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ns du risque auprès d’une population d’étudiants en sciences du sport. Après avoir passé en revue les cadres sociaux du risque (maîtrise, habitude, concentration, influence, confiance, images, idéologies), des motifs permettant d’éclairer les comportements en matière de sexualité, consommation de substances dangereuses, conduite automobile et pratiques sportives sont mis en évidence. Les motifs personnels tournent autour de la recherche de sensations ou d’accomplissement. Les motifs sociaux portent sur le partage de l’expérience et la valorisation. Enfin, la transgression de l’interdit et la valorisation sociale du dépassement caractérisent les motifs institués de la prise de risque. Mots clés conduites à risque – représentations – déterminismes – motifs – expérience vécue

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Le 20e siècle a vu émerger une préoccupation croissante à l’égard du risque dans des domaines aussi divers que la technologie, l’économie, la santé, et les pratiques corporelles sportives ou non sportives. Paradoxalement et parallèlement à cette évolution on a pu constater une augmentation sensible des conduites dites « à risque » : une mise en danger du corps, une menace de l’intégrité physique1. L’engouement pour les pratiques à risque a suscité ces dernières décennies de nombreuses recherches dans les divers champs de la psychologie et de la sociologie, pour tenter de décrire et comprendre ce phénomène, éminemment complexe étant donné la diversité de ses manifestations et la pluralité des significations qui lui sont attachées. Il ne s’agit plus seulement de faire un état des lieux

1 D’après l’approche du risque de Marie Choquet, fondée sur des conséquences en terme d’ intégrité physique (ou morale). « Le risque routier chez les jeunes », réalisé par le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie, Paris, Collection des rapports n° 211, septembre 2000, p. 46.

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Étude du sens des conduites à risque actuelles

des différentes prises de risque à l’œuvre dans nos sociétés post-modernes mais de tenter d’accéder au sens qu’elles revêtent pour les individus. Notre étude, dans une perspective compréhensive, porte sa réflexion sur le sens des conduites à risque actuelles en matière de sexualité, de conduite automobile, de consommations dites addictives et de pratiques sportives. Il ne sera pas ici question des risques globaux technologiques, sociaux ou sanitaires qui constituent ce que Beck2 nomme « la société du risque ». Il s’agira surtout de souligner la complexité d’un tel sujet à partir des recherches empiriques exposées dans la littérature, des modèles théoriques pré-existants, et de nos travaux de recherche de type qualitatif.

Le risque : un concept multifacettes

La diversité de ses représentations

Dans sa définition même le concept de risque est loin d’être univoque. Très largement usité dans le langage courant, par le sens commun, et par la communauté scientifique, il renvoie autant au caractère dommageable et dangereux d’un événement qu’à son caractère incertain. Les dictionnaires classiques le définissent en premier lieu comme un « danger éventuel ou prévisible »3. Au delà de cette double référence à l’incertitude et au danger, le concept de risque est ambivalent dans son mode d’existence qui peut être objectif ou subjectif. Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l’objet de recherches de type descriptif telles que l’épidémiologie, qui s’attache à présenter des taux ou des fréquences d’accidents, de dommages, de mortalité recensés, et qui recherche les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social, etc.) pouvant contribuer à l’émergence du risque. Le risque subjectif renverrait quant à lui à l’imaginaire, aux phobies, aux craintes de l’individu, et font du concept de risque une notion non pas figée mais construite : il est alors objet de représentation, qui est l’« acte de pensée par lequel l’individu se rapporte à un objet (et qui) comporte une part de re-construction, d’interprétation de l’objet »4 (Jodelet, 1989, p. 37). Reflet de la subjectivité de l’individu, la représentation du risque devient alors un concept central pour aborder les conduites à risque dans une perspective compréhensive. Là où la seule prise en compte de facteurs relatifs à un défaut d’information, à la méconnaissance du risque encouru, ou à un défaut de raisonnement ne permet d’attribuer qu’irrationalité et dérèglement aux conduites à risque des individus, Jodelet5 montre que la notion de représentation redonne du sens et de la rationalité aux

2 3 4 5 Beck, U., La société du risque, Paris, Aubier, 1986. Le Nouveau Petit Robert, 1993. Jodelet, D. (sous la direction de), Les représentations sociales, Paris, PUF, 1989, p. 37. Jodelet, D., op. cit.

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Cécile MARTHA

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comportements. Quand un individu se représente un risque, il ne se contente pas de le percevoir mais l’assimile à son schéma de pensées, à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social, afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes passés ou à venir.

La mise en parallèle des données objectives et subjectives des conduites à risque

Si la prise en compte des seules données objectives est réductrice et ne permet qu’un état des lieux des formes possibles de prises de risque, à l’inverse, la seule prise en considération du versant subjectif fait l’impasse sur la richesse du lien qui unit les conduites et les représentations du risque. De la sorte, Douglas et Calvez6 étudient les opinions et les perceptions à l’égard du risque du sida à partir de déterminants culturels, mais n’établissent pas de relation avec des conduites de prévention ou des conduites à risque en matière de sexualité. En revanche, des études sur le risque inhérent à la conduite automobile7 envisagent conjointement l’analyse de comportements déclarés en matière de conduites dangereuses au volant et celle des représentations des individus. Elles permettent la mise au jour de corrélations entre les comportements du conducteur, la perception de ses capacités de conduire, et son estimation du danger. Ainsi le sentiment d’être moins vulnérable qu’autrui ou bien meilleur conducteur que la moyenne8, comme une sorte d’« illusion de contrôle », est souvent révélé comme un facteur permissif de la prise de risque. Cette forme de dénégation du danger est généralisable à d’autres domaines de prise de risque comme certaines pratiques sportives. Lyng9 observe ce phénomène chez un groupe de parachutistes qui attribuent les accidents mortels à des erreurs humaines dont eux-mêmes se sentent personnellement à l’abri grâce à un sentiment d’élitisme. La mise en relation des comportements et des subjectivités permet en outre de révéler l’existence possible de décalages entre les risques objectifs et les risques subjectifs que perçoit et se représente l’individu. Dans une étude antérieure sur le risque dans la pratique de l’escalade10, nous avons pu identifier de tels décalages à travers des entretiens menés auprès de 15 grimpeurs experts autour

Douglas, M., Calvez M., (1990) « The self as risk taker : a cultural theory of contagion in relation to AIDS », The Sociological Review, vol. 38, n°3, pp. 445-464. 7 Enquête CREDOC, « Le risque routier chez les jeunes », Collection des rapports n°211, septembre 2000. Enquête SARTRE-INRETS, « Les attitudes et comportements des conducteurs d’automobile européens face à la sécurité routière » 1998. 8 Slovic, P., Fischhiff, B., Lichtenstein, S., « Nous avons mal évalué le risque », Psychologie, septembre 1980, pp. 45-48. 9 Lyng, S., « Edgework : A social Psychological Analysis of Voluntary Risk Taking », American Journal of Sociology, n° 95-4, 1990, p. 859. 10 Martha, C., La place du risque dans la pratique de l’escalade, Mémoire de Maîtrise STAPS, Faculté des Sciences du Sport de Marseille, 2001.

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Étude du sens des conduites à risque actuelles

de leur expérience

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