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Analyse De Perceval Ou Le Conte Du Graal, De Chrétien De Troyes

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t, portant des chandeliers en or, puis une belle demoiselle vient, tenant un graal en or pur et fin, puis une seconde jeune fille, portant un tailloir en argent. Ils passent devant Beau Fils et entrent dans une autre chambre, sans aucune question de la part du chevalier. Son hôte fait mettre la table et le repas est servi : le graal repasse une nouvelle fois devant eux et le jeune homme hésite à prendre la parole. Finalement, il se dit qu’il demandera le lendemain matin.

Le découpage pourrait se faire de cette manière : la première partie, intitulée la suite de la procession, va de la ligne 1 à la ligne 25. La deuxième partie contient les lignes 26 à 45 et se nomme la mise en place du repas. Suit la troisième partie, des lignes 45 à 60, lorsque les deux protagonistes entament le repas et le graal passe devant eux à plusieurs reprises. Pour conclure, la quatrième et dernière partie, des lignes 60 à 69, dont le titre pourrait être « les pensées de Perceval et sa décision pour le lendemain ».

Analysons maintenant les intérêts de cet extrait : tout d’abord, l’ensemble est marqué par l’hospitalité et la générosité du seigneur de la demeure. En effet, il s’agit d’une coutume tout à fait habituelle, à savoir que les vassaux du Roi Arthur offrent spontanément un gîte, le couvert et de la compagnie aux chevaliers de sa Table Ronde. Le seigneur ici le fait très volontiers, étonnamment tout est comme s’ils attendaient le jeune homme (le pont-levis est abaissé). Ce qui diffère, c’est que l’hôte ne se lève pas pour venir saluer son invité (il explique qu’il n’en a pas la force). Excepté ce point, le seigneur lui manifeste beaucoup d’égards (le cadeau d’une épée et un somptueux repas). Nous constatons que les principes de la société féodale régissent les relations entre les individus du royaume du Roi Arthur, c’est-à-dire un lien d’échanges et d’obligations : les chevaliers sont là pour défendre et protéger les vassaux du suzerain et ces derniers accueillent et offrent ce qu’ils ont à ces chevaliers.

Du point de vue stylistique, étant donné que Chrétien de Troyes a écrit son texte en vers (en ancien français), la traduction peut s’avérer un peu lourde mais riche en figures de style comme ici une comparaison (ligne 11 « comme font les étoiles quand le soleil se lève ou la lune »), des accumulations (jeunes gens, beaux, belle, 2x clarté) entre les lignes 1 et 10, une antithèse ligne 25 avec « trop se taire » et « trop parler », qui est en fait le problème principal de Perceval (c’est un apprentissage) et en quelque sorte une hyperbole, une exagération ligne 44-45 avec la « nappe aussi blanche ». Son style est parfois répétitif, mais cette redondance a un sens, insister sur la beauté d’une dame, sur les détails d’un événement afin d’accentuer son importance, comme ici le repas et le Graal. Par ces figures de style, par des jeux de mots, l’auteur recherche un effet poétique, car son texte est fait pour être récité à haute voix, donc il doit être bien rythmé et harmonieux au niveau des sonorités.

Quant à la narratologie, ce passage est une scène, la vitesse de narration est ralentie afin de décrire en détail le lieu, les préparatifs, les meubles et le repas. Les descriptions créent un effet de réel, le but étant de montrer, faire voir, frapper par le réalisme du récit et ont en même temps une fonction symbolique : ces descriptions sont une métaphore de la richesse de ce seigneur et de ses terres. Un deuxième élément narratologique important est qu’il s’agit dans ces pages d’un narrateur omniscient, car aux lignes 16 à 18 on y décèle sa présence et il émet des précisions sur les pierres précieuses, il sait qu’elle « surpassaient toutes les autres, sans aucun doute ». De plus, un peu plus loin, l’auteur, Chrétien de Troyes, prend la parole pour exprimer ses craintes : « je crains que ce ne soit dommage, car j’ai souvent entendu dire... » (ligne 23-24) ; ici, il marque une pause dans la narration pour avertir ses lecteurs que ce silence peut être une mauvaise chose, surtout dans cette situations précise. Il s’agit d’une prolepse, (ou d’une anticipation) une figure de style par laquelle on annonce en avance quelque chose ou bien des informations ultérieures sont révélées. Plus loin encore, Chrétien, en tant que clerc retranscrivant des légendes sur Perceval, rappelle qu’il parle d’après un autre conteur, une de ses sources : lignes 33-34 « Selon le témoignage du conteur », c’est une manière de prendre de la distance quant à la véracité de ces propos et de rappeler qu’il n’a pas inventé cette intrigue mais qu’il se charge juste de la mettre en vers de manière agréable.

Concernant la psychologie des personnages, nous pouvons analyser ici Beau Fils, qui est toujours sur la voie de l’apprentissage de la courtoisie, des bonnes manières : il est confronté à des situations hors de l’ordinaire, où ses capacités sont testées. Cela s’appelle un roman initiatique, lorsque le héros grandit, devient mature au fur et à mesure des obstacles qu’il rencontre. Nous savons que Beau Fils est très curieux et encore naïf : jusqu’à son départ de chez Gornemant de Goort il citait sans arrêt sa mère (ce dont l’auteur se moquait, en le retranscrivant de manière ironique) et maintenant ce sont les conseils de ce seigneur qu’il applique à la lettre, trop à la lettre malheureusement. Donc l’enseignement de Gornemant n’est pas toujours valable et à force de se retenir de questionner, le héros perd jusqu’au désir de savoir.

Pour la signification de ce passage, cette procession constitue LE moment clé du roman : mais pour l’instant, elle reste mystérieuse et extraordinaire. Ce mystère est entretenu par certains indices comme le fait que la demeure apparaisse tout à coup, alors qu’elle était invisible dans un premier temps. De même, le seigneur est étonné que le chevalier était à Beaurepaire le matin même. La lumière qui règne dans la salle, avant même que le Graal n’arrive, montre qu’il y a du merveilleux,

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