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Larencontremmedeclevesetm.Denemours

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M. de Nemours avait également pris soin de se parer l.9.

❑ Le roi et les reines soulignent qu’il y a quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître l.14/15.Ainsi, le fait d’être réunis comme malgré eux sans avoir été présentés, sans se connaître, ce qui est tout à fait contraire aux usages de la cour, donne également à cette scène une dimension de mystère romanesque. D’ailleurs, le chevalier de Guise qualifie cette rencontre d’aventure qui avait quelque chose de galant et d’extraordinaire, l.34/35.

Le bal et ses rebondissements servent d’écrin à une rencontre présentée comme idéale.

3 La rencontre est une grande mise en scène

Le déroulement de la rencontre a un caractère très théâtral, dans une succession d’actions et de retournements de situation :

❑ Mme de Clèves danse

❑ On entend le bruit d’une arrivée

❑ Mme de Clèves cherche un autre cavalier. Le roi lui crie de prendre celui qui arrivait

❑ Elle se tourne et voit M. de Nemours. Il passe au-dessus de quelques sièges pour l’atteindre

❑ Ils dansent ensemble

❑ Ils se dirigent vers le roi

❑ Ils ne se parlent pas mais s’adressent tous deux à la reine dauphine qui leur sert de médiateur

❑ Le bal continue

Ainsi, les circonstances de cette rencontre sont extrêmement détaillées pour que la scène semble se dérouler sous les yeux du lecteur qui peut ainsi deviner son importance capitale.

CCL I. C’est une cour ordonnée autour des personnes royales qui assiste à la rencontre entre le duc de Nemours et la princesse de Clèves. Jusqu’alors cette princesse y évoluait avec une certaine aisance. Dans ce passage, elle découvre la nécessité de la dissimulation : Je vous assure […] que je ne devine pas si bien que vous pensez, l.22/23. L’arrivée de M. de Nemours va donc être ressentie par la princesse de Clèves comme la rupture d’un ordre, dont elle ne veut rien laisser paraître aux yeux de la cour.

Le coup de foudre

Dans l’espace clos où se déroule la rencontre, les regards et les points de vue déterminent la nature de la relation qui va lier le deux protagonistes.

1 Le thème lexical du regard

Souvenir de l’esthétique précieuse, le regard précède la parole dans le langage amoureux et révèle avant elle, et bien mieux, la puissance de l’amour. D’où les nombreuses occurrences du verbe voir (9) et yeux (2). Contrairement à la scène chez le bijoutier pendant laquelle le prince de Clèves devient amoureux de Melle de Chartres, il y a ici un véritable échange des regards, donc des sentiments.

C’est Mme de Clèves qui voit la première : elle cherchait des yeux quelqu’un l.5, elle vit un homme qu’elle crut d’abord ne pouvoir être que M. de Nemours, l.6, il était difficile de n’être pas surprise de la voir quand on ne l’avait jamais vu, l.8

La symétrie de l’effet produit sur M. de Nemours est marquée par l’adverbe aussi : mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement, l.10. L’amour naît donc du regard et est révélé par lui.

De même le chevalier de Guise devine les sentiments de la princesse en la regardant, soit qu’il eût paru quelque trouble sur son visage ou que la jalousie fît voir, l.31/32 et il pense qu’elle a été touchée de la vue de ce prince, l.32/33. [le verbe toucher a un sens très fort au XVII ème siècle= frapper, émouvoir, atteindre, blesser mais aussi inspirer de l’amour]. On notera également qu’il n’y a aucun échange de paroles entre les personnages et que le roi et les reines les appellent aussitôt sans leur donner le loisir de parler à personne, l.15. L’échange de paroles sera d’ailleurs quasi inexistant entre les deux personnages durant tout le roman avant la scène de rupture.

2 Les points de vue

Le jeu des regards est complexe dans cette scène car les points de vue changent à plusieurs reprises. On suit d’abord le regard de Mme de Clèves, puis celui du duc de Nemours. La scène est ensuite vue par le regard de la cour. Après le passage dialogué au style direct, on revient brièvement au point de vue de M. de Nemours, puis au regard jaloux et lucide du chevalier de Guise, au point de vue de Mme de Clèves et enfin au regard perspicace de Mme de Chartres.

Les témoins participent au coup de foudre en ce sens que, comme le roi, ils le rendent possible ou comme la reine dauphine, le font entrer dans le champ social.

Le point de vue du chevalier de Guise et la pensée de Mme de Chartres montrent enfin que le déchiffrement du réel est accompli par les personnages qui entourent le héros qui dévoilent ce qui reste obscur à ces derniers : la réalité des sentiments.

On peut également constater qu’aucun des deux héros ne porte de regard sur la foule qui les regarde. Ils sont comme seuls au monde.

CCL II. Comme chez Racine, la passion est liée au regard (« je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue », Phèdre I,3). Ce qui est également récurrent chez Mme de La Fayette, c’est que l’on ne pénètre jamais au fond de son propre cœur, et que le seul regard conscient est le regard d’autrui.

La fatalité de la passion

L’idée que cette rencontre singulière est le fruit du destin est attribuée au chevalier de Guise : Il le prit comme un présage que la fortune destinait M. de Nemours à être amoureux de Mme de Clèves, l.30. Et effectivement, de nombreux éléments corroborent sa vision.

1 Les héros

❑ Tous deux personnages d’exception, ils se ressemblent et s’attirent par là même, ainsi que le souligne la narration jusque dans la structure des phrases : il était difficile de n’être pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, l.8 et mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement,l.10. Le parallélisme de construction rejoint l’identité de l’effet. Le duc de Nemours et la princesse de Clèves sont donc destinés à se rencontrer. Ils se reconnaissent plutôt qu’ils ne se découvrent.

❑ Leur entourage considère également leur réunion comme inévitable : il s’éleva dans la salle un murmure de louanges, l.13.

❑ Le roi est présenté comme l’instrument du destin en donnant l’ordre à la princesse de prendre pour danser celui qui arrivait, l.5 et il trouve quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ainsi, l’attitude du roi et des reines tend à renforcer la passivité des héros. Chaque parole, que ce soit l’invite du roi ou l’amorce de la conversation est un ordre sans réplique. Ils sont dès lors dans les mains d’un destin qui ne leur appartient plus.

❑ Comme dans tout processus de fatalité, le hasard est absent. Le hasard suggéré par l’attitude hésitante de la princesse de Clèves : pendant qu’elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait dessein de prendre, l.4/5 est nié par l’entourage à la fois instigateur et conscient de ce qui doit arriver.

2 Le narrateur

Le narrateur souligne la fatalité de la passion par plusieurs procédés :

❑ Un emploi truqué de l’indéfini quelqu’un : il se fit un assez grand bruit […] comme de quelqu’un qui entrait l.3/4. Or ce terme quelqu’un va être repris : pendant qu’elle cherchait des yeux quelqu’un…,l. 5. La répétition

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