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Commentaire De "Ma Bohème" De Rimbaud

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etit Poucet perdu dans la forêt mais ses repères ne sont pas des petits cailloux. Mais cette absence de moyens est vécue comme un plaisir comme le souligne tout un réseau de caractérisations mélioratives : idéal, splendides, doux, bons, fantastiques.

• Communion avec la nature : La nature est lieu de protection.

Elle se prête, par les sensations visuelles et auditives qu'elle suscite, aux rêves et aux désirs : mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou je les écoutais.

Elle prend la figure d'une femme troublante : doux frou-frou, réconfortante et maternelle Grande-Ourse. Elle accueille l'enfant fugueur et lui offre l'assurance d'une complicité, elle pourvoit aux nourritures terrestres : des gouttes de rosée à mon front, comme un vin de vigueur. Mais il la veut toute pour lui, pour cela il va multiplier les possessifs et les pronoms personnels. On notera 8 fois je et 8 fois l'adjectif possessif mon, ma ou mes. Mes étoiles, Mon auberge, mes souliers sont comme une appropriation, une filiation avec sa nouvelle mère, la nature. Même les ombres fantastiques ne suscitent pas sa crainte : rimant au milieu.

• Présence de l’amour : le v.4 associe le voyage et le rêve plein d’enthousiasme juvénile.

Ce poème exprime d'abord le bonheur d'être au contact d'une nature complice et dans la liberté des sensations, mais aussi celui d'errer autant dans l'espace que dans l'imaginaire.

II. Les voies de la création poétique

Le titre a un double sens : il associe au voyage et à la liberté l’image de la fantaisie et de l’insouciance des milieux littéraires et artistiques connus sous le nom de bohème. Le sous-titre du poème est également explicite : il met en évidence l'insouciance et la liberté joyeuses de la vie évoquée, et se retrouve aussi dans l'écriture qui joue avec les codes poétiques. Tout le poème peut être soumis à cette double lecture.

A. Un voyageur poète

La poésie semble être l’activité essentielle du jeune voyageur. Le mot rime v.7 est fortement mis en relief par sa position de rejet, de même que le participe présent rimant après une césure inattendue.

La présence de la poésie est également soulignée par la soumission du voyageur à la Muse, divinité inspiratrice des poètes. Il compare les élastiques de ses souliers aux cordes des lyres, instrument privilégié du poète qu’il associe au pied, mesure syllabique des vers latins.

Cette idée est accentuée par la métaphore du Petit Poucet qui fait du fugueur, de l’enfant perdu un poète puisque les rimes remplacent les miettes de pain ou les petits cailloux qu’il sème sur sa route.

B. Un voyage symbolique

Le jeu des images rend compte de nombreuses métamorphoses auxquelles se prête ou auxquelles assiste le poète :

• La réalité devient littérature : le voyageur devient Petit Poucet, féal. Le personnage décrit avec un certain réalisme devient un personnage de roman de chevalerie ou de conte.

• Les objets ordinaires se métamorphosent en instruments poétiques : v.2 paletot idéal, transformation du vêtement en idée ; v.13, 14 les élastiques des souliers deviennent les cordes des lyres ; v.11, 12 les gouttes de rosée deviennent un vin de vigueur (vin/ivresse/ dérèglement de tous les sens)

• Les lieux se métamorphosent par confusion du monde terrestre et du monde céleste, sous le ciel, à la Grande-Ourse.

• Les souliers s’animent dans l’hypallage du v.14 (transfert de caractérisation : ce sont les pieds qui sont blessés et non les souliers)

Ces transformations passent par tout un jeu de figures de style : comparaison, métaphore personnification, hypallage, c’est-à-dire par une utilisation menée avec virtuosité des ressources poétiques.

C. La liberté de la création poétique

Au caractère illimité du voyage, au refus du conformisme qu’il exprime, à son absence de contraintes, s’associe la liberté de la création poétique.

• Par une absence ou un refus des contraintes poétiques classiques. Certes, c’est un sonnet, mais il ménage de nombreux effets de rupture : utilisation inexpliquée de tirets v.6, 8 ; rejet v.7 ; phénomènes de rallongement des vers par les enjambements v. 11,14 ; rythmes déstructurés v.3, 7,12 ; une syntaxe malmenée dans le dernier tercet, qui normalement dans un sonnet est le vers culminant.

• Par le mélange des registres lexicaux : des termes familiers a-poétiques, onomatopée, interjection : oh ! la ! la ! , culotte, frou-frou, paletot, trou, souliers côtoient des termes nobles : féal muse amours lyre cœur. Ce mélange est matérialisé par la dernière image du poème, un pied près de mon cœur, qui montre à la fois une distorsion du corps et du vers.

• Par une fusion symboliste des sens qui s’exprime dans la synesthésie :

Je les écoutais v.9, frou-frou // l’ouïe se substitue à la vue

Je sentais v.10 // goût ? odorat ? toucher ?

Si le voyage apparaît comme l’expression d’une liberté de mouvement, la poésie s’offre comme l’expression d’une liberté de création. Le dépaysement rythmique, lexical est associé à une même démarche de fuite du conventionnel, du conformisme et de recherche de l’insolite.

CONCLUSION

« Ma Bohème » illustre le programme poétique de l'auteur. Il ébauche ici en très peu de mots toute la thématique de « l'homme aux semelles de vent », du poète vagabond ou du « clochard céleste », celle du voyage, de la révolte, de la pauvreté, de l'enfance, de la nature. En adolescent rebelle il veut tordre le cou aux vieilles règles de la poésie, briser le rythme de l'alexandrin et pousser la poésie aux limites de la prose. C'est assurément un manifeste pour une poésie nouvelle faite de mélanges d'élans lyriques et d'autodérision, de parodie, une poésie iconoclaste.

Etude du poème

Introduction

Le sous-titre du poème est explicite : il met en évidence l'insouciance et la liberté joyeuses de la vie évoquée, et se retrouve aussi dans l'écriture qui joue avec les codes poétiques.

L'humour qui traverse ce poème, l'évidence de la dimension ludique dans le maniement des structures et des sonorités font de ce texte l'exemple parfait du bonheur rimbaldien.

I. Bonheur et liberté

La liberté est inséparable de la notion de bonheur. Départ, affranchissement des contraintes et errance traversent tout le poème : "je m'en allais", "j'allais", "ma course", "au bord des routes", "poches crevées".

Cette liberté suppose un espace affranchi de toutes limites : ici, les termes qui l'énoncent évoquent l'immensité idéale ou les lieux indéfinis du vagabondage : "routes", "sous le ciel".

La liberté dans un poème qui semble jaillir d'un départ, qui s'organise autour de l'errance et s'interdit d'évoquer la moindre destination : "je m'en allais", "j'allais", "Mon auberge était à la Grande Ourse".

II. Un rapport privilégié avec le monde

La nature est lieu de protection : "j'allais sous le ciel", "assis au bord des routes", "ces bons soirs de septembre".

Elle se prête, par les sensations visuelles et auditives qu'elle suscite, aux rêves et aux désirs : "mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou".

Elle prend la figure d'une femme troublante : "doux frou-frou", réconfortante et maternelle "Grande-Ourse".

Elle accueille l'enfant fugueur et lui offre l'assurance d'une complicité immédiate : "des gouttes de rosée à mon front, comme un vin de vigueur".

III. Une activité poétique facile et ludique

L'écriture devient magique, les exigences de la rime se confondant avec l'insouciance d'un geste puéril : "Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course des rimes".

Le poète se dessine sous les traits d'un Orphée humoristique, fascinant et vagabond : "Comme des lyres, je tirais les élastiques...".

La dimension humoristique de la poésie s'écrit à partir du contraste entre les registres de langue, avec des évocations classiques : "féal", "Muse", "lyres" et des prosaïsmes : "culotte", "trou", "paletot", "souliers".

Les contraintes de la poésie à forme fixe sont tout à la fois respectées et joyeusement dépassées par l'abondance des rejets qui ajoutent aussi à la lecture du poème le plaisir de la surprise : "j'égrenais

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