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Commentaire Composé Les Misérables

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concourt également la précision des indications de Hugo à propos de l'incarcération de Valjean : le romancier utilise ici la connaissance du bagne de Toulon, dont il rapporte la visite dans Choses vues. Le ferrage des bagnards à Bicêtre, le voyage de 27 jours jusqu'à Toulon, le port de la casaque rouge et l'attribution d'un numéro substitué à leur patronyme sont autant de notations précises qui confortent cette impression de vérité.

Celle-ci est délibérément accentuée par le recours à un témoin fictif, ancien guichetier de la prison de Bicêtre, qui a près de 90 ans aujourd'hui et se souvient encore parfaitement de ce malheureux.

L'illusion réaliste est enfin soutenue par le point de vue omniscient qu'adopte Hugo dans cette page. Il se manifeste par les interventions directes de l'auteur dans son récit, au début et à la fin du passage enclos dans ses réflexions, mais aussi par le groupe verbal « on devinait que » (l.29) qui trahit sa présence. La volonté de ne rien dissimuler du personnage et de sa situation se trouve favorisée par l'adoption de ce point de vue omniscient qui permet à Hugo de laisser entendre son opinion sur le système judiciaire et sur le bagne.

II – La dénonciation de système judiciaire

L'illusion réaliste est dans cette page mis au service de la dénonciation du système judiciaire, la fiction au service de l'argumentation. Les deux premières phrases suggèrent une disproportion entre le délit de Valjean (le vol d'un pain) et le châtiment auquel il est condamné, disproportion sur laquelle insiste Hugo dans le chapitre suivant. La condamnation en 1795 semble anachronique, les galères du roi ont été supprimées en 1791 au reste, c'est au bagne de Toulon qu'est destiné Jean Valjean. Il n'en demeure pas moins que l'écart entre le délit et la peine suscite l'incompréhension de celui ci : « Il paraissait ne rien comprendre à sa position, sinon qu'elle était horrible. » (l.18)

De plus, la gravité du délit se trouve atténuée par son mobile qui, loin d'être crapuleux, tient à la misère et à la faim, comme le révèle le chiasme : « la chose quelconque qu'il avait faite, il l'avait faite pour vêtir et nourrir 7 petits-enfants » (l.29/30), phrase dans laquelle l'adjectif « petits » souligne l'abnégation du criminel et la noblesse de son geste.

Les quatre interrogatives successives qui clôturent le texte révèlent une conséquence désastreuse de l'emprisonnement : le naufrage d'une famille qui perd son soutien, problème que Hugo amène graduellement. En effet, si les deux premières questions sont d'ordre narratif comme l'indique l'anaphore « que devint », « que devinrent », la troisième est une interpellation lancée aux lecteurs avec le désir d'agiter en lui un sentiment de culpabilité. La dernière question élargit cette réflexion à une métaphore poétique associant les enfants à la poignée de feuilles d'un jeune arbre et la famille détruite à cet arbre scié par le pied.

Hugo insiste enfin au début de ce texte sur la mise au ban de la société qui frappe le bagnard alors qu'il le considère comme un « être pensant» (l.6). Intervenant directement dans son récit, il recourt au vocabulaire du désastre pour souligner cette mort sociale, avec les adjectifs « redoutables »(l.3), « funèbre » (l.4), la métaphore du « naufrage » et l'expression « irréparable abandon » (l.5). Cette mort sociale s'opère par la relégation du condamné par le port de la Casaque rouge qui désigne son infamie au regard public et par la substitution d'un numéro à son patronyme : « tout s'effaça de ce qui avait été sa vie, jusqu'à son nom » (l.34/36). Le registre pathétique est exploité pour souligner la misère qui frappe le bagnard, évoquée par l'intermédiaire d'un témoin fictif, le guichetier. Valjean est dépeint comme un pauvre homme « ignorant de tout », « sanglotant » ; « il pleurait, les larmes l'étouffaient ; elles l'empêchaient de parler ». Ce caractère pathétique est renforcé par le geste poignant qu'il fait de la main, comme s'il touchait

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