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Analyse contextuelle de la censure en chine

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de la place Tian'anmen par exemple, tandis qu'en Chine la plupart des gens, notamment les jeunes, n'ont aucune idée de se qui s'est passé ce 4 juin 1989. Le Web, et surtout les moteurs de recherche, sont suffisamment censurés pour qu'il soit très difficile d'accéder à des informations fiables sur cet événement. Les acteurs de la presse n'ont évidemment pas le droit de le mentionner. C'est à travers des faits comme ceux-ci qu'il est intéressant d'étudier la censure en Chine, et de se demander jusqu'où peut-on associer démocratie et développement, puisque la Chine et le contre-exemple de cette idée, et où sont les limites de la censure et des répressions dont sont victimes les Chinois. Afin de répondre à cette problématique, nous développerons tout d'abord, l'idée selon laquelle la censure est une pratique ancienne, née sous le régime impérial et très active sous le communisme, dans un second temps nous expliquerons ce qu'est le grand écart idéologique entre la réalité Chine d’aujourd’hui et ce qu’elle prétend être et le rôle de la censure dans le maintien de cette illusion, enfin dans un dernier temps nous montreront que le pouvoir est également confronté à un grand écart technique entre les moyens dont bénéficie la censure et ceux, croissant, dont profitent ses opposants.

I. La censure est une pratique ancienne en Chine : érigée en principe de gouvernement sous le communisme elle a été conservée malgré les mutations du régime

A. La censure, une pratique ancienne en Chine érigée en principe de gouvernement sous le communisme.

La Chine impériale a connu le contrôle de l’information qui caractérise tous les régimes non démocratiques. L’État chinois qui, autour de la personne de l’Empereur a joué un rôle essentiel dans la constitution d’un territoire très centralisé, s’est toujours efforcé d’en unifier la culture en censurant les opinions dissidentes et les expresions culturelles minoritaires, en particulier les langues autres que le mandarin (vérif) (REF EU ou manuel??)

A partir du milieu du XIXème siècle, la Chine subit l’influence croissante des grandes puissances occidentales. Elle tente, de plus en plus difficilement, de s’en affranchir, et la censure de toute culture occidentale (en dehors des zones dîtes de concessions) et de toute information relative à cette domination croissante constituera un moyen de contrer cette influence.

Après la révolution nationaliste de 1911, le parti du Guomintang reprend à son compte l’idée d’un contrôle de l’information dans le but de réunifier la Chine et de tenter de la protéger des influences étrangères. En 1930 un Comité national de censure, pour la protection de la dignité et de l’intérêt national est ainsi fondé avec, l’année suivante, la création en son sein d’un département consacré au cinéma. Sa politique montre bien les buts de la censure à cette époque.

Ainsi sont interdits des films tels que Ben Hur, a tale of Christ de Fred Niblo parce qu’il promeut «des croyances superstitieuses, à savoir le christianisme » ou encore Welcome Danger de Clyde Bruckman et Malcom St Clair, parce que les chinois y sont ridiculisés.

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De même sont interdits les films en dialecte pour promouvoir le mandarin en tant que langue nationale, et étendre le territoire sur lequel le parti du Guomintang pourra asseoir son autorité.

Mais ces mesures ne s’appliquent pas partout en Chine car le Guomintang subit la concurrence des seigneurs de guerres qui contrôles certaines régions et surtout celle du Parti Communiste Chinois (PCC), fondé en 1921 qui développe sa propre censure avec son Département de la propagande. L’affrontement entre ces forces plonge le pays dans une guerre civile qui ne cesse qu’en 1937 (et temporairement) avec l’invasion japonaise. Durant la seconde guerre mondiale, le Japon contrôle tout l’Est de la Chine, dont Shanghai qui est le principal centre de production cinématographique. Il interdit bien sûr la diffusion de toutes les œuvres antijaponaises comme Lang shan die xue ji, (Du sang sur la montagne du loup) de Fei Mu (1936), qui montrait les nationalistes du Guomintang et les communistes unis et triomphant de l’ennemi commun japonais.

La fondation de la République populaire de Chine

En 1945 le Japon fait partie des perdants de la guerre et se retire de toute les pays d’Asie qu’il avait envahit. La Guerre civile reprend alors en Chine et, en 1949 l’Armée de Libération, bras armé du Parti communiste, en sort victorieuse. La proclamation immédiate de la République Populaire de Chine inaugure une période d’unité. La prise du pouvoir est progressive et se fait au nom d’un “front uni” composé de huit partis démocratique et de personnalités « indépendantes », qui eurent l'honneur formel, au sein de la Conférence politique et consultative du peuple chinois (C.P.C.P.C.), de participer à la fondation des institutions politiques définitives du régime. Cet appel à l’unité et le recours à des institutions censées être représentatives ne se démentira pas sauf dans les périodes de crise aigüe comme le Grand bond en avant et de la Révolution culturelle (grand bond en avant : Ency Universalis).

Mais derrière cette façade la réalité est bien sûr toute autre : celle de la prise du pouvoir implacable par une petite élite au nom de l’objectif d’une révolution prolétarienne. La censure devient alors indispensable pour faire taire les constats de divergences entre l’idéal proclamé et la réalité. L’histoire de la censure en Chine devient alors celle du régime communiste, de ses illusions, de ses errements et de ses luttes internes. Mao est à la fois le chef du parti, du gouvernement et des forces armées : il contrôle entièrement la censure, que ce soit du point de vue législatif ou exécutif avec une police politique qui fait office de force de répression. Dans ce domaine comme dans d’autres le pouvoir chinois bénéficie de l’expertise de l’Union soviétique qui envoie des conseillers à Mao. Le PCC crée alors plusieurs associations visant à mieux contrôler les activités individuelles, en particuliers dans tous les domaines d’expressions, tels que la presse, la littérature et les arts mais aussi l’éducation.

La censure a donc surtout pour but d’assurer le libre usage de la propagande du PCC pour assurer sa légitimité au pouvoir, et en particulier le culte de la personnalité qui entoure Mao, qui passe majoritairement par l’éducation, aussi bien à l’école publique que durant une formation militaire. Au nom de la lutte contre l’impérialisme la plupart des observateurs et journalistes occidentaux sont interdits de se rendre en Chine pour prendre compte de la réalité et ne peuvent pas non plus y diffuser leurs informations. Pour cette raison ceux que l’on appelle alors les China Watchers se replient sur Taiwan qui est resté aux mains du Guomintang et sur Hong-Kong toujours détenue par la Grande-Bretagne.

Censure, répression et autocensure

Le gouvernement communiste a montré dès son établissement une volonté et une aptitude à contrôler le territoire et le peuple bien supérieures à celle des dynasties impériales et du Guomintang avant lui. La propagande s’est développée démesurément et l’embrigadement, tout comme la censure, ont pris une place essentielle dans le fonctionnement du régime.

Le rôle du Département de la Propagande est alors de définir les limites des libertés que les médias peuvent prendre, car tous les médias doivent être loyaux au parti et servir d’organes de propagande. Ainsi est défini ce qui peut ou ne peut pas être dit ou écrit, et sont désignés les termes censurés (car jugés “sensibles” ou “délicats”). Ces instructions ne sont pas connues du public, mais seulement communiquées aux « travailleurs des médias » par bulletins secrets. Les sanctions en cas d’entrave aux lois de la censure varient du simple avertissement à la condamnation à de lourdes peines de prison. La divulgation des instructions secrètes est considérée comme un crime. Les journalistes suspectés de dévoiler les initiatives du Département de la Propagande du Parti Communiste Chinois aux médias étrangers encourent des sanctions allant jusqu'à l’incarcération dans les terribles laogai (camp de travail).

Censure et propagande assurèrent dans un premier temps le succès des grandes campagnes de mobilisation du peuple en faveur de la collectivisation agraire ou contre les « contre-révolutionaires ». Les risques encourus firent taire la plupart des critiques et les journaux prirent l’habitude d’une très forte auto-censure. Mais le problème est que cette auto-censure toucha bientôt non seulement les informations diffusées en direction du public mais aussi celles destinées au parti communiste lui-même, privant les dirigeants de précieuses informations.

En 1956, alors que la déstalinisation débute en Union Soviétique, Mao engage une « campagne de rectification » au sein du PCC en s’appuyant sur les critiques de la population qu’il appelle à s’exprimer (« Que cent fleurs s'épanouissent

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