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La Liberté Et Le Désir

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et à lui-même que nous invitons le lecteur. La compréhension de la thèse développée ici sera indispensable pour comprendre les trois leçons suivantes : la Morale ou l’Ethique, la Politique, la Religion.

1° Le libre- arbitre

Buridan, théologien du 14èmesiècle, pour faire comprendre la notion du libre-arbitre, imagine un âne qui serait à égale distance d’un seau d’eau et d’un seau d’avoine et qui aurait aussi faim que soif. L’âne n’ayant pas de libre- arbitre ne pourrait aller d’un côté ou de l’autre car sa volonté n’est pas indépendante ; ses décisions sont déterminées par des causes extérieures. Et dans le cas présent, comme les forces en présence sont égales, l’âne resterait au milieu sans pouvoir se déterminer en faveur de l’une ou de l’autre des deux possibilités .Un homme par contre, placé dans un tel état d’équilibre, pourrait néanmoins faire un choix et se décider pour l’une des deux directions, car sa volonté est totalement indépendante ; totalement indéterminée. En conséquence de quoi, il peut choisir arbitrairement. C’est aussi ce que veut faire comprendre Descartes lorsqu’il compare la volonté humaine à celle de Dieu ; elle serait aussi étendue que celle de Dieu, ce qui veut dire qu’elle serait infinie .Et en effet dire que nous possédons un libre-arbitre, c’est dire que notre volonté n’a pas de bornes ; que le choix lui-même n’a aucune cause. Nous avons fait tel choix mais nous aurions pu opter pour toute autre possibilité. Cependant, notre auteur fait remarquer que la volonté divine est incomparablement plus grande que celle de l’homme si on insère la volonté dans le tissu des facultés. En effet la faculté de connaître de Dieu est aussi infinie, de même que sa puissance ; ce qui n’est pas le cas de l’homme. C’est la raison pour laquelle nous pouvons hésiter lors d’un choix contrairement à Dieu car notre connaissance étant limitée, nous ne savons pas toujours ce qui serait le meilleur pour nous. Nous pouvons aussi prendre une décision qui sera irréalisable car notre puissance est limitée. Le fait de ne pouvoir accomplir ce que nous avions décidé ne remet nullement en cause, selon le partisan du libre- arbitre, l’indépendance, l’infinité de notre volonté et donc notre liberté car Descartes a posé que « la volonté et la liberté ne sont qu’une même chose.»

Cependant dans un deuxième temps, Descartes introduit la notion de degrés de la liberté.

Le plus bas degré étant un choix fait sans que notre raison nous ait informés sur le meilleur parti à prendre. Dans ce cas notre choix n’est pas guidé par un conseil de la Raison ; c’est un choix fait en toute indifférence. Lorsque notre choix est au contraire éclairé, c’est le plus haut degré de la liberté. Descartes justifie cela en disant que dans ce cas nous bénéficions d’une double perfection : celle de notre volonté et celle de notre raison. On pourrait penser que le conseil de notre raison est au contraire une limitation de notre liberté car dans ce cas sachant ce qui est vrai et juste, notre volonté sera contrainte d’opter pour le bon choix. C’est ainsi que raisonne Lafcadio, personnage des ‘Caves du Vatican’ d’André Gide. Il se dit que dans la vie nous avons toujours un motif pour faire ou ne pas faire telle chose et de ce fait notre choix n’est pas entièrement libre. Il faudrait donc n’avoir aucun motif pour être libre. Dans le compartiment dans lequel il voyage, se trouve un individu qu’il ne connaît pas ; il n’a donc aucune raison de lui en vouloir et cependant par une décision arbitraire il jette l’individu hors du train. Enfin pense-t-il, a-t-il accompli un acte entièrement libre. C’est pour éviter une telle conséquence que Descartes introduit la notion de degrés de la liberté. Il nous dit que nous sommes toujours libres car nous possédons un libre-arbitre. Mais loin que nos connaissances diminuent notre capacité de choix, elles l’augmentent. Ici, il faut faire une différence entre ‘motif ’ et ‘cause’ ; du moins si on suit la thèse du libre- arbitre. Pour celui qui soutient la thèse du libre-arbitre, ce que nous enseigne notre raison ne détermine pas notre choix ; c’est un conseil que notre volonté reste libre de suivre ou pas. Donc, l’éclairage de la raison n’entame en rien le pouvoir infini de la volonté. Et c’est ce que Descartes souligne lorsqu’il écrit : « Car il nous est toujours permis de nous empêcher de poursuivre un bien qui nous est clairement connu, ou d’admettre une vérité évidente, pourvu seulement que nous pensions que c’est un bien de témoigner par là notre libre- arbitre. » Pour le partisan du libre-arbitre, l’existence de ce dernier est une évidence enseignée aussi bien par l’expérience que par la raison. Descartes le dit en toutes lettres : « Je n’ai rien supposé ou avancé, touchant la liberté, que ce que nous ressentons tous les jours en nous-mêmes, et qui est très connu par la lumière naturelle.»

2° Réfutation de la thèse du libre-arbitre.

A° Le libre-arbitre fait de l’homme une exception dans la nature, ou pour le dire avec Spinoza: « un empire dans un empire ».Toute réalité naturelle serait déterminée à exister et à agir par des causes sauf l’esprit humain et en particulier la volonté qui par miracle échapperait à toute détermination causale. Cependant pourquoi croyons-nous à l’existence du libre- arbitre ? A cette question Spinoza répond que le décalage qu’il y a entre la conscience que nous avons de nos actes et la méconnaissance des causes qui nous conduisent à agir est la cause de cette croyance. C’est ce qu’il veut montrer avec l’exemple de la pierre. Si une pierre, une fois mise en mouvement, en prenait conscience, que se dirait-elle concernant la cause de ce dernier ? Ne voyant aucune cause et ignorant le principe d’inertie, elle penserait que c’est par une libre décision de sa volonté qu’elle se meut. Ce qui est évidemment faux. Nous sommes comme cette pierre, ignorants des causes et nous imaginant que c’est grâce à notre libre- arbitre que nous agissons.

B°Pour le partisan du libre-arbitre, un jugement est constitué d’une idée provenant de l’entendement et d’une affirmation résultant de la volonté. Bien évidemment, l’affirmation est censée être indépendante de l’idée. C’est la raison pour laquelle nous pourrions tout affirmer, tout nier et à tout moment suspendre notre jugement. Cet argument selon lequel on pourrait tout affirmer et suspendre notre jugement quand bon nous semble, selon notre bon vouloir, est un sophisme. On joue ici sur l’ambiguïté du mot ‘affirmation’. On peut certes dire avec des mots que deux plus deux font cinq alors qu’on sait compter mais on ne peut changer le sentiment intérieur qui accompagne l’idée c'est-à-dire l’approbation, l’acquiescement intérieur qui double la perception adéquate de l’idée. L’idée en elle-même contient sa propre affirmation. On ne doute pas, ni accorde-t on sa croyance par un libre décret de son âme. L’enfant qui croit au père Noël ne décide pas d’y croire. Tant qu’il ne perçoit pas de contradiction entre cette idée et les autres idées qu’il possède, il continuera d’y croire. Il nous arrive en rêve de croire à certaines choses et même de suspendre notre jugement comme lorsque nous rêvons que nous rêvons. Faut-il penser qu’il y aurait un libre décret réel et un libre décret imaginaire ? D’ailleurs Le doute de Descartes est un doute de papier ; on fait semblant de douter mais on ne doute de rien en réalité. Tant et si bien que pour arriver à sa conclusion : « cogito ergo sum », il utilise un syllogisme alors même qu’il avait tout mis en doute y compris les règles de la logique. Pour le partisan du libre-arbitre, un jugement est constitué d’une idée provenant de l’entendement et d’une affirmation résultant de la volonté . Bien évidemment, l’affirmation est censée être indépendante de l’idée.

C° On parle de la faculté de LA VOLONTE; voilà encore un de ces êtres métaphysiques, c’est à dire la personnification d’une abstraction. Il n’existe que des actes que nous pouvons qualifier de volontaires par opposition à des actes velléitaires. De là nous en faisons un nom et nous nous imaginons qu’il y a derrière ce nom une réalité qui pourrait agir. Ce n’est pas plus intelligent de croire en l’action de la volonté que de croire en l’action de la chance ou de croire que l’Humanité est la cause de l’existence de Pierre ou de Paul. Cela relève du même type de raisonnement inepte. D’ailleurs il n’y a pas dans notre cerveau une région qui serait totalement indépendante n’ayant aucun nerf afférent (et donc aucune influence du reste du cerveau) mais seulement des nerfs efférents.

D° On demandera ce qui se passera si un homme était dans la situation de l’âne de Buridan c’est à dire s’il était dans une situation d’équilibre où il aurait autant de raison de faire telle chose plutôt qu’une autre. Il arrive que les gens soient empêtrés dans leurs contradictions et qu’ils n’arrivent pas à en sortir à tel point qu’ils finissent par tomber malades. Mais si la volonté était si indépendante alors rien ne la toucherait ; elle ne se sentirait pas impliquée dans quoi que ce soit ; elle serait justement indifférente et pourrait trancher à tout moment sans la moindre hésitation et sans le moindre drame. L’hésitation elle-même montre que la ‘volonté’ n’est en rien indépendante.

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