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La Vertu Chez Les Ébriés(Ethnie Du Sud De La Cote Divoire)

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raditions, plus précisément en pays Atchan (Ebrié). Enfin, nous tenterons de faire le lien ou le rapport qui existerait entre cette compréhension de la vertu de la Grèce antique et en pays Atchan.

LA NOTION DE VERTU DANS LA GRECE ANTIQUE

Une définition de la vertu, nul n’en donne, quand bien même les sophistes s’y évertuent. La discussion qui s’en suit qui a pour cadre le Protagoras et le Menon reflète la difficulté de la question de la vertu. Ces deux dialogues, voire les personnages, nous le pensons traduisent le regard de la sophistique sur la question de vertu. Et de fait s’y dégage la compréhension, la vision que Socrate a de la vertu.

Approche de la vertu selon les sophistes

Selon Alexandre Koyré la « vertu antique » est quelque chose d’assez différent de la vertu chrétienne, quelque chose de beaucoup plus viril et d’aucunement humble. On pourrait se demander s’il ne faudrait pas mieux adopter, pour traduire cette notion, un terme autre que vertu par exemple, celui de « valeur », dans le sens où l’on dit : « valeur et discipline », un homme (ou un soldat) « valeureux » [1]?

Nous avons préféré aborder la question de la vertu chez ces deux catégories de pédagogues parce que deux dialogues de Platon leur sont consacrés : Ménon et Protagoras. Les même questions y sont débattues : qu’est-ce que la vertu (arètè) ? Peut-elle s’enseigner ? C’est vrai que dans le Protagoras la situation diffère quelque peu. Menon qui est en même temps l’un des personnages centraux du dialogue, n’avait pas contrairement à Protagoras de doctrine (le relativisme) et ne faisait que poser de questions. Au début du dialogue, il pose une véritable avalanche de questions au sujet de la vertu, en plus de celles que nous avons énoncées au départ : si la vertu ne s’enseigne pas, comment l’acquiert-on ? Serait-ce par l’exercice ou, si cela non plus n’était pas le cas, d’où nous viendrait-elle ? Serait-elle un don de la nature ou aurait-elle une origine différente [2] ?

A cette pluie d’interrogation, Socrate ne donne pas de réponse satisfaisante à son interlocuteur. Selon lui, il n’a pas encore rencontré quelqu’un qui en sache la définition ou la possibilité qu’elle soit enseignée. La première tentative de Ménon de définir la vertu est battue en brèche par Socrate. Au lieu de définir la vertu Ménon a plutôt donné des particularités de cette dernière : celle de l’homme, de la femme, des vieillards, des esclaves…Selon Socrate, toutes ces exemples de vertu ont un dénominateur commun, possèdent une essence commune : la vertu.

Selon Ménon, cette essence commune de la vertu dont toutes les autres ne sont que des particularisations, c’est le pouvoir de commander. Là encore, Ménon n’est pas au bout de ses peines. Il vient de définir non pas l’essence mais une vertu parmi tant d’autres. Il n’arrive pas à la définir sans exclure la notion elle-même.

Après cette nouvelle objection de Socrate, Ménon tente une définition générale du sujet ainsi : « le désir des bonnes choses, joint au pouvoir de se les procurer. »[3] cette définition contient d’une part, un pléonasme « désir des bonnes choses ». En général, personne ne désire de mauvaises choses sauf par erreur ou en cas de jugement mal éclairé. D’autre part, le « pouvoir acquérir » n’est pas seul une vertu à moins qu’on ajoute la manière : la justice. Or, la justice est déjà une vertu. En somme Ménon au lieu de définir la vertu a encore proposé une de ses particularités. Finalement l’avalanche de question de départ sera reprise par Ménon mais la question centrale sera désormais abordée de biais. Il s’agira désormais de déterminer les conditions idoines à l’enseignement de la vertu. Une condition sera déterminante : il faut qu’elle soit une science. Si oui, elle pourra faire l’objet d’enseignement avec des maîtres en la matière comme dans toutes les autres sciences. Or, il n’y en a pas, selon Socrate et la majorité des Athéniens. Et ce point de vue est principalement exprimé par Anytos pour qui les sophistes sont de piètres maîtres dans le domaine de la vertu. Pour lui, il n’y a qu’à s’adresser « au premier venu d’entre les honnêtes gens d’Athènes, ils lui apprendront ces normes de la vertu qu’ils ont eux mêmes apprises chez leurs prédécesseurs ; grâce aux Dieux, Athènes n’a jamais manqué de gens bien. »[4] Socrate, vigilant recentre le débat. Il s’agit de savoir si ces gens sont capables d’enseigner la vertu ? Anytos répond par l’affirmative sans donner de preuves irréfutables. Acculé par Socrate, ce dernier finit par l’accuser de dénigrer Athènes et ses hommes d’Etat. En fait, pour Anytos, c’est dans le cadre domestique ou familial que la vertu est enseignée. Pour lui, vertu et tradition, usages reçus forment une unité. Aussi, ne peut-il tolérer de la part de Socrate la critique du conformisme sociale.

Ménon en convient, finalement avec son maître Gorgias : la vertu ne peut s’enseigner. Elle n’est pas un don de la nature telle que la beauté et la force.

Socrate pense qu’on pourrait admettre qu’elle est « opinion juste »[5] c'est-à-dire, l’équivalent d’une croyance ou une conviction aveugle mais juste. Pour la pratique, l’opinion vraie, conforme à la vérité, est l’équivalent du savoir. Mais, comment pourrait-on savoir qu’une opinion est vraie sans posséder la vérité, autrement la science ?

Le dialogue s’achève sur un échec apparent : tout ce que Socrate a réussi c’est de soulever des questions plutôt que de donner des réponses, de montrer à Ménon son ignorance (de ce qu’est une définition, un cercle vicieux) et de provoquer le courroux d’Anytos.

Selon Koyré, la question posée par Ménon à Socrate- la vertu peut-elle s’enseigner- l’objection qu’il lui fait : comment rechercher ce que l’on ignore ? Relève plus de la rhétorique que de la philosophie. Ce que vise Ménon ce n’est en aucun cas lever le voile sur des interrogations mais discourir allègrement. Ce qui le préoccupe en tant que sophiste c’est le succès, la richesse, la puissance et qu’Anytos désignent par ce nom : à savoir la possession de toutes ces « bonnes choses »[6] ; aussi « enseigner la vertu »[7] veut dire, pour lui, enseigner une technique efficace, parfaite. En fait, Ménon et Socrate ne se situent pas sur la même longueur d’onde. Si Socrate a pu « enseigner » la géométrie à l’esclave de Ménon, c’est tout simplement parce que l’esclave, convaincu de son ignorance, a bien voulu faire l’effort de « se ressouvenir » des vérités « oubliées » (semina scientiarum)[8]. Ce ne fut pas le cas de Ménon en ce qui concerne la question de la vertu. En fait, le raisonnement de Socrate lui démontrant que la vertu n’est pas science puisqu’elle ne s’enseigne pas n’est pas à prendre, en réalité selon Koyré, à la lettre. Elle ne s’enseigne pas mais pourrait l’être. En réalité que fait Socrate, toute son action n’est-elle pas enseignement de la vertu ? Autrement dit de la sagesse, qui n’est rien d’autre que la science du bien ?

Pour Koyré, il y a comme un non dit à la fin de ce dialogue, une sorte de conclusion entre les lignes de celle qui est évidente[9]. Dans la mesure où la vertu est considérée comme science elle pourra être enseignée que comme s’enseignent les sciences c'est-à-dire par un effort de découverte de la part de l’élève et non par un dressage imposé par le maître, du dedans et non du dehors.

On retrouve ce type de finale paradoxale et décevante apparemment dans le Protagoras. En effet : « Socrate qui nia que la vertu puise s’enseigner, affirme qu’elle est science, que la justice, la tempérance, le courage, tout est science : ce qui est le plus sûr moyen de montrer que l’on peut enseigner la vertu ; tandis que Protagoras qui avait d’abord affirmé comme un fait qu’elle se pouvait enseigner, voilà maintenant il voit en elle tout plutôt qu’une science, ce qui lui ôterait toute possibilité d’être enseignée »[10].

Ici, encore selon Koyré, si la vertu est science intuitive des valeurs et du bien comme le pense Socrate, il est une évidence qu’elle ne peut être enseignée par Protagoras. Ce sera l’affaire du philosophe, de Socrate, en clair.

Approche de la vertu selon Socrate

La vertu n’est pas un don de la nature, ni une science, autrement elle pourrait s’enseigner (pas de maître). Cependant, pour Socrate, la vertu (arèté) est une richesse intérieure qui vient de la sagesse. Cette sagesse nécessaire pour bien agir, puisqu’elle guide l’âme qui gouverne l’homme. Ainsi, la vertu reconnue comme bonne et ce qui sert à bien diriger, est utile. Etant utile, elle est sagesse (raison).

Par ailleurs, Il faut avoir en vue l’équation socratique : savoir=valeur=vertu et, par extension, faire exister ces valeurs, c’est apprendre à devenir vertueux. L’idée profonde et nouvelle introduite par Socrate, consiste à poser, que les valeurs ont un « être » qui n’est ni dans les assemblées, ni dans les beaux discours mais dans le « souci de soi »[11]. Et ce qui fait « le soi », ce n’est pas un corps à la beauté éphémère, une somme de biens ou la renommée. Le souci de « soi » ou se connaitre

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