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David Et Le Serment Des Horaces

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d'adapter son inspiration antique aux sujets de son temps en peignant aussi des œuvres à sujet contemporains. Les œuvres les plus caractéristiques sont Le Serment du jeu de paume, La Mort de Marat et Le Sacre.

La technique de David est visible à travers les ébauches inachevées qu'il a laissées, qui permettent d'observer sa manière de peindre et d'en connaître les processus de réalisation. Quelques toiles, comme le Portrait inachevé de Bonaparte, laissent apparaître l'enduit préparé à la céruse de ton clair, sur lequel il peint ; il peignait aussi sur des fonds à base de colleDans la composition de ses toiles, il abandonne la structure en pyramide alors en vogue au XVIIIe siècle, pour préférer des compositions en frise inspirées des bas-reliefs antiques, ce qui lui est reproché par Jean-Baptiste Pierre

Il généralise cette construction à partir du Serment des Horaces en s'appuyant sur des constructions symétriques et parallèles. Charles Bouleau indique que David utilisait un schéma orthogonal basé sur le rabattement des petits côtés du rectangle233 ; Louis Hautecœur, observe que l'armature du Sacre fut divisée en moyenne et extrême raison234. Aucun tableau ni croquis de David ne montre de tracé régulateur qui permette de vérifier sa manière de composer. Ce tracé fut déduit par Charles Bouleau à partir d'un dessin de Girodet pour Hippocrate refusant les présents d'Artaxercès, qui montre un rare exemple de cette technique de composition dans une œuvre néoclassique235.

Minutieux voire laborieux dans son travail pictural, David refait plusieurs fois un motif qui ne le satisfait pas. Dans le Serment des Horaces, il repeint vingt fois le pied gauche d'Horace

* Ce tableau est considéré comme un des chefs-d’œuvre du néoclassicisme tant dans son style que dans sa description austère du devoir. Le tableau est de grande taille : 330 centimètres de hauteur et 425 centimètres de largeur. Il est conservé au Musée du Louvre.

Il représente un grand sujet de l’histoire légendaire de la Rome Antique, où les frères Horaces défendent en combats singuliers la cité de Rome face aux Curiaces champions de la ville d'Albe. Liés par mariage à leurs sœurs respectives, le sacrifice des Horaces et des Curiaces exalte les vertus patriotiques. Le seul survivant du combat fut l'ainé des Horaces, qui à son retour fut maudit par sa sœur Camilla pour la mort de son mari. Les frères Horaces jurent à leur père par ce serment de vaincre ou de mourir dans cette guerre qui les oppose aux Curiaces d'Albe, champions des Albains, cité rivale et voisine. Si le combat apparaît bien dans plusieurs sources littéraires (Tite-Live, Plutarque, et autre), le serment lui est une invention de David. Il est possible que David qui était franc-maçon ait été inspiré par les procédures de serment utilisant les épées de ceux-ci. Le serment des Horaces est une invention de David qui traduit l'idée de courage et de fierté. Dans ce tableau, David brise les règles habituelles de composition en décentrant les sujets principaux. Il ne tient pas non plus compte des principes de l’Académie en traitant ses couleurs et reliefs de manière relativement plate.

Le chiffre trois est omniprésent dans la composition du Serment des Horaces. En effet, il a toujours été considéré comme un symbole de perfection et de stabilité. Il faut, par exemple, seulement trois points pour définir un plan, ce sont aussi trois points que forment la triangulation qui renforce le squelette. Dans bon nombre de mythologies, le chiffre trois renvoie à l'idéal et à la symbiose divine : les trois entités chrétiennes (Père, Fils et Saint-Esprit), les trois Moires et les trois Charites grecques...

Mais aussi ici les trois Horaces, les trois Curiaces et leurs sœurs respectives. Dans Le Serment des Horaces, toute la composition est basée sur le chiffre trois : on compte trois groupes de personnages, chacun inscrit dans un des trois arches présents en arrière-plan.

La règle des tiers ici respectée

La première association est composée des trois Horaces : les frères adoptent une position qui suggère la figure géométrique du triangle. Ils évoquent la force, la stabilité et l'unité de leur groupe, mais aussi celles qui règnent dans chacun d'eux.

Le père des trois combattants, constituant la deuxième partie, porte aussi en lui le chiffre « trois » : les trois épées qu’il s’apprête à confier à ses trois fils.

Enfin, au niveau du troisième groupe, les femmes sont au nombre de trois : en les représentant toutes trois, David a sans doute voulu mettre en valeur leur union dans le malheur et leur soutien solidaire. On pourrait croire qu’en recul se trouve une épouse, mais la femme en noir est en réalité la mère des Horaces. En réconfortant ses petits-enfants au nombre de deux, le petit groupe compte lui aussi trois membres : l’artiste a pu vouloir représenter le lien intergénérationnel qui unit la famille.

On observe que la règle des tiers a été parfaitement appliquée et centre ainsi le regard du spectateur sur le « tiers central » : les mains tendues des Horaces vers les glaives détenus par le père ; l’accent est mis sur le serment prêté.

Stabilité des lignes

Lignes droites pour les hommes, courbes pour les femmes au-dessous de la médiane

Le tableau montre une dichotomie caractéristique du néoclassicisme : on remarque d’emblée la présence de deux groupes dans la composition de David : les hommes, à gauche, et les femmes, à droite. Cette division est surtout menée par la différence qui prédomine entre les lignes directrices : elles sont droites pour les hommes, courbées pour les femmes. Si les hommes, droits, aux bras tendus, sont empreints de détermination, de force et de patriotisme, les femmes éplorées par le départ à la guerre de leurs frères, de leurs maris ou de leurs fils semblent ainsi faibles, molles, anéanties. Au-delà de l’utilisation des lignes pour exprimer ces états « passagers », elles représentent aussi les particularités associées aux deux sexes : lignes droites pour le sexe « fort », courbées pour le sexe « faible ».

Cette distinction est aussi établie par la position des personnages de part et d’autre de la ligne médiane. Dans « Des Glaneuses » de Millet par exemple, la disposition des trois femmes au-dessous de la ligne d’horizon peut indiquer leur pauvreté ; ici, la médiane joue un rôle semblable en élevant les hommes et leur courage, et en soumettant, en quelques sortes, les femmes aux désirs et décisions des hommes. C’est à eux qu’il est donné d’accomplir les actes héroïques.

Une perspective épurée

Convergence des lignes vers la main maintenant les épées.

Les lignes de construction ont ici pour rôle la stabilisation de la scène. Elle se déroule sans aucun doute dans la villa d’un grand aristocrate Romain : l’architecture, ses colonnes, ses arches et ses pavés ne pouvant être ceux d’une modeste habitation. Ce sont justement ces éléments qui assurent le parfait équilibre du tout.

Ceci est d’abord dû à l’opposition de la verticalité des colonnes à l’horizontalité du parterre. Ensuite, comme indiqué dans la partie trinité, les arches sont au nombre de trois et correspondent à chaque groupe de personnage. Ces derniers sont comme « appuyés » par l’architecture même et il en va donc pareillement pour le serment proclamé.

Le pavement régulier constitue un pilier important de la régularité et de l’équilibre qui règne au cœur de la composition. En prolongeant les lignes du sol, celles des murs et des chapiteaux (parallèles dans la réalité), il est possible de retrouver le point de fuite de la composition : il se situe sur la main gauche du père qui détient les trois épées, attirant le regard vers cette zone du tableau et soulignant le rôle essentiel et central du serment prêté par les Horaces.

Chronologie

Au-delà de la présentation en frise de la scène du serment (qui intensifie elle aussi son aspect dramatique), on peut déceler une dimension temporelle en lisant l’image de gauche à droite : les trois héros tendent le bras en signe de leur promesse faite de se battre pour Rome, le père leur tend les armes ce qui a pour conséquence le désespoir les femmes (qui, elles, sont plus attachées aux liens maternel et familial qu’aux principes guerriers et à la cité). Bien que plutôt triste, elle démontre à nouveau la détermination des guerriers et leur but d’aller sans cesse « vers l’avant » (par la défense des intérêt collectif, les actes héroïques, la reconnaissance…).

Jeux de regards et position des personnage

Alignement des regards sur la ligne d'horizon

Des trois Horaces, le premier est sans cesse mis en avant par rapport à ses frères :

* il est au premier plan, ce qui attire d’emblée sur lui le regard du spectateur

* alors que les deux autres tendent les mains en direction de leur père et des épées (signe, peut-être, de leur fougue), la sienne reste parallèle à la ligne d’horizon comme pour attendre que son arme lui soit offerte (il ne la réclame pas et paraît plus mature que les autres, son bras est droit et stable,

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