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Histoire De La Nrf

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s en 1895 par un écrivain lyonnais Edouard Ducoté: revue de transition entre le symbolisme et le naturalisme, elle accueille les œuvres critiques et littéraires de Gide et de ses amis. Gide et Ghéon entrent au comité de rédaction en 1898 avec leurs amis Francis Jammes, Francis Vielé-Griffin et Emile Verhaeren. Mais la revue peine à trouver son équilibre. Une nouvelle organisation est adoptée en 1905 avec deux co-directeurs : Gide et Rémy de Gourmont mais ils échouent : fin de parution de l’Ermitage en 1906.

Alors, au printemps 1908 Gide et ses amis se réunissent dans le but de créer une nouvelle revue littéraire: la NRF est née. Montfort est choisi pour prendre la direction de la revue. Le tout premier numéro de la NRF parait le 15 novembre 1908. Mais il y a eu quelques dissensions au sujet de deux articles où l’un faisait l’éloge de l’écrivain Gabriele d’Annunzio et où l’autre critiquait l’œuvre de Mallarmé. Gide et ses amis s'indignent de cela et décident de reprendre à leur seul compte l'édition de la revue pour sortir un second numéro un le 1er février 1909, marquant la naissance officielle de La NRF, « revue mensuelle de littérature et de critique ».

Dès lors, la revue paraît tous les mois et parmi ses premiers collaborateurs, outre ses fondateurs, on citera Romain Rolland, André Suarès, Paul Claudel, Léon-Paul Fargue, Valéry Larbaud et Jacques Rivière.

De mai 1912 à août 1914, Jacques Copeau en assure la direction - à la suite de Jean Schlumberger - et Jacques Rivière, son secrétariat (janvier 1912-août 1914). Elle publie Alain-Fournier, Guillaume Apollinaire, Francis Carco, Jean Giraudoux, Marcel Proust, André Spire, Paul Valéry, Roger Martin du Gard... La première guerre mondiale disperse les auteurs. La revue s'arrête en septembre 1914 et ne reprend qu'en juin 1919, sous la direction de Jacques Rivière, bientôt assisté par Jean Paulhan, qui lui succèdera en 1925.

2) l’ambition de la NRF

La NRF a fêté ses 100 ans d’existence en 2009, ce qui est rare pour une revue littéraire. Comment explique-t-on cette longévité ?

Les fondateurs de la NRF, dès l’origine, avaient deux convictions : d’abord qu’il n’y avait pas de métier plus noble que celui d’écrivain et ensuite que la littérature française était la plus importante du monde. A partir de là, ils reconnaissent à l’écrivain des droits . Ils se prétendent hommes de goût : au moment où ils reconnaissent qu’un écrivain a du talent, ce dernier a le droit de tout dire.

Ainsi, pour la NRF, la littérature a tous les droits. Rien ne lui est opposable. Ni la religion ni la politique, ni les mœurs ni la morale, ni la tradition ni la mode. La parole de l’écrivain y est libre, jamais soumise. Seuls comptent l’intensité d’écriture et son pouvoir de révélation au-delà de toute doctrine et « préoccupation » qui la limiterait. « Sans prévention d’école ni de parti », telle fut La NRF selon Jacques Rivière.

Cette manière d’acte de foi a guidé l’histoire de la revue et définit sa position centrale au cœur de la littérature universelle du XXe siècle. C’est ce qui justifie son extraordinaire pouvoir d’attraction, accueillant en ses sommaires les plus grands noms de la littérature contemporaine française mais aussi européenne. Ainsi, la revue ne se base pas sur une communauté d’âge ou de tendances, mais elle entend regrouper les défenseurs de la littérature pure autour d’une même conception du métier littéraire.

Les fondateurs de la NRF regroupent ainsi les meilleures conditions pour faire de la NRF une revue prestigieuse et durable. Agés entre trente et quarante ans, ils ont fait leurs preuves en tant que critiques et écrivains : la plupart d’entre eux ont publié des romans ou des poèmes, tous ont collaboré à des revues littéraires. Cette expérience ne leur a pas seulement valu des compétences pratiques, mais aussi des relations dans le monde littéraire et du prestige artistique.

Dès le départ, les fondateurs entrent en rapports avec les autres revues littéraires, notamment en montant un système d’échanges : en commentant les publications des autres, les revues peuvent se

rendre mutuellement service et entrer en dialogue. De cette manière, les rédacteurs de la NRF veulent créer des alliances stratégiques avec d’autres groupes littéraires. Ainsi, ils entretiennent des relations courtoises avec le Mercure de France, qui est un de leurs principaux modèles.

Bien que les fondateurs de la NRF n’aient pas l’ambition d’atteindre un public de masse, ils espèrent bien recruter quelques milliers d’abonnés. la revue s’adresse à un public lettré, composé surtout d’hommes de lettres mais aussi d’enseignants et d’autres gens cultivés.

De la revue naîtront en 1911 les Éditions de la NRF, placées sous la responsabilité de Gaston Gallimard à la demande de ses créateurs : André Gide et Jean Schlumberger. Il s’instaure une coopération très efficace qui permet aux fondateurs de la NRF d’éditer leurs propres ouvrages et de promouvoir les écrivains qu’ils admirent. Pour la première fois, il semble possible d’allier légitimité artistique et viabilité commerciale. Désormais, la NRF pourra gagner un public plus large à sa conception de la littérature. Ainsi, Les Editions de la NRF engagent la concurrence avec les autres maisons d’édition, notamment avec celle de Bernard Grasset, Gallimard l’emportera souvent sur son rival : beaucoup d’auteurs découverts par Grasset passent ensuite à la NRF. L’itinéraire de Marcel Proust est exemplaire : après avoir essuyé le refus de la NRF de publier A la Recherche du Temps Perdu, Proust publie son premier volume chez Grasset, mais il rallie la maison de Gide dès qu’il le peut.

Ainsi, commencée comme une petite revue, la NRF devient vers 1913-1914 une revue de taille moyenne. Si son audience reste encore limitée, les réactions des autres revues littéraires prouvent que la NRF acquiert rapidement un grand prestige artistique fondé sur la qualité de ses textes.

Quand on regarde l’évolution de la NRF entre 1908 et 1914, on voit que l’équipe s’ouvre graduellement aux apports venus de l’extérieur et que le contenu de la revue se diversifie en même temps.

II) L’entre-deux-guerres

1) Un aspect politique

Parmi les revues plus ou moins politisées, la NRF occupe une place éminente et originale. C’est le phare littéraire de l’entre-deux-guerres. Fondée en 1909 dans un esprit opposé à celui du symbolisme, elle reparait en 1919 après la fin de la guerre. C’est d’abord Jacques Rivière qui la dirige jusqu’à sa mort en 1925, puis elle est prise en charge par Jean Paulhan qui deviendra officiellement directeur en 1934. Elle tient à maintenir le principe d’autonomie de l’art et de la littérature par rapport à la vie sociale. Son rayonnement vient de ce qu’elle sait allier le respect de certains principes ‘’classiques’’ d’équilibre et de discipline avec un esprit d’ouverture à la littérature étrangères comme aux expériences modernes. Rivière s’y montre attentif à Proust comme à Dada ou à Freud. Autour d’elle se développe donc ce ‘’classicisme moderne’’ auquel on aspirait dès avant 1914 et qui trouve son âge d’or au cours de l’entre-deux-guerres.

Contre les engagements partisans qui règnent à l’extrême droite (le Parti de l’Intelligence) comme à l’extrême gauche, la NRF (Clarté), la NRF, elle, va vouloir représenter une attitude purement spéculative. Dès le premier numéro de juin 1919, Rivière exige de ses collaborateurs qu’ils soient des ‘’écrivains sans politique’’ et des ‘’citoyens sans littérature’’. Mais ce mouvement de ‘’démobilisation’’ ne peut empêcher l’écroulement des tours d’ivoire. Ainsi, tout en voulant s’abstenir de prendre parti, la NRF elle-même, s’ouvre, dès les années 20, aux questions politiques (par exemple celle des relations franco-allemandes). Gide, pour sa part, si méfiant à l’égard de l’idéologie, écrit sur ce sujet, dès 1927, avec Voyage au Congo, il sera amené à dénoncer les méfaits du colonialisme et finira au début de la décennie suivante par déclarer sa sympathie pour le régime communiste.

C’est que, au cours des années 30 – avec la crise de 1929, les événements de février 1934, le Front populaire, la guerre d’Espagne, la montée du fascisme et les risques d’un nouveau conflit, la politique joue un rôle de plus en plus grand dans la vie intellectuelle. C’est ainsi que la NRF publie en décembre 1932 un Cahier de revendications auquel collaborent onze intellectuels venus d’horizons différents, tous préoccupés par la crise de la société bourgeoise. En avril 1934, c’est la fameuse ‘’Lettre ouverte à André Gide’’, où Ramon Fernandez, indigné par les émeutes de Février, revient sur les réserves qu’il avait formulées en 1933 à l’égard de l’engagement communiste de Gide et déclare choisir ‘’le camp des portes-monnaies vides’’. De même, le numéro de novembre 1938 prendra position contre les accords de Munich. La NRF tend vers des positions de gauche bien que l’ouverture d’esprit de Paulhan cherche à y maintenir un certain éclectisme.

Le cas de la NRF, investie par la politique, est symptomatique d’une évolution plus générale : l’écrivain tend de plus en plus à ne pas se considérer comme un artiste mais comme un intellectuel qui témoigne et

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