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Fiche De Lecture: Jeux, Modes Et Masses De Paul Yonnet.

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r le mouvement SOS-racisme, Systemes des sports en 1998, Huit lecons sur le sport en 2004, Famille Tome I : Le recul de la mort ; l'avènement de l'individu contemporain en 2005. Cette courte liste non exhaustive de ses travaux montre son attrait pour la France contemporaine et son désir d'analyser les traits caractéristiques d'une culture propre, qu'il s'agisse du sport, des loisirs ou des mouvements sociaux.

• L'approche de l'auteur à la sociologie.

Yonnet est convaincu que le premier pas vers la connaissance de l'homme est l'analyse de l'expérience personnelle, certitude qu'il tient de sa lecture de Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline. Cette certitude se retrouvera dans ses études sociologiques lorsqu'il a étudié le tiercé dont il était très proche, affirmant qu'il était impossible de concevoir une sociologie depuis l'extérieur d'un phénomène, qui serait encline à produire une multitude de préjugés et se méprendrait sur le sens de ce phénomène. Sa méthode a été qualifiée de « participation observante », soit un renversement des termes de la méthode sociologique d' « observation participante » qui relève selon A.Touraine de « la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition commune ». la qualification de « participation observante » rend compte de l'implication encore plus serrée qu'entretient le sociologue avec son objet d'étude. (« Le sociologue a donc l'obligation scientifique de cultiver la proximité providentielle des phénomènes sociaux. Et ne pas se contenter du voisinage: mais viser leur intériorité. » - Jeux, Modes et Masses. )

Au delà de cela, Yonnet ne peut se résoudre à concevoir la sociologie seulement à travers cette seule discipline, qu'il croise avec l'histoire et l'anthropologie.

II/ L'ouvrage:

Paul Yonnet rédigea plusieurs articles dans la revue Le Débat, sur le jogging, le tiercé et les animaux domestiques, qui seront appréciés de telle sorte qu'on les réunira dans un même recueil intitulé Jeux, Modes et Masses, faisant ici l'objet de cette fiche de lecture.

• Présentation succinte de l'ouvrage.

La société, dans le contexte des Trente Glorieuses que nous avons précédemment évoqué, a connu plus de bouleversements en quarante ans que pendant les deux siècles qui les précédaient. L'ambition du livre de Yonnet est d'analyser le moderne, le contemporain, dans ses formes les plus diverses: le tiercé, le jogging, la pop, punk et rock, les animaux de compagnie et la mode. A travers cette sélection de caractéristiques propres à la société contemporaine, il va tenter de mettre en lumière la signification des phénomènes de mode.

→ Problématique et hypothèses.

Dans la perspective de comprendre ces phénomènes, l'auteur va donc s'interroger: dans quelle mesure le cœur des pratiques sociales de masses constitue-t-il une réponse au contexte politique et économique qui leur est contemporain?

Il construit plusieurs hypothèses afin de répondre à cette problématique, pour chaque phénomène:

→ Le Tiercé est un phénomène social de masse réfutant l'image d'une société non-pacifique.

→ Le Jogging constitue une réponse corporelle à la crise.

→ Le rock, la pop et le punk forment l'internationale adolescente, trop longtemps asservie.

→ Les animaux de compagnie sont une solution aux limites que l'homme éprouve de lui-même depuis les bouleversements sociaux;

→ L'automobile consacre une période d'hyper mobilité et d'indépendance en opposition avec l'immobilité du passé.

→ La mode renouvelle totalement le système du paraître, qui ne se veut plus soumis aux codes, mais entraine une forte responsabilisation.

Afin de vérifier ces hypothèses, l'auteur utilise différentes démarches selon le phénomène étudié, et en tire des conclusions apparemment variées. En gardant à l'esprit le fait qu'il s'agit initialement de différents articles regroupés dans le même ouvrage, il est nécessaire d'étudier chaque phénomène (le tiercé, le jogging, la pop, punk et rock, les animaux de compagnie et la mode) séparément. Intéressons nous donc maintenant à la démarche de l'auteur pour chaque phénomène.

A) Le tiercé.

Yonnet veut tester son hypothèse en analysant de façon minutieuse le phénomène du tiercé, qu'il décortique sous plusieurs angles. Premièrement, il évoque son fulgurant succès en 1974, qu'il appuie par des données empiriques précises récoltées auprès du Pari Mutuel Urbain (PMU).

Mais s'il évoque ce succès, c'est bien pour contraster avec le fait que ce dernier ait d'abord soulevé le scepticisme de plus d'un spécialiste lors de sa création. Yonnet se lance alors dans un tableau des évolutions historiques du tiercé, qui ne prenait guère de place dans la vie des français après sa création en 1954. Une autre manière de procéder de Yonnet est de rapporter les paroles des journaux de l'époque: « le PMU, dans son oeuvre de transformation du jeu de course en attrape-gogos, est insatiable... » Le Figaro, 21 janvier 1954. Il établit par la suite un premier tableau récapitulatif des sommes engagées au pari tiercé et au quarté de 1954 à 1983, afin de rendre compte empiriquement de ces évolutions. On peut y lire par exemple une progression extraordinaire du chiffre d'affaire du tiercé qui se multiplie d'environ 400 de 1954 à 1975, et les principales tendances évoquées précédemment y transparaissent avec clarté.

Yonnet va ensuite mettre en valeur un deuxième aspect de sa démarche personnelle en expliquant que « les sociologues ne jouent pas au tiercé. »: ici transparait la volonté de l'auteur de s'imposer l'expérience personnelle afin de comprendre un phénomène depuis son cœur même. Il essaye de se détacher des «prénotions traditionnelles des sociologues attachées aux jeux d'argent et de hasard ».

L'auteur va ensuite continuer son étude, en s'appliquant à définir les caractéristiques précises du jeu lui-même. Les principaux grands traits du tiercé sont: le fait qu'il ne s'agisse pas d'un jeu de hasard, puisque les parieurs connaissent les chevaux, que le pronostic constitue une création en lui-même, qui dépend d'une interpretation personnelle sur les conditions de la course, et dont les joueurs sont libres de partir tout comme d'entrer dans le jeu.

Après avoir défini le jeu, il s'agira pour l'auteur de récolter des informations sociales à propos des joueurs. Ainsi, il établira qu'il y a très peu d'agriculteurs, peu d'inactifs, un peu plus de patrons. Le tiercé se pratique entre 22 et 60 ans, et compte une proportion forte de joueurs réguliers. Il établit par la suite un tableau retraçant la répartition socioprofessionnelle des clients de la loterie nationale et des joueurs de tiercé, puis celle des adultes selon la fréquence à laquelle ils pratiquent le tiercé et la loterie.

Enfin, il apprécie les tiercéistes en tant que foule, qu'il qualifiera de société d'anonymes n'étant pas obligés d'avoir une histoire pour jouer, puis il caractérise les foules sportives commes soumises à un maitre ou à la nation avant de distinguer celle des tiercéistes de cette dernière, qui n'est traversée d'aucun lien affectif vertical ni horizontal, soumise à aucune idée directrice, qui reçoit en cela la qualification d'anti-foule, ou anti-horde.

Après avoir minutieusement défini ces perspectives du tiercé, Yonnet va tenter de démontrer que parier, c'est voter, et que le tiercé est bien un simulacre du suffrage, en analysant les formes du pari qu'il considère comme reproduisant des conditions d'exercice du suffrage universel, invitant des agents sociaux individuellement considérés à s'exprimer, en matérialisant le nom du candidat concurrent qu'il valide lors d'un passage devant l'urne (le bureau de vote étant le guichet du PMU.) Il effectue par la suite un retour au contexte d'émergence du tiercé à la fin de l'article, qu'il considère comme directement hérité de l'avènement de la société de loisirs, qui s'est opéré à travers l'expansion du salariat au détriment de l'agriculture, « la fin des paysans » tel que l'affirme Mendras, ce qui fait du dimanche le jour de loisir désigné de la semaine, que le tiercé se chargera d'occuper.

Au final, Yonnet embrasse toutes les informations qu'il a récoltées pour les interpréter et en déduire que le Tiercé est un phénomène de masse majeur, comme le prouve son succès, qui ne vise pas l'excellence, comme le montrent les caractéristiques mêmes du jeu et des gains, mobilise des anti-hordes que ne motive aucun chef, aucune passion verticale ou horizontale, comme le montrent les origines sociales des joueurs, où ceux-ci sont libres d'entrer et sortir et parfaitement différents les uns des autres, souhaitant exercer un simulacre

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