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L'Albatros Dom Juan

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er et les huées (vers 14 15).

II- Un univers soumis à de fortes tensions

A- Le jeu des antithèses

-----Le jeu des antithèses

Le poème de Baudelaire donne de l'albatros deux visions radicalement opposées : autant l'oiseau en vol est un oiseau majestueux à l'allure souveraine désigné par la périphrase du vers 16 : " les rois de l'azur ", autant lorsqu'il se pose il paraît ridicule : - les " ailes " du vers 7 qualifiés des deux épithètes " grandes " et " blanches " ? " les avirons (vers 8) ; - la beauté du vers 10 ? la laideur du vers 10 ; - du vol royal (vers 3), on passe au boitement de l'infirme (vers 12). Ces oppositions sont soulignées par des antithèses : - " roi " (vers 6) ? " maladroit " et " honteux " (vers 6) ; - le " voyageur ailé " (vers 9) ? "gauche " et " veule " (vers 9) ; - " naguère si beau " (vers 10) ? " comique " et " laid " (vers 10) de plus, ici, la rime intérieure croisée associe encore à l'idée de l'albatros celle d'un animal ayant perdu son rang et son titre de " roi " ; - " infirme " ? " volait " (vers 12).

B- Le jeu sur les sonorités

---- Les sonorités

Le jeu sur les sonorités renforce le contraste. La majesté de l'oiseau en vol est rendue par l'assonance en " en " (vers 1, 2, 4, 13, 14, 16) et l'allitération en "v" (vers1, 2, 3, 4). La déchéance de l'albatros se traduit sur le plan phonétique par une sorte de dégradation et l'assonance en "en" est désormais associée à des mots dont le sens ou les connotations sont négatives ou péjoratives. Le destin funeste de l'oiseau est prédit par l'allitération en "s" du vers 4 : "gouffres amers". La troisième strophe accumule des sonorités qui produisent un effet désagréable avec l'assonance en "e", assonance déjà présente dans la strophe précédente avec "eu" de "honteux" au vers 6, "piteusement" au vers 7, "à coté d'eux" au vers 8 et l'allitération en "c" et en "gu" comme "gauche" au vers 9 et la cacophonie " comique et laid " du vers 10. Ainsi, le jeu des sonorités accentue la différence de l'animal au fur et à mesure du poème ce qui est renforcé par la disposition en chiasme des sonorités du vers 11.

C- Le mouvement des phrases

---- Le mouvement des phrases

Il prend une valeur descriptive. On notera en particulier :

- Une ample phrase, bien balancée pour présenter l'oiseau en vol dans la première strophe ;

- Une nouvelle phrase dans la deuxième strophe très ample mais cette fois avec une nuance d'ironie pour présenter l'oiseau posé sur les planches ;

- Dans la troisième strophe, une série de trois phrases exclamatives plus courtes, au rythme plus haché pour traduire la souffrance de l'albatros ;

- Dans la quatrième strophe, une phrase en deux parties qui explique la dimension symbolique de la comparaison avec l'oiseau, il récapitule l'opposition.

III - Les symboles d'une chute

A- Une image symbolique

---- L'image de la chute

A prendre au sens physique et au sens moral du terme, la chute du poète oiseau est suggérée par des images symboliques : perdant la liberté dont il jouit quand il " hante la tempête " (vers 14). C'est une métonymie du climat pour désigner le lieu, il est désormais prisonnier des " planches " au vers 5, synecdoque pour désigner le pont du navire. On note le caractère ridicule de l'oiseau lorsqu'il est en dehors de son élément car un roi sur une planche, ce n'est pas sa place. L'anacoluthe des deux derniers vers (" exilé " est au masculin singulier, on attend donc un sujet au masculin singulier mais on a " ses ailes " qui est au féminin pluriel) accentue le déchirement du poète entre ses deux vies : celle de la réalité et celle de l'idéal. L'art est pour Baudelaire une affaire personnelle : le poète ne se mêle pas au public vulgaire. Leurs cultures sont trop éloignées. Le poète doit donc s'exiler, être seul et cette singularité s'est cristallisée dans le symbole de l'albatros.

B- La portée des images

---- La portée des images

L'albatros est désigné par les expressions suivantes : des périphrases au x vers 2, 3, 6, 9, 13, 19 qui ont toutes une valeur emphatique : de périphrase en périphrase, c'est tout l'aspect majestueux et souverain qui est déployé. La dernière strophe développe la comparaison entre le poète et l'albatros. C'est la même souveraineté dans la solitude mais c'est la même déchéance lorsqu'il redescend au niveau de l'humanité vulgaire. La comparaison entre l'oiseau et le poète permet de dégager la signification allégorique du poème : comme l'albatros,

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