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J.-M. G. Le Clézio, "La Ronde"

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e à travers le champ lexical de l'urbain, avec des termes comme "immeubles", "rue", "la chaussée", "le carrefour" et "les maisons", "l'asphalte", force est de constater que cette description est avant tout celle d'un endroit banal qui semble a priori "sanszze histoires", un endroit dont on se demande en quoi il peut constituer le cadre propice à un récit littéraire.

Ainsi, il est aisé de voir que le réalisme de la scène est dû en grande partie à l'aspect banal d'une ville qui n'est guère idéalisée. Le lecteur n'a pas besoin ici d'imaginer des espaces rêvés et fictifs, il se trouve face à un cadre familier, banal, un cadre qui sied davantage à une scène de la vie quotidienne qu'à un récit littéraire. La ville apparaît, en effet, à travers "le vide des rues", auquel fait écho "la rue vide", les "immeubles blancs" ou bien la personnification "lumière cruelle" qui ne fait peindre cette ville en des couleurs sombres et monotones. Tout y est serré : les rues sont étroites, les hommes "embusqués", "cachés", les yeux "étrécis", les rues s'enchaînent ("Il traverse une rue, une autre rue"), l'odeur qui domine est celle du "gaz", odeur irrespirable, puis on trouve la chaleur, celle de la synesthésie "bruit chaud", ou du "vent chaud qui souffle". Si le vent, en général, permet de rafraîchir et de brasser l'air, la chaleur du vent évoque ici l'irrespirable et il pèse sur la ville fermée, que symbolisent les "portes cochères". L'absence de vie domine donc ce cadre spatial morne, banal, un cadre où seul un objet tel que "la peau noire" d'un sac à main paraît "vivant", et le narrateur de préciser, par une construction qui met en relief cette singularité, que "Seule" cette peau paraît vivante, une emphase qui s'appuie sur la personnification, la peau étant ici le cuir, simple matière inerte. La ville n'est faite ainsi que d'objets sans vie : l'accumulation "ces immeubles, ces arbres, ces squares, ces carrefours" noie la matière végétale dans le décor urbain et enlève toute vie à la ville. Un tel endroit semble donc être un cadre très éloigné de celui qui permettrait de raconter une histoire extraordinaire, celle qui fait rêver : en choisissant un tel cadre, Le Clézio témoigne bien d'une volonté d'inscrire son récit dans une perspective réaliste qui, fidèle à la tradition de Balzac, Stendhal ou Zola, refuse toute idéalisation de la réalité.

Enfin, nous pouvons considérer que le style de narration, proche du journalisme et rapportant des détails en apparence insignifiants, confère lui aussi à cette nouvelle un caractère réaliste. En effet, le narrateur s'efface devant les événements racontés, voulant ainsi être le plus objectif et le plus neutre. Le choix de la troisième personne du singulier va, bien entendu, dans ce sens : absent de l'histoire, le narrateur laisse toute place à Titi, Martine, le chauffeur routier et la dame en tailleur. De même, le présent de narration ou d'instantanéité, utilisé tout au long de la nouvelle, donne une tonalité dramatique qui semble réduire le travail narratif à un degré minimal : le narrateur rapporte plus qu'il ne raconte. On le voit à travers les détails comme "elle balance un peu son sac à main", "elle vient de consulter sa montre pour la troisième fois", dignes d'un récit journalistique qui suit les événements "à chaud". De plus, le moindre mouvement du chauffeur est rapporté, avec "le chauffeur se penche", "il sent la fatigue et la faim", "il plisse les yeux" etc. Le narrateur ne semble pas vouloir embellir son histoire ou travailler le style : par moments il se contente d'une phrase

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