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Economie

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Parizeau

Professeur d’économie, École des Hautes Études Commerciales, Montréal,

“Les post-keynésiens

et la politique économique contemporaine”

Un article publié dans l’ouvrage de François-Albert ANGERS, ESSAI SUR LA CENTRALISATION. ANALYSE DES PRINCIPES ET PERSPECTIVES CANADIENNES. Deuxième partie, chapitre VII, pp. 291 à 313. Montréal : Les Presses de l’École des Hautes Études Commerciales et Les Éditions de la Librairie Beauchemin, 1960, 331 pp.

Table des matières

“Les post-keynésiens

et la politique économique contemporaine“.

Par Jacques Parizeau,

professeur à l'École des Hautes Études Commerciales de Montréal

1. Prolongements et transformations de la théorie keynésienne : la Théorie Générale du financement de la guerre sans inflation - fiscalité et politique économique : effets des travaux empiriques sur l'évolution de la théorie - les spécifications outrancières

2. À la recherche d'une politique applicable : les difficultés d'application d'un programme anticipé - les difficultés de prévisions des effets - l'adultération de la théorie au contrôle de la pratique

3. Les post-keynésiens et l'économie internationale : les travaux de Joan Robinson - les études empiriques et leur conclusion sur l'élasticité - la fin des illusions : Orcutt

4. Le retour au classicisme monétaire

“Les post-keynésiens

et la politique économique

contemporaine”

par

Jacques Parizeau

Professeur d’économie

à l'École des Hautes Études commerciales

de Montréal

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La théorie keynésienne avait à peine été diffusée dans les pays anglo-saxons que les conditions historiques qui étaient largement responsables de son élaboration et de son succès disparaissaient. Dès 1940, des pressions inflationnistes commençaient à se manifester un peu partout dans le monde et le niveau de l'emploi montait rapidement. Dans les années qui suivirent, le plein emploi était réalisé dans les pays industriels et le climat de pessimisme généralisé qui avait assuré la vogue des idées keynésiennes évoluait vers un optimisme à court terme qui, pour la durée de la guerre, tout au moins, endormait les craintes et les appréhensions. Sans doute certains économistes prévoyaient-ils la réapparition du chômage après la cessation des hostilités ; de nombreux ouvrages écrits à la fin de la guerre suggéraient les mesures inspirées d'un keynésianisme orthodoxe pour faire face à une crise analogue à celle qui avait suivi la première Grande Guerre, en 1921 et 1922. ( Les prévisions des économistes, en temps de guerre, furent très partagées. Certains écrivains, comparant la crise qui a suivi la premier Grande Guerre à la seconde semblaient assurés que la crise viendrait rapidement et serait sévère, à moins que des mesures urgentes ne soient prises. On lira, parmi bien d'autres articles, celui de Samuelson "Full Employment after the War", dans Postwar Economic Problem, édité par S.-E. Harris, McGraw-Hill, New-York, 1943. Après avoir dégagé les différences qui existent entre les deux économies de guerre, Samuelson est particulièrement pessimiste.) En principe la théorie du sous emploi de Keynes, et son prolongement, la théorie de la maturité économique développée par des disciples américains, restaient acceptées dans de nombreux milieux. La situation créée par la guerre était considérée comme un phénomène exceptionnel. Vienne la démobilisation et la théorie redeviendra valable. La démobilisation est venue et la dépression annoncée ne s'est pas produite. Un léger ralentissement, correspondant à la reconversion des usines a été suivi d'une période d'inflation intense qui n'a commencé à faiblir qu'à la fin de 1948. Les prévisions s'en trouvèrent alors changées. Si la dépression ne s'était pas produite c'est que l'arriéré de la demande de biens de consommation était considérable. Normalement la dépression devait se produire lorsque l'arriéré disparaîtrait. La dépression serait d'autant plus forte que les investissements opérés dans les années d'après-guerre servaient à satisfaire une demande anormale. ( Hansen, dans une note publiée dans Saving American Capitalism (édité par S.-E. Harris, Alfred-A. Knopf, New-York, 1948), pp. 218 et s., entrevoit un approfondissement des mouvements cycliques d'investissements. Il avait été assez circonspect dans ses prédictions au cours de la guerre.)

La dépression se produisit en 1949. Mais elle n'avait pas la force que l'on avait prévue ; après une récession de quelques mois, une stabilisation était intervenue qui semblait bien devoir être suivie d'une reprise lorsque la guerre de Corée intervint. Une nouvelle hausse des prix se produisit. Les prix de certaines matières premières, sous la double impulsion d'une accélération de l'activité économique et de la politique de stockage du gouvernement américain, montèrent rapidement à la fin de 1950 et au début de 1951. Cette fois il semblait y avoir de bonnes raisons pour croire qu'une fois la guerre terminée, le relâchement de l'effort militaire des États-Unis amènerait une récession soudaine. En fait, malgré la chute rapide des prix de certaines matières premières sur le marché mondial, la récession ne fut guère sensible aux États-Unis qu'en 1954, et encore faut-il remarquer que plusieurs pays d'Europe ne furent pas touchés par cette récession. Dans bien des pays, le plein emploi était maintenu et dix ans après la guerre, le rythme de croissance des économies se maintenait à un haut niveau.

En somme, les économistes se trouvent placés, depuis la fin de la deuxième Grande Guerre, dans un climat psychologique tout à fait différent de celui qui avait marqué l'élaboration des idées keynésiennes. On ne peut s'imaginer que le changement de climat n'ait pas influencé le développement de la théorie et n'ait pas, par surcroît, amené la révision de certaines des idées fondamentales acceptées à une autre époque. D'une façon plus précise, la combinaison d'une inflation intermittente et généralisée, coupée de récessions courtes et de faible amplitude qui font figure de paliers plutôt que de chutes véritables, et de la pérennité d'un haut niveau de l'emploi, ont suffisamment impressionné les techniciens pour que les plus dogmatiques d'entre eux aient été attirés par l'étude de phénomènes qui n'avaient été qu'effleurés par Keynes et aient été forcés de réviser ce qui dans la théorie générale n'avait qu'une valeur épisodique. D'autres économistes, enfin, ont cru nécessaire de modifier les éléments fondamentaux de la théorie keynésienne.

Le texte qui suit ne peut pas être une rétrospective même schématique du développement des idées et des principes d'action des économistes qu'on désigne aujourd'hui sous le vocable, d'ailleurs très lâche, de post-keynésiens. Le but de l'auteur est seulement de chercher à dégager quelques-unes des transformations ou des prolongements les plus caractéristiques de la théorie keynésienne, dans la mesure où ils affectent l'orientation de la politique économique ou, d'une façon plus générale, le climat dans lequel les politiques économiques tirent souvent sinon leur source principale, du moins leur coloration.

1. Prolongements et transformations

de la théorie keynésienne

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Il est assez difficile de déterminer avec quelque précision ce qu'il faut entendre par une position théorique post-keynésienne. Peu d'économistes n'ont pas été influencés fortement par des idées de Keynes. Les instruments d'analyse qu'il a forgés, les expressions, les termes qu'il a lancés ou propagés sont utilisés par bon nombre d'économistes dont la pensée évolue aux antipodes de l'orthodoxie keynésienne ou sont en contradiction flagrante avec les descendants spirituels directs de Keynes. D'ailleurs, sous l'influence des événements récents, d'idées nouvelles, et des résultats obtenus grâce à des études empiriques plus nombreuses, les positions théoriques contemporaines sont sûrement plus dispersées qu'elles ne l'étaient il y a dix ans. Dans certaines branches de l'économie, les oppositions sont même devenues si fréquentes et si poussées que l'on peut aisément parler d'un éclatement d'un corps de doctrine et d'une situation confuse où bien des principes acceptés sont remis en question. La politique économique des États s'est vivement ressentie de cet état de chose.

Le

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