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Iledesesclaves

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nsi Arlequin ne trouve guère à souligner dans le portrait de son maître que quelques extravagances (scène V), et Cléanthis ne sait condamner chez Euphrosine que l'affectation et la coquetterie (scène III).

3 - Le but assigné par Trivelin aux épreuves que les maîtres vont subir est une sorte de rééducation de la générosité, de rappel à la bonté, et non un renoncement au pouvoir. Il peut ainsi l'exposer à Euphrosine : "On espèrera que, vous étant reconnue, vous abjurerez un jour toutes ces folies qui font qu'on n'aime que soi, et qui ont distrait votre bon cœur d'une infinité d'attentions plus louables."(scène IV).

4 - L'épreuve imposée aux maîtres est aussi destinée aux esclaves : Trivelin félicite ceux-ci à la fin de la pièce d'avoir su pardonner car, dit-il, "nous aurions puni vos vengeances, comme nous avons puni leurs duretés" (scène XI). Déjà il avait invité Cléanthis à se modérer dans ses récriminations (scène III).

5 - L'inversion des rôles ne vise pas à donner aux esclaves de réels pouvoirs. Ils n'auront qu'une latitude de parole et Trivelin sait d'emblée prévenir Arlequin : "Souvenez-vous en prenant son nom, mon cher ami, qu'on vous le donne bien moins pour réjouir votre vanité, que pour le corriger de son orgueil"(scène II).

6 - Le propos de Marivaux paraît souvent misogyne. Il se fait l'écho en tout cas de certains stéréotypes concernant la coquetterie féminine. Ainsi Trivelin justifie que l'épreuve soit particulièrement appuyée pour Euphrosine en lui rappelant qu'elle est "d'un sexe naturellement assez faible, et que par là [elle a] dû céder plus facilement qu'un homme aux exemples de hauteur, de mépris et de dureté." (scène III).

7 - En déplaçant l'époque de son apologue dans la Grèce antique, Marivaux le dépouille de ses allusions contemporaines et le situe sur le plan de l'universel. Ainsi les conditions proprement politiques de l'oppression des esclaves sont évacuées au profit de conditions morales et psychologiques.

8 - C'est la sensibilité qui, dans la pièce, est à l'origine de la réconciliation générale et non un réel progrès social. Arlequin a "perdu la parole" à partir du moment où il est touché par la détresse d'Euphrosine (scène VIII) et il ne sait pas résister aux accusations d'ingratitude dont l'accable Iphicrate (scène IX). Avec lui, c'est le cœur qui triomphe, et le nouveau contrat qui s'établit laisse le spectateur sceptique quant à sa durabilité.

9 - L'idéal auquel Marivaux reste fidèle est celui de l'honnête homme du XVII° siècle : homme de bonne société, il manifeste sa raison et sa modération en toutes choses. C'est bien à ces vertus qu'on encourage les maîtres comme les valets. Cléanthis elle-même, après un réquisitoire assez violent contre le pouvoir aristocratique, recommande ces qualités qui ne le mettent jamais en cause : " Il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il nous faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre."(scène X).

10 - On peut aller jusqu'à affirmer que l'entreprise de Trivelin est un échec : la durée prévue pour les épreuves est loin de correspondre au très vague temps théâtral de la pièce. Il nous manque un duo Cléanthis-Iphicrate que n'aura pas permis l'interruption brutale qu'Arlequin fait subir à l'expérience (scène IX).

11 - Au fond la paix sociale pourrait être garantie par la vertu. C'est à cette morale qu'Arlequin invite Cléanthis en vantant la valeur du repentir : "Allons, m'amie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du

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