises. Ce point de départ s’est matérialisé dans le cadre de quatre séminaires organisés à Lille, Lyon, Marseille et Paris en novembre et décembre 2010. Ces séminaires ont permis de recueillir l’expertise des acteurs des diasporas africaines et leur ont donné l’opportunité de formuler des propositions pratiques pour adapter la RSE aux réalités culturelles et économiques africaines. Ces rencontres sont aussi venues enrichir l’approche occidentale de la RSE.

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LES RESPONSABILITÉS SOCIÉTALES DES ENTREPRISES EN AFRIQUE FRANCOPHONE

Lors de ces séminaires, trois constats ont pu être dégagés : • Malgré la diversité des cultures africaines représentées, les participants ont identifié un socle commun de valeurs et de pratiques responsables africaines, en en montrant les avantages et les limites. • À côté des exigences de RSE formalisées dans la norme ISO 26000, l’existence d’une RSE africaine qui ne dit pas son nom a été révélée par les acteurs des diasporas à l’intérieur des filiales des groupes internationaux ainsi qu’à l’intérieur des entreprises africaines. Cohabitent ainsi deux formes de RSE : une RSE occidentale réglementée depuis peu par la norme ISO 26000 et une RSE africaine qui se fonde sur la fonction avant tout sociale de l’entreprise dans les sociétés africaines. • Une hybridation des modes traditionnels et modernes d’organisation, de gestion et de management à l’intérieur des filiales des groupes internationaux et des entreprises africaines a été aussi constatée : les obligations sociales et coutumières des acteurs économiques africains cohabitent avec leur volonté d’introduire une rationalisation occidentale des modes d’organisation, de gestion et de management. Cette hybridation montre que la responsabilité traditionnelle et africaine de l’entreprise, loin de contrer la modernisation de l’économie en Afrique, l’appuie au contraire : le traditionnel est aussi moderne. En retour, c’est par la prise en compte des pratiques africaines de responsabilité sociale et environnementale existantes que les exigences de RSE pourraient être intégrées efficacement dans l’organisation, la gestion et le management des filiales en Afrique. Les résultats de ces séminaires ont été confrontés à l’expertise de chercheurs et de responsables d’entreprise lors d’un symposium qui s’est tenu à Marseille en mai 2011. Le présent livre blanc que j’ai le plaisir de préfacer expose les analyses et les recommandations auxquelles a abouti ce travail.

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PRÉFACE

Parmi les nombreuses conclusions exposées, s’il ne fallait en retenir que deux, je garderais les suivantes : • l’importance d’adapter l’organisation, le management et la gestion de l’entreprise aux contextes culturels et économiques africains ; • la nécessité de poursuivre cette réflexion dans le cadre du Club des gouvernances éthiques, animé par l’Institut Éthique et Diversité, qui sera un lieu ouvert aux entreprises françaises soucieuses de rendre efficaces en Afrique leurs stratégies en matière de RSE. Cette initiative a été particulièrement utile pour défricher un sujet prometteur pour nos entreprises françaises travaillant en Afrique ; elle devrait de toute évidence se poursuivre dans le cadre du Club des gouvernances éthiques des entreprises qui s'est constitué autour de l'Institut Éthique et Diversité que je félicite pour son engagement. À cet effet, le dernier sommet Afrique-France qui s’est tenu à Nice en mai-juin 2010 a accordé à la question de la RSE une attention particulière, notamment en permettant l'élaboration d'un projet de charte appelée à être validée par les entreprises françaises et africaines.

Par Jacques Toubon Ministre et député européen de 2004 à 2009

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Avant-propos

Une idée, plus exactement une conviction, est à l'origine du projet « Dialogue des Éthiques » : celle que l'Afrique ne pourra se développer de manière effective et autonome que si elle mobilise ses ressources matérielles au service des populations. Cette évolution repose également sur l'intuition qu'elle doit mobiliser ses valeurs morales et ses pratiques éthiques propres. Le développement de l'Afrique passe désormais par un regard optimiste orienté vers l'avenir et par une réflexion sereine, lucide mais apaisée sur le passé. Tourner définitivement la page de la colonisation, en finir avec les formes plus ou moins subtiles du paternalisme néocolonial, regarder l'Afrique comme elle est aujourd'hui et pressentir ce qu'elle sera demain, telles sont quelques-unes des leçons que nous pouvons tirer de la commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines qui fut, il convient de le souligner, le point de départ du projet « Dialogue des Éthiques ». Il n'en reste pas moins que les préjugés ont la vie dure et que la manière de considérer l'Afrique et les Africains reste trop souvent, ici en Occident et singulièrement en France, marquée par des grilles de lecture dépassées comme si le temps avait « suspendu son vol » dans le continent noir. Comme si l'Afrique ne pouvait avancer qu'avec des décennies de « retard » sur l'Occident. Il est vrai que le spectacle de certains ports où l'on débarque des véhicules hors d'âge pour leur donner une nouvelle vie sur les routes et les pistes africaines conforte ce schéma de pensée. Il est vrai

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que des bureaucraties aussi tatillonnes que celles qui firent les fameuses « grandes heures » de l'administration coloniale nous font croire que l'Afrique n'est certes pas immobile, mais ne bouge que très lentement et reste encore très éloignée des acquis les plus récents de la modernité. Ces éléments de surface brouillent l'image et masquent l'essentiel. Or l'essentiel est que l'Afrique est en pleine mutation, que les peuples et les nations qui la composent connaissent une formidable accélération de l'histoire. Le rapport de l’Institut McKinsey Lions on the move: The progress and potential of African economies, paru en juin 2010, prône, en ce sens, que l’Afrique est entrée définitivement dans une phase de décollage économique. Ce même rapport incite les entreprises françaises à être plus dynamiques et à s’investir davantage sur ce continent. Or, aujourd’hui, l’un des leviers du développement est la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et ses applications à la gouvernance des organisations publiques et privées. L'application effective et l’adaptation de la RSE seront de plus en plus considérées comme un « avantage concurrentiel » et une réponse à l'aspiration profonde des populations africaines quant au respect de leur dignité, de leurs cultures et de leurs valeurs. Cette conviction que le moment africain du monde approche nous a animés lorsque nous avons lancé le projet « Dialogue des Éthiques » et que nous avons fait le pari qu'il fallait penser les applications concrètes de la RSE pour permettre une gouvernance éthique de l'entreprise avec les Africains et non plus pour les Africains. Mais avant que ce livre blanc ne voie le jour, nous avons dû convaincre du bien-fondé de cette approche. Au début de notre aventure, penser l’adaptation de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) aux contextes culturels africains a été parfois considéré comme une sorte de pari hasardeux. Nous sommes en effet encore trop peu nombreux à reconnaître que les valeurs sur lesquelles repose la RSE ont une dimension universelle et s'inscrivent dans le temps long des sociétés humaines. En ce sens, ces valeurs ne sont pas l'apanage de la seule modernité occidentale,

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AVANT-PROPOS

mais le patrimoine commun de l'humanité. Vue sous cet angle, la RSE s'apparente à une sorte de « retour » ou, plus exactement, de réappropriation des traditions et des pratiques sociales qui ont été au cœur des sociétés traditionnelles. Nous sommes sans doute à la fin de ce que Karl Polanyi a appelé la « grande transformation », cette rupture historique qui a fait que l'économie n'était plus encastrée dans la société et à son service, mais autonome et n'ayant qu'elle-même pour finalité. Unir dans un même mouvement de pensée les pratiques responsables occidentales et africaines a été notre parti pris de départ qui s'est transformé en objet d'étude au contact des acteurs des diasporas africaines, des spécialistes de la RSE et de l’interculturalité, et des entreprises partenaires. Notre intuition de départ a été largement validée et le fruit de ce travail dépasse nos espérances. En effet, au-delà du livre blanc, l'aventure se poursuit

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