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« Canones » d'Abbon De Fleury

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semble réaffirmer la royauté à un moment où celle-ci est plus que faible. Dès lors, une question s’impose : En quoi la pensée d’Abbon de Fleury sur les fonctions de roi et la fidélité qui lui est due, est-elle une illustration appuyée par l’église et annonciatrice des moyens qui ont contribué à l’essor de la monarchie capétienne ?

En ce sens il est important de constater qu’il y a d’abord affirmation de la royauté par l’église ( I ) puis assertion du roi comme élément fédérateur et central du royaume (II ).

I/ L’affirmation de la royauté par l’église

Comme dit précédemment, l’auteur est un ecclésiastique. Il n’est donc pas étonnant que l’Eglise soit présente tout au long du texte. Mais ce n’est pas la seule raison car l’Eglise et la royauté ont toujours eu un lien étroit ( A ). Ainsi, il n’est pas surprenant que le roi soit sacré, donnant une dimension divine à son statut ( B), et qu’il soit catholique ( C ).

A/ Royauté et Eglise : Une alliance historique

La religion a toujours eu une relation particulière avec le domaine politique que ce soit de manière influente ou de manière alliée. En ce qui concerne l’Eglise et le trône des Francs, il n’est pas difficile de retrouver l’origine de ce lien car l’auteur l’évoque lui-même lorsqu’il fait allusion à « Charles et son fils » qui « firent tant pour l’administration de la chose publique et l’utilité des églises » (l. 8-9).

Il parle ici de Charlemagne (768-814) qui s’est attelé à la chrétienté, a incité ses fidèles et ses sujets à s’y consacrer et s’est fait sacré empereur en 800 par le pape, faisant ainsi rentrer dans la tradition, bien que déjà encré dans les mœurs depuis Pépin le Bref, le sacrement du roi. De même, son fils Louis II le Pieux était comme son nom l’indique, un fervent chrétien.

Ainsi, les Carolingiens ont associé l’Eglise à l’Etat et n’ont eu cesse d’affirmer son importance si bien qu’à l’époque du morcellement féodal, elle demeure la seule institution synonyme d’unité dans le royaume de France. Mais son pouvoir est essentiellement moral et c’est la nécessité de retrouver un pouvoir royal fort et centralisé qui pousse certainement l’Eglise à soutenir la royauté en cette époque d’affaiblissement.

En considérant Hugues Capet comme un descendant des Carolingiens, elle espère bien réaffirmer la souveraineté du roi. Pour cela, elle s’appuie sur son caractère sacré.

B/ Un roi sacré : Une dimension divine

Comme dit précédemment, le roi est sacré et c’est ce qui le différencie des autres seigneurs. Le sacre est un acte créateur qui « fait » le roi. Le sacre est une cérémonie stricte qui s’effectue en trois rites. D’abord, le futur roi, entouré d’évêques, de clercs et des grands du royaume, fait la promesse de servir, de protéger l’Eglise et de lui être fidèle. Puis, il reçoit l’onction d’un évêque ou d’un archevêque, soit il est oint d’huile sainte et béni ce qui donne vraiment un aspect spirituel de par la similitude avec le sacre des évêques. Enfin, il reçoit les insignes royales par le couronnement, la remise de du sceptre et de la main de la justice.

Ces trois rites ainsi accomplis, le roi est sacré et la particularité de ce sacre est qu’il fait de lui une sorte de « ministre » de Dieu ce qui signifie sa supériorité. En fait, il n’est pas seulement investit d’un pouvoir politique, mais d’un véritable sacerdoce, soit d’un certain pouvoir religieux car tout le monde n’est pas sacré, seuls le roi et les évêques le sont et c’est ce qui les différencie.

Ainsi, le sacre donne une portée profondément religieuse à la fonction de roi et le sacrement d’Hugues Capet et de ses successeurs renoue réellement avec le sacrement des Carolingiens, du fait de sa dimension solennelle bien marquée, instituant les capétiens comme héritiers des Carolingiens.

Cependant, comme le dit implicitement l’auteur, il ne suffit pas d’être désigné et sacré, il faut aussi tenir promesse et demeurer un bon chrétien.

C/ Un roi chrétien et catholique : Une dimension morale

En effet, l’auteur appuie bien sur le fait que le roi doit être chrétien et catholique et qu’il doit vivre en tant que tel. Ainsi, il est un serviteur de l’Eglise et se doit de veiller au bon respect de cette dernière. Il doit être Pieux, charitable (« nourrir les pauvres par des aumônes » l.19), protéger les Eglises, faire preuve de sagesse… Toute une suite de principes que les Capétiens se sont, postérieurement au texte, bien attelés a respecter.

Ainsi, tous sans exception furent de bons chrétiens ou du moins s’y attelèrent. Philippe-Auguste (1180-1223) su bien s’entourer de conseiller fidèles. Louis VI Le Gros (1108-1137) apporta tout son appuie aux différentes mesure de paix du royaume et notamment avec sa tentative de rétablissement de la paix. Louis IX (1226-1270), dit Saint Louis usa beaucoup de la diplomatie et de la négociation, les préférant à la guerre. Comme son surnom l’indique, c’est peut être lui qui a le plus représenté l’idéal d’un bon roi chrétien du fait de ses actions pour moraliser l’administration locale (ordonnance de 1254 relative à l’envoi d’enquêteurs dans les provinces) ou encore en ce qu’il a incarné pour beaucoup un idéal de justice.

En définitive, le roi est avant tout, du fait de son sacre, un ministre de Dieu ce qui l’investit d’un sacerdoce morale et donne une dimension divine à son statut. Cependant, si son statut particulier est reconnu de tous dans la théorie, il reste, dans la pratique, largement subordonné par les grands du royaume qui en toute connaissance n’hésitent pas agir de manière indépendante, quittes à lui désobéir. C’est à ce titre qui l’auteur ne se contente pas de soutenir la souveraineté du roi mais qu’il l’affirme aussi comme un élément fédérateur et central du royaume.

II/ L’assertion du roi comme élément fédérateur et central

En effet, l’auteur définit à travers « de la fonction du roi » (l. 1), les pouvoirs et fonctions du roi, comparables à ceux d’un ministère ( A ). Puis il affirme que l’appui des seigneurs et des évêques lui est indispensable au roi ( B ) pour retrouver sa puissance ( C ).

A/ L’investissement d’un ministère : Une dimension politique institutionnelle

Le roi, du fait de son sacre comme de son statut particulier, est investit de pouvoirs et de fonctions qui lui sont propres. Par « le soin qu’il prend de tout le royaume » (l. 2-3), l’auteur introduit des notions de protection et de justice qu’il développe au-dessous. Ainsi, il précise que le roi est le protecteur de ses sujets, de l’église, à la fois au sein du royaume (« défenseur des étrangers, les veuves et les orphelins » l. 16) comme à l’extérieur car il doit défendre son territoire et l’Eglise contre les ennemis, les attaques et les invasions.

Il est aussi justicier en ce sens qu’il est le gardien de l’ordre public, c’est à dire qu’il doit s’assurer que les crimes et délits soient punis, que la paix règne en son royaume et cela de la manière la plus juste. Il doit veiller à la prospérité de son royaume.

Cependant, la situation du roi, à l’époque du texte, est trop faible pour lui permettre de réaliser ces prérogatives sur l’ensemble du royaume. Ainsi, il ne peut agir réellement que sur son domaine propre, tandis que les seigneurs, qui exercent les prérogative d’ordre public sur leurs domaines respectifs, apparaissent plus comme des menaces potentielles que des sujets loyaux. C’est pour cela que l’auteur appuie fortement sur la notion de « fidélité due au roi » (l. 30) et insiste que le roi doit être aidé d’une part, par les grands du royaume et d’autre part, par les évêques.

B/ Seigneurs et évêques : Des appuis indispensables

En effet, l’auteur affirme que le roi ne peut remplir seul toutes ces fonctions et que pour se faire, il faut avant tout que les grands du royaume ne se contentent pas à reconnaître sa souveraineté, car le roi est suzerain, soit il occupe la tête de la hiérarchie féodale, mais en témoigne dans la pratique. Il entend par là que les grands du royaume doivent non seulement distinguer la suprématie du roi d’un point de vue morale mais aussi dans leurs actions. C’est à dire qu’ils doivent le respecter, et non pas le menacer comme apparaît le Duc de Normandie qui est bien plus puissant que le roi, mais aussi lui rendre les services de vassal qui sont dus.

Ainsi, les seigneurs et leurs vassaux doivent

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