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Corsaires

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e dont ils étaient souvent la cause et dont ils tiraient de fructueux bénéfices. Appareiller avec une bande à ses ordres, rançonner, piller, incendier, ravager des ports, détruire des flottilles de pêches, combattre pour son profit sont les usages légitimes du droit de course. On peut donc admettre que tous les abus dont les neutres se plaignent au XVIIe siècle sont l’œuvre de corsaires encouragés par une législation perfides et des tribunaux complaisants. Mais si les ordonnances françaises, les placards hollandais et les « orders in Council » anglais permirent des excès, le fait d'obéir aux lois de son pays, de se soumettre aux visites des navires de la marine de guerre, de rendre compte de ses campagnes aux autorités et aux tribunaux de son port d'attache, permet au capitaine d'un corsaire de considérer aussi son navire comme un bâtiment de guerre privé.

- Le pirate, au contraire, ignore même ses compatriotes et rejette les lois de la guerre. Vivant toujours sous ses armes, il saccage, torture et tue s'emparant du bien d'autrui chaque fois qu'il en a l'occasion. Il n'a ni commission, ni port d'attache, à moins qu'il ne s'en crée un. Sachant qu'il risque de finir au bout d'une corde, il se donne d'excellentes raisons pour mépriser les principes et les intérêts matériels d'une société dont il n'accepte pas les règles.

- Le flibustier, lui, représente une situation intermédiaire entre la piraterie et la course. Il s'agit souvent d'un pirate récupéré, auquel on donne une commission en temps de guerre. On utilise au mieux ce ravageur qui continue d'exercer ses activités aux dépens des ennemis ; mais la paix revenue, s'il continue le combat en dépit des accords diplomatiques, ses compatriotes eux-mêmes le considéreront de nouveau comme un réprouvé. Il existe d'ailleurs une solution pour l'aventurier supportant mal l'ennui en temps de paix : solliciter de quelque souverain étranger une lettre de marque, bientôt accordée.

La guerre de course est une stratégie menée le plus souvent par un Etat dont la marine de guerre est insuffisante. Elle consiste à attaquer la flotte marchande de l'ennemi pour paralyser son commerce. Rarement efficace sur le plan militaire, la guerre de course s'est révélée cependant économiquement rentable.

Les sources de l'époque sont abondantes : ordonnances, édits, traités, arrêts, lettres patentes, etc. sur la marine, les ordres, dépêches et lettres, les états sur les prises des Courses ainsi que les mémoires de Vauban par exemple.

Qui et que sont les corsaires ? Comment se déroule la guerre de course ? Comment les corsaires et les guerres de courses sont-ils encadrés ? Pourquoi utilise-t-on ce type d'attaque ? Quel est leur rôle pour le roi, pour l’État pendant les guerres ? Comment le prince et son entourage s'en servent-ils pour leur gloire ?

Il est d'abord important de s'intéresser aux données techniques et logistiques de la guerre de course sous Louis XIV, à savoir les moyens matériels et humains nécessaires pour mener à bien cette Course. Or, le caractère ambigu du métier corsaire nécessite une réglementation claire afin qu'aucun amalgame ne soit fait entre ce particulier qui a une autorisation des autorités et qui obéit aux lois de la guerre et le pirate, bandit des mers. Enfin, nous verrons pourquoi la guerre de course connue un tel succès sous Louis XIV, notamment à travers les deux corsaires les emblématiques que sont Jean Bart et René Duguay-Trouïn.

I. Les navires et les hommes : les moyens matériels et humains de la guerre de course

Les navires et les équipages corsaires étaient à la mesure des ambitions de leurs armateurs et du prince.

A. Le navire corsaire

Même si de grandes tendances se dégagent, le matériel naval employé diffère selon les ports. Ainsi il n'y a pas de navire de course type pour plusieurs raisons.

* En temps de guerre c'était l'ensemble du territoire qui était mobilisé. On comprend donc que Marseille, Bordeaux, Saint-Malo ou Dunkerque aient développé des façons différentes d'appréhender la guerre de course.

* La course elle-même présentait des visages différents. En effet quoi de commun entre la petite course côtière et la véritable course d'escadre.

* La guerre de course a traversé les siècles et il est normal que les bâtiments évoluent, ne serait-ce que par le simple progrès technique.

Le bateau doit répondre à des impératifs techniques et géographiques. Le but de la course est de s'emparer par la force, ou par la menace des navires ennemis et de leur cargaison. Cet objectif introduit donc certaines contraintes. Le navire doit être muni d'un armement conséquent en artillerie et en armes légères, avec poudre et munitions. Il doit être rapide et pouvoir chasser et rattraper les navires marchands ennemis et éventuellement semer un vaisseau de guerre ennemi. Le navire français passe pour être grand rouleur, grand marcheur. Au XVIIe siècle, le coût brut moyen d'un navire de guerre en bon chêne, est assez élevé. Mais on peut rogner sur le prix de la solidité d'un navire corsaire, et on en reconstruit à bien moindre coût en essences moins nobles quasiment à usage unique pour le temps d'une ou deux campagnes, car la longévité d'un corsaire n'est pas essentielle alors que sa légèreté lui permet, en revanche, une marche supérieure. C'est un gage de profit et atout de sécurité, qui, avec le renom du capitaine, fonde une réputation déterminant la sollicitude de riches partenaires d'armements et l'engagement des meilleurs marins disponibles.

Les navires corsaires sont rarement armés pas des particuliers isolés mais le plus souvent regroupés dans des sociétés en commandite simple ou par actions. Les vaisseaux de course ne sont pas automatiquement construits dès qu'on en a besoin. La première solution est la reconversion de navires utilisés jusque-là dans des trafics marchands dont l'activité de la guerre remettait en cause. Quelques-unes de ses frégates reconverties ont obtenus de brillants succès tel Le Grénédan (morutier de 300 tonneaux construit en 1682) qui permit à un grand armateur malouin d'enregistrer ses premiers succès. Cette reconversion semblait d'autant plus facile que les navires étaient déjà munis d'une artillerie importante et qu'ils possédaient de réelles qualités voilières. Bref cette solution était commode rapide et économique puisque la plupart des navires étaient déjà amortis.

Mais au fil du temps et des combats, ce modèle de reconversion montra des limites : la faiblesse de l'armement, le manque de vitesse et l'âge du bateau occasionnèrent de nombreuses pertes. La nécessité de développer un matériel naval spécifique devient alors impérieuse pour s'adapter à la fois à la petite course côtière dans les eaux britanniques et à la grande course océanique. La réponse à la nouvelle donne stratégico-navale fut graduée. Des bâtiments de faible tonnage (moins de 100 tonneaux) sont d'abord construits, puis des frégates légères de 120-180 tonneaux spécialement étudiées pour la course. Les frégates sont fines, maniables, capable de franchir des bas-fonds sans encombre, de prendre en chasse de lourds navires marchands et de s'enfuir comme elles sont venues au gré du vent... Les armateurs décident de se lancer dans la construction aux prix d'efforts financiers considérables, de grosses frégates de 300 à 400 tonneaux munies de 30 à 50 canons. Cette nouvelle orientation répond à la volonté de se lancer notamment dans une course plus ambitieuse. La course elle-même a contribué à alimenter l'armement corsaire grâce aux prises réutilisées. En effet de nombreux corsaires et vaisseaux de guerre ennemis capturés sont réarmés, permettant ainsi aux armateurs de disposer d'un matériel de tout premier ordre et à moindre coût.

Mais cette solution ne pouvait être suffisante d'un point de vue quantitatif. Il restait alors une dernière solution aux armateurs pour développer leurs flottilles : solliciter le prêt de navires appartenant au Roi, qui encourageait de ce fait la Course. Les avantages économiques occasionnés sont énormes dans la mesure où l’État prend tout en charge. Ainsi le navire prêté est livré aux armateurs armés, carennés et apprêtés à l'appareillage. Le roi doit en échange sur le produit brut des prises (1/5 jusqu'au début du XVIIIème). Ainsi, sur mer comme à Versailles, le roi poursuit sa politique de prestige. Lanternes, statues, chevaux marins, tableaux d'armoiries, fenêtres ornées de vitraux, rien n'est oublié pour impressionner les curieux des ports étrangers et les indigènes des contrées lointaines.

Les armateurs ont donc recours à de nombreux expédients pour renouveler, développer et améliorer leur flottille, et notamment dans la ville corsaire de Saint-Malo. Cela témoigne de la vitalité et de la capacité de Saint-Malo qui prend sous Louis XIV le leadership de l'armement à la course.

B. L'équipage et le capitaine

S'il faut des navires pour la course, il faut nécessairement des hommes pour la mener. L'équipage doit être numériquement important pour pouvoir assurer un abordage de qualité

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