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Laura

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morale (couche/farouche - l’homme farouche est celui qui ne couche pas -). La substitution est claire lorsqu’au vers 640, la reine parle directement de l’image d’H : « tel que je vous vois ». Il y a dans le vers suivant une accumulation de trois possessifs qui marque la fascination de Phèdre pour celui qu’elle a en face d’elle. Le pronom démonstratif « cette » dans la phrase « cette noble pudeur » est également l’équivalent de la 2e personne. Enfin, on remarque que l’aveu se fait en 2 temps : l’amour est évoqué sans complément (« j’aime », comme dans un cri arraché) puis avec le complément d’objet (« je t’aime », parole si difficile à dire, et rejetée en fin de vers).

Un fantasme est également le lieu mental d’une recomposition du passé. H remplaçant T, il doit appartenir à la légende héroïque du meurtre du Minotaure. Il y a ici une nostalgie d’un passé impossible sous la forme d’un rêve. Phèdre déplore l’absence d’H dans ce passé mythique (par deux questions : « Que faisiez-vous alors ? », « Pourquoi… ») puis lui donne sa place de héros (par une affirmation qui le met en valeur : « par vous aurait péri le monstre de la Crète »). Si H remplace T, il faut, pour que le fantasme soit accompli, que Phèdre remplace Ariane. Elle va d’ailleurs utilisé des termes laudatifs pour évoquer son statut (devancer, secours, enseigné, rassuré). Dans cette recomposition du passé, Phèdre en vient à avouer à H son amour au vers 654 en utilisant le terme d’amour. On note dans le vers suivant que Phèdre, dans son discours, enlace H par une anaphore (« moi » est employé 2 fois et enserre le mot Prince). Le labyrinthe, fantasmatiquement devient le lieu clos de cet amour, devient la chambre où la passion peut se vivre, la passion c’est-à-dire un amour inconcevable et dangereux (le danger est ici représenté par le Minotaure). Au vers 660, Phèdre se place en bouclier face au danger (« devant vous j’aurais voulu marcher »). Et au vers 661, Phèdre, totalement inconsciente de ce qu’elle vient de dire, savoure son triomphe. Racine utilise ici une tournure qui forme sentence : Phèdre parle d’elle-même en se nommant (elle est un personnage glorieux) et imagine qu’elle est soit heureuse (retrouvée) soit hors d’elle-même (perdue).

AXE 2 : LA FATALITE, LA MONSTRUOSITE ET LA VIOLENCE

Phèdre va, comme dans l’aveu face à Oenone, montrer qu’elle est le jouet du destin. Racine utilise le champ lexical de la divinité (vengeances célestes, les Dieux (3 fois) et par opposition « faible mortelle ») pour situer Phèdre dans la souffrance d’une lutte. Mais elle ne doit pas seulement lutter contre les Dieux, elle doit lutter contre elle-même, et surtout contre un discours qui s’échappe d’elle-même. 2 exemples frappants dans cet extrait : aux vers 665-666, Phèdre revient à la lucidité en réponse à l’étonnement d’H. Il faut imaginer le ton hautain et très sec de cette réponse. C’est comme si Phèdre se réveillait soudain, qu’elle se jugeait avec sévérité, qu’elle redevenait un être moral en même temps qu’une personne de sang royal. Le 2e exemple se situe à la suite du vers 694 : on note que Phèdre s’exprime par une question (qui signifie sa faiblesse), que Racine utilise une assonance en « on », des sons sourds et durs. Le vers 699 développe une syntaxe lourde et peu élégante (avec une allitération en p) : « je ne t’ai pu parler que de toi-même », ce qui montre un embarras.

Devant cet aveu terrifiant (au XVIIe siècle, une femme ne doit jamais parler de son amour, elle doit attendre que l’homme devance ses sentiments), Phèdre se forge une image d’elle-même particulièrement repoussante. Elle a honte. La honte est d’ailleurs répercutée par le fait qu’H ne la regarde pas (« si tes yeux un moment pouvaient me regarder »). Elle va se traiter de monstre deux fois dans la scène (v. 701 et 703), et remplace donc le Minotaure dans l’esprit des héros. Comment définir la monstruosité de Phèdre ? Elle est entièrement morale, évidemment. Elle se concentre dans la phrase affirmative du vers 702. Analysons-la.

➢ La veuve de Thésée : périphrase qui consiste à faire de Phèdre un être frappé par le deuil, deuil d’un Roi, deuil d’un héros de la Grèce vénéré par tous, deuil qu’elle bafoue.

➢ Ose aimer Hippolyte : faute morale, faute active (c’est Phèdre le sujet de la phrase)

La violence est enfin présente dans cet extrait sous deux aspects :

➢ La passion, bien sûr, qui est un amour anormal et irrépressible. Les antithèses employées marquent que ce sentiment est d’une extrême violence (languir/séché pleurs/larmes du vers 690). Phèdre montre également qu’elle a souffert de la haine que lui a porté H lorsqu’elle le contraignait à l’exil (opposition malheurs/charmes du vers 689). La figure qui symbolise cette passion est à nouveau le labyrinthe, lieu où l’on se perd, lieu où l’on perd ses repères, lieu de la folie (champ lexical de la folie : « fureurs » au vers 672, la formule « trouble ma raison » au vers 675, et « perdue » au vers 662). La passion est une soumission. L’absence d’H est donc une souffrance bien pire

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