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La création d’emplois par les investissements directs étrangers au Maroc: un apport limité à la réduction du chômage et des flux migratoires

Youssef El Wazani *, Malika Souaf **

Introduction

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Depuis quelques années, les politiques économiques nationales des pays du Sud (Pays de l’Afrique du Nord, Pays de l’Afrique Subsaharienne, Amérique Latine) sont orientées vers la promotion des investissements étrangers, la libéralisation de leurs économies et l’engagement dans un processus de privatisation. Ces politiques ont pour objectif, non seulement de mettre à niveau les entreprises du Sud et de les préparer à la mondialisation, mais aussi de rééquilibrer la balance des paiements par l’augmentation des exportations. Ces orientations stratégiques doivent également permettre la création et la génération de nouveaux emplois, le changement du statut social des employés en général, et l’arrêt des flux migratoires en particulier. Les politiques d’attraction des investissements étrangers se sont essentiellement basées sur la communication autour des bénéfices des délocalisations, des rachats d’entreprises, de la création d’entreprises par l’exploitation des ressources locales, ou l’exploitation de nouveaux créneaux non encore développés, en insistant sur la faiblesse des coûts de production dans les pays du Sud, par comparaison avec ceux des pays du Nord. Ces arguments, en particulier la comparaison des structures de salaires, ont pu séduire les entreprises étrangères, alors que l’investissement étranger représentait pour les pays du Sud une possibilité d’absorption des effectifs importants de chômeurs, et, pour la main-d’œuvre de ces pays, une perspective d’accroissement des salaires, qui bien que modeste en termes absolus, pouvait apparaître importante en termes relatifs. Attirer les investissements directs étrangers (IDE) et tirer avantage de leur présence sur leur territoire est devenu de la plus haute priorité pour les gouvernements, encouragés par la Banque mondiale [Deblock, 2004]. Néanmoins, les

* Enseignant-Chercheur, Université Ibn Zohr, École Nationale de Commerce et de Gestion, 37/S, QR SALAM, 80000 Agadir, Maroc, yel_wazani@hotmail.com. ** Enseignant-Chercheur, Université Ibn Zohr, École Nationale de Commerce et de Gestion, 37/S, QR SALAM, 80000 Agadir, Maroc, malikasouaf@yahoo.fr.

Autrepart (37), 2006, p. 19-35

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Youssef El Wazani, Malika Souaf

efforts déployés dans ce sens n’ont pas abouti: alors que les investissements étrangers s’orientaient davantage vers les pays développés, les effets que l’on pouvait escompter des investissements effectivement réalisés ne se sont pas matérialisés, dans la majorité des pays en développement [CNUCED, 2005]. Les efforts déployés par les pays du Sud pour une meilleure attraction des investissements étrangers conduisent à s’interroger sur leur impact sur ces pays. Quelle est la portée de ces IDE? En quoi consistent-ils? Quel est leur impact sur l’économie? Ont-ils contribué à la réduction de la pauvreté, à la création d’emplois, au développement de structures productives? Nous serons amenés, pour tenter de répondre à ces questions, à revenir, dans le cas du Maroc, sur les déterminants des investissements directs étrangers et les théories qui les expliquent. C’est dans ce cadre d’analyse et en nous basant sur nos enquêtes auprès des centres régionaux d’investissement créés spécialement pour la promotion des investissements au Maroc que s’inscrit notre contribution 1. Nous nous attacherons à montrer les effets de l’investissement étranger sur la structure des emplois au Maroc, sur la lutte contre l’immigration des cerveaux et l’immigration clandestine. Pour ce faire, nous analyserons les emplois créés au Maroc par les investissements étrangers et les rapporterons aux flux migratoires de Marocains vers les pays du Nord.

Les investissements directs étrangers au Maroc

À l'instar des autres pays du sud, le Maroc a mis en œuvre un certain nombre de politiques visant à attirer les investissements étrangers sur son sol et mis en œuvre à partir du milieu des années 1980 un programme d’ajustement structurel, sous l’impulsion de la Banque mondiale. L’adoption de ces politiques lui ont permis de se classer parmi les premiers pays africains destinataires des investissements étrangers à destination de l’Afrique en termes de stock sur la période 1999-2000, soit une entrée de 2279 millions de dollars en 2003 [CNUCED, 2005]. Cependant, en termes de flux, les IDE à destination du Maroc se caractérisent par une grande volatilité liée à l’importance dans ces flux d’opérations ponctuelles de privatisations et de rachats. Au regard des déterminants du rôle et de l’impact des investissements étrangers sur les pays en voie de développement, nous essaierons de revenir sur les conditions de développement de ces politiques et leurs fondements théoriques pour analyser ensuite dans quelle mesure les IDE ont bénéficié au Maroc en matière de créations d’emplois et de réduction de chômage.

1. Enquêtes réalisées dans le cadre des travaux de recherche de l’Observatoire Régional des Métiers de l’Entreprise, ORME, Université Ibn Zohr, pour le compte du Conseil Régional de Souss Massa Draâ, 2002-2004.

Autrepart (37), 2006

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La création d’emplois par les investissements directs étrangers au Maroc

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Les investissements directs étrangers: un facteur de développement des pays du Sud?

La migration des emplois vers le sud constitue actuellement une préoccupation majeure pour les pays développés comme pour ceux en voie de développement. Pour les premiers, fermeture d’usines et délocalisation engendrent des pertes d’emplois et une augmentation du taux de chômage Le contexte dans ces pays est, paradoxalement à la fois une situation de pénurie d’emploi et de diminution de la population active à partir de 2006 [OREM, 2005]. Les pays du Sud disposent au contraire d’un avantage comparatif à travers l’abondante maind’œuvre à faible coût dont ils disposent. Pour les entrepreneurs du Nord, qui se placent dans une logique de maximisation des bénéfices et de minimisation des coûts, les pays du Sud représentent des opportunités en termes de richesses à exploiter et de marchés à conquérir. La mondialisation offre ainsi de nouveaux marchés à exploiter, combinant une demande solvable croissante et une maind’œuvre bon marché. Soucieux des problèmes qui pèsent sur leurs économies, au nombre desquels on peut citer des taux de chômage élevés, des déficits budgétaires, des déséquilibres de balance des paiements, la dette, et la forte concurrence étrangère, conscients des avantages que présentent leurs ressources naturelles et humaines, les pays du Sud ont adopté à partir des années 1990 des politiques et stratégies d’ouverture de leurs marchés intérieurs aux entreprises étrangères. Ces politiques ont été encouragées par les recommandations du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et encadrées par les termes de la conditionnalité de l’aide et des crédits accordés par ces institutions, en particulier dans le cadre des programmes d’ajustement structurel. Il est attendu de la part des IDE un apport conséquent de devises étrangères, la création de nouveaux emplois, le développement des infrastructures via l’implantation d’unités de production sur le territoire national, l’internalisation de compétences étrangères pour certains produits ou services (label, marque 2), un meilleur positionnement sur le plan international, la mise à niveau des entreprises nationales et la création de réseaux de partenariats et de franchises. Autant de variables qui expliquent l’encouragement des politiques d’attraction des investissements étrangers par les institutions internationales, en particulier la Banque mondiale (BM), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Jusqu’à récemment il existait donc un consensus sur les bienfaits du commerce international des produits et des facteurs sur le développement économique. Cependant, après deux décennies de mise en œuvre des programmes de libéralisation commerciale et l’évaluation des expériences menées dans un certain nombre de pays en voie de développement, les résultats sont décevants: les pays concernés

2. C’est le cas des activités touristiques où le nom de certaines chaînes hôtelières joue un rôle important dans le marketing touristique et le développement des sites où elles sont implantées: Groupe Accor, Club

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