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homme (qu’il distingue du salarié, qui n’est qu’un type particulier d’homme) n’a rien à y gagner mais au contraire a tout à y perdre. C’ est ce que démontre le texte.

Dans la première partie du texte, Marx expose le mécanisme de cette « dépossession ». La caractéristique principale "d'abord" - ligne 1 de cette « dépossession » de l’ouvrier, réside dans l’extériorité du travail salarié. Dire que le travail est extérieur à l’ouvrier , Cela veut dire « qu’il n’appartient pas à son être » (lignes 2-3). Mathieu B. pose une question intéressante : Y-a-t-il un « être » de l’ouvrier au sens où il y aurait une condition ouvrière ? Il répond de façon tout à fait pertinente en précisant que l’être de l’ouvrier n’a rien à voir avec la condition ouvrière. La condition ouvrière est produite par le travail salarié, autrement dit c’est le salariat. L’être de l’ouvrier c’est son humanité. Ce que montre le texte c’est la profonde contradiction entre l’être de l’ouvrier et la condition ouvrière.

Le travail salarié n’est ni une capacité, ni un talent, ni un savoir-faire que l’ouvrier possèderait en propre, une qualité qui lui permettrait de « s’affirmer » (ligne 3), d’obtenir une reconnaissance ou une valeur sociale, dont il pourrait tirer une « satisfaction » (ligne 4). Le travail n’est pas là pour satisfaire un besoin fondamental de l’homme : la reconnaissance, c’est-à-dire être reconnu dans sa dignité de travailleur par la reconnaissance de ses compétences et de ses qualifications. Le travail n’a pas pour fonction de valoriser l’ouvrier. C’est pour cela que l’ouvrier « ne s’affirme pas » dans le processus de travail.Marx montre comment le travail salarié ne peut répondre aux besoins fondamentaux du travailleur, comment il le laisse insatisfait et profondément « malheureux« C’est qu’en lui déniant toute compétence et toute qualification, l’ouvrier n’est plus qu’un outil d’éxécution dans le processus de production. L’ouvrier n’ a pas le choix, il est contraint dans son activité et dans son être : il ne peut pas faire ce qu’il veut. » Il n’y déploie pas une libre énergie physique et intellectuelle » (lignes 4-5). Il éxécute des ordres, selon des gestes déterminés par une logique d’efficacité (ce que l’on appellera le taylorisme), de ce fait il ne peut déployer son inventivité et sa créativité, même si parfois il parvient à détourner le système de production de sa finalité première. C’est que l’on appelle le sytème de « la perruque », en fabriquant d’autre objets qui n’ont rien à voir avec les objectifs fixés.

Le travail ici, ce n’est par définition, que l’activité qui procure à l’ouvrier un salaire. Ce n’est rien de plus. C’est une activité répétitive, mécanique, dépourvue de toute inventivité. L’ouvrier ne fait qu’exécuter. Dans cette activité, soumis à des tâches répétitive, il épuise et « mortifie » son « corps ». Comme son employeur ne lui demande pas de réfléchir, ce qui ralentirait le processus de production, il « ruine son esprit ». L’ouvrier n’est qu’une source d’énergie, une »force de travail » dans le processus de production, au même titre que n’importe quelle autre source d’énergie nécessaire au fonctionnement des machines. Le travail n’apporte rien à l’ouvrier, mais au contraire lui prend tout. Il n’est même plus un être humain, il n’est qu’une chose, un moyen dans le processus de production. C’est en ce sens que le travail « dépossède l’ouvrier ».

Pierre D. remarquait dans son commentaire que l’on pourrait opposer le travail de l’ouvrier à celui de l’ingénieur. L’ouvrier exécute, l’ingénieur conçoit et il prenait en exemple les ingénieurs de l’industrie automobile qui imaginent de nouveaux modèles. Est-ce que ces salariés tirent une satisfaction de leurs conditions de travail par opposition à celle des ouvriers? Est-ce qu’ils peuvent y déployer « une libre énergie physique et intellectuelle » ? Récemment une série de suicides d’ingénieurs sur leur lieu de travail, le technocentre de Renault à Billancourt, a défrayé la chronique, montrant que les conditions de travail de cette catégorie de salariés, se sont tellement dégradées du fait de l’intensification des objectifs fixés, qu’aujourd’hui il n’y a plus de distinction entre l’aliénation subie par l’ouvrier et l’aliénation subie par le cadre. On assiste au contraire à une généralisation de cette « dépossession » du salarié par le travail à l’ensemble des classes sociales.

(lignes 6-7) Ce qui explique que le salarié ne peut être lui-même, c’est-à-dire un homme, »qu’en dehors du travail » (lignes 6-7), que lorsqu’il n’est plus assujetti à son employeur. L’ouvrier ou l’ingénieur ne sera un homme que lorsque la journée de travail sera terminée, chez lui, que lorsqu’il aura des loisirs, c’est-à-dire lorsque qu’il pourra consacrer son activité à se réaliser dans ce qu’il aime faire (lire, étudier, faire de la musique, faire du sport, sortir avec ses amis…). Ce raisonnement amènera Marx a militer pour la réduction du temps de travail, comme étant la condition nécessaire à l’émancipation de la classe ouvrière. Certains sociologues démontreront au XX° siècle, dans la continuité des travaux de Marx, que malheureusement l’aliénation ne s’arrête pas aux portes de l’usine mais poursuit l’individu jusque dans son intimité, que ce rapport de domination que l’individu vit sur son lieu de travail, il aura tendance à le reproduire dans la sphère familiale notamment dans son rapport avec son conjoint.

Marx va plus loin. Il montre dans son oeuvre lorsque le capitaliste paye le travail, et bien là encore, il « dépossède », il vole l’ouvrier.

Nous avons vu que ce qui caractérise le travail salarié dans le système de production capitaliste, c’est qu’il est d’abord une marchandise au même titre que toutes les autres marchandises, produites dans le seul but d’être échangées sur un marché. Sur le marché du travail, le travail prend la forme de ce que Marx appelle la force de travail, que l’ouvrier vend à un employeur contre une somme d’argent (un salaire) qui lui permettra de subvenir à ses besoins. Or le prix payé par le capitaliste pour le travail fournit ne correspond pas à la valeur véritable du travail. C’est-à-dire ne correspond pas à la valeur que le travail produit (la valeur ajoutée) et qui et incorporée dans la marchandise produite par l’ouvrier. Le prix ou le salaire ne correspond en fait qu’à la valeur des biens ou des « subsistances » nécessaires à l’ouvrier pour renouveler sa force de travail, afin qu’il puisse retourner travailler le lendemain.

Pour Marx, l’instauration du salariat n’est pas le résultat d’un libre choix de l’ouvrier. Il résulte d’un rapport de forces, d’un rapport de domination.C’est parce que les capitalistes se sont appropriés par la force, les moyens de production : les terres, les capitaux, les machines…que les ouvriers n’ont eu d’autre choix, pour survivre, que de vendre la seule chose qu’ils possèdent, leur force de travail. Dans le salariat, le travailleur ne s’appartient d’ailleurs plus lui-même, puisque en vendant sa force de travail contre un salaire, l’ouvrier a cèdé à son employeur le droit de disposer de son corps et de son esprit, de même le fruit de son travail ne lui appartient pas. Le travail est donc « aliéné », extérieur et étranger à l’ouvrier. Il est de ce fait nuisible. C’est pour cela que, nous dit-il « dès qu’il n’existe plus de contrainte physique ou autre, on fuit le travail comme la peste » (lignes 8-9). Le travail salarié est toujours contraint, de ce fait il est nuisible. C’est ce que suggère la métaphore médicale, il est une maladie mortelle pour l’homme.

La signification immédiate du travail est négative : elle est « sacrifice de soi » (ligne 10). Il est intéressant de voir comment Marx reprend ici des termes (« mortification », « sacrifice ») issus du vocabulaire religieux. Pour le christianisme le travail est défini comme une punition. Dans le récit biblique, Dieu condamne Adam et Eve à la pénibilité du travail pour qu’il rachète la faute originelle. Au Paradis, l’homme ne travaille pas.

Dire que le travail est « aliéné » cela signifie également que l’ouvrier a perdu la véritable signification du travail, qui est une signification positive. (ligne 14) L’homme est par définition un être inachevé. Contrairement à l’animal, rien ne le détermine à être ce qu’il est. C’est par son activité dans la nature, par son travail, défini maintenant comme la relation primordiale à la nature par laquelle il transforme les choses de la nature pour produire des objets utiles à son existence, que l’homme s’affirme comme un « être générique« , c’est-à-dire que l’homme fait de l’humanité un genre qui se différencie de l’animalité. L’animal est déterminé, par contre l’homme est libre.Tel est le sens de »cette production« , de l’homme par l’homme. La liberté, c’est-à-dire la capacité pour l’homme de s’autodéterminer, constitue la réalité de l’homme. La véritable signification du travail, sa véritable fin, c’est donc de produire l’humanité.(lignes 18-20) Marx insiste sur la spécificité de cette activité productive. Ce qui caractérise l’homme et le différencie de l’animal, ce n’est pas simplement le fait que l’homme soit capable de penser le monde, ou

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