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La Démographie

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du monde influent sur la géopolitique planétaire. En d'autres termes, les rapports entre les États, entre les différentes aires géopolitiques, peuvent-ils résulter de facteurs démographiques ? Étudier les rapports entre démographie et géopolitique revient donc à s'intéresser en premier lieu au problème du développement, puisque de celui-ci dépend l'influence d'un pays et les rapports qu'il peut entretenir avec les autres États (I.) ; puis à celui des activités économiques dans le cadre d'une mondialisation croissante (II.) ; et enfin aux problèmes des migrations de population (III.).

I. Données démographiques et développement

Le niveau de développement d'un pays ou d'une région est difficile à mesurer. Des indicateurs sociaux ou économiques, comme l'IDH (indicateur de développement humain) qui associe l'espérance de vie, le taux d'alphabétisation et le revenu par habitant, montrent l'inégal développement dans le monde. Les données démographiques jouent un rôle non négligeable dans ces inégalités. Ainsi le modèle théorique de la transition démographique permet d'expliquer les inégalités entre les différentes parties du monde. Tout pays passe au cours de son histoire d'un régime initial où la natalité et la mortalité sont fortes à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles (pays développés). Entre les deux, on constate que la mortalité baisse plus vite que la natalité, en particulier grâce aux progrès sanitaires et médicaux. Dans le cas des pays d'Afrique, qui en sont à peine au stade intermédiaire, l'accroissement naturel est fort, surtout à cause de la fécondité.

Les données démographiques ont donc un impact réel sur le niveau de développement. Ainsi, en Afrique, le taux de natalité moyen calculé par l'ONU pour 2007 est de 36 ‰, alors qu'il est de 10,3 ‰ en Europe. Pour la mortalité infantile (nombre d'enfants morts avant l'âge d'un an), les écarts sont encore plus conséquents (86,2 ‰ en Afrique, 8,3 ‰ en Europe). Si l'on prend en considération l'espérance de vie à la naissance, le constat est le même : 52 ans en moyenne en Afrique contre 75 ans en Europe. Dans les pays très développés comme le Japon, on atteint même 82 ans.

Le malthusianisme démographique se propose donc de réduire l'accroissement des naissances pour élever le niveau de développement. Mais le recours aux pratiques anticonceptionnelles volontaires se heurte parfois à des obstacles culturels forts : dans certains pays d'Asie ou d'Afrique, la famille nombreuse garantit des ressources supplémentaires. En Chine, la mise en place de mesures coercitives (« politique de l'enfant unique ») commence à porter ses fruits, mais le pays compte encore plus de 1,3 milliard d'habitants. En outre, ce dispositif a des conséquences désastreuses sur la société chinoise, où les filles ne sont pas les bienvenues. En Inde, les mesures de stérilisation volontaire, qui ont réduit de manière significative le nombre de naissances, sont aujourd'hui abandonnées.

Dans les pays riches, les données démographiques (faible natalité et faible mortalité) ont incontestablement permis un haut niveau de développement. Mais se pose alors un autre problème, celui du vieillissement de la population. Le renouvellement des générations n'est plus assuré dans de nombreux pays d'Europe. La France est, avec l'Irlande, le pays européen où la fécondité reste la plus forte.

Ainsi, on voit bien comment le niveau de développement est fortement relié aux dynamiques démographiques. On comprend alors que les capacités d'influence d'un pays développé seront plus importantes que celles d'un pays en développement, et qu'en conséquence, la puissance géopolitique des États ne sera pas la même. Mais un autre critère intervient pour comprendre les rapports actuels entre États et leurs capacités d'influence : l'économie. Quels liens peut-on faire entre les données démographiques et les activités économiques dans le cadre d'une mondialisation de plus en plus présente ?

II. Dynamiques démographiques et activités économiques

L'organisation géopolitique du monde est aujourd'hui fortement influencée par l'économie. Le modèle de la Triade (Amérique du Nord, Europe, Asie pacifique), qui domine l'économie mondiale, reste incontestable. Les pays riches à économie de marché possèdent une population qui augmente peu, où natalité et mortalité sont stabilisées, où l'accroissement naturel est faible. C'est une population complètement alphabétisée, au niveau de vie élevé et qui dispose d'équipements sanitaires et médicaux satisfaisants. L'espérance de vie à la naissance dépasse bien souvent les 80 ans. La mortalité est davantage liée à de nouveaux maux de société, comme l'alcoolisme, par exemple en Russie. Les maladies cardiovasculaires sont liées au stress et à une alimentation trop riche. Cela dit, si les grands pôles de puissances mondiaux que sont l'Europe de l'Ouest, les États-Unis et le Japon conservent une avance non négligeable dans le domaine économique, et en particulier dans les secteurs de la haute technologie, de nouveaux espaces offrent un dynamisme économique de grande ampleur. On pense évidemment à la Chine et, dans une moindre mesure, à l'Inde.

La Chine abrite la population la plus nombreuse de la planète (1,3 milliard d'habitants), une main-d'œuvre abondante pour les industries qui s'implantent, toujours plus nombreuses, dans les régions littorales. La Chine fabrique l'essentiel des biens de consommation vendus dans le monde : on la surnomme « l'atelier du monde ». Le textile (vêtements, chaussures), le matériel électronique grand public (télévisions, électroménager, matériel informatique) inondent les marchés mondiaux. La main-d'œuvre, nombreuse et docile, accepte des conditions de travail contraignantes (10 heures de travail par jour, salaires peu élevés, peu ou pas de protection sociale). Ce développement économique induit aussi des dynamiques spatiales de la population : les Chinois des campagnes gagnent les villes pour trouver un emploi dans les nouvelles unités de production. Une partie de ces usines appartient à des sociétés multinationales étrangères ayant délocalisé leurs fabrications. L'abondance de la main-d'œuvre fait de la Chine un pays émergent, ce qui modifie les rapports de force avec les États de la région. Son économie en pleine croissance renforce son influence auprès de ses voisins de l'Asie pacifique. Au plan mondial, la Chine est l'un des cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui traduit son poids diplomatique, incontestablement lié à son poids démographique.

Quand on évoque les données démographiques, l'exemple de l'Inde est aussi couramment utilisé : une population nombreuse (1,1 milliard d'habitants), une forte fécondité (près de 20 millions d'habitants de plus chaque année), des conditions sociales très contrastées, et pourtant, l'Inde dispose de fortes potentialités économiques. On cite volontiers ses réussites en matière d'ingénierie informatique : le pays forme chaque année des milliers d'ingénieurs informatiques qui conçoivent des logiciels dans les grandes entreprises de Bombay ou de Bangalore (la « Silicon Valley indienne »). Pourtant, la grande majorité des Indiens reste pauvre. Le « poids du nombre » semble être un frein au développement économique et social de l'ensemble de la population. De ce fait, les capacités d'influence de l'Inde restent limitées en Asie et dans le monde. C'est bien évidemment aussi le cas des nombreux pays d'Afrique, où les données démographiques sont un frein dans le domaine économique et, par voie de conséquence, dans le domaine géopolitique.

L'Afrique souffre de nombreux maux démographiques. L'accroissement naturel y est plus fort qu'ailleurs, l'espérance de vie inférieure d'un tiers à la plupart des pays du Nord. Ces indicateurs démographiques défavorables sont autant de freins à la croissance économique. Sans faire d'« afro-pessimisme » excessif, on peut dire avec certains auteurs que « l'Afrique est mal partie ». Il existe peu d'États africains dont l'économie permettrait de jouer un rôle de premier plan. Pourtant, on peut observer, en Afrique du Sud ou au Maghreb, des données démographiques favorables, qui ont permis un décollage économique et donc une influence géopolitique, au moins à l'échelle régionale. Les pays du Maghreb ont ainsi su profiter de la nouvelle division du travail, au même titre que l'Asie pacifique. Les délocalisations ont permis l'emploi d'une population jeune. Le Maroc et

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