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Le Braille

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point 6 à la lettre « j ».

II. Alphabétisation
L'utilité du braille hier, aujourd'hui et demain

C'est Valentin Haüy qui dans les années 1780, fut le premier à concevoir et à appliquer le projet d'appendre à lire aux aveugles au moyen du toucher. Bien sûr, il compléta son système d'éducation par un enseignement basé sur l'utilisation de l'ouïe: enseignement oral et apprentissage de la musique. En effet, il était déjà implicitement admis que le toucher et l'ouïe sont les deux sens qui permettent le mieux de suppléer à l'absence de la vue.

Certains auraient tendance à les opposer, à privilégier l'un au détriment de l'autre : ce fut en particulier le cas lors de l'avènement, au cours des années 1950, des moyens d'enregistrement sonore grand public. En réalité, ils ne s'opposent pas; ils se complètent en apportant chacun à sa façon son lot d'autonomie à l'aveugle.

Avec l'expérience acquise dans l'éducation des aveugles au cours des deux siècles passés, les pédagogues spécialistes ont fréquemment souligné le caractère actif du toucher et, inversement, le caractère passif de l'audition. Cette différence ne serait pas sans conséquences sur la formation intellectuelle du sujet.

La genèse du système braille

Louis Braille (1809-1852), élève, puis professeur à l'Institution Nationale créée par Valentin Haüy en 1783, inventa son système d'écriture en points saillants (ou anaglyptographie) à l'usage des aveugles en 1825. Puis il le perfectionna au cours des années suivantes.

Quelle était la situation à l'institution en 1825? À cette date, le système officiel d'apprentissage de la lecture pour les aveugles était toujours le caractère d'imprimerie, gaufré sur papier. Mais la lecture en était lente et fastidieuse et l'écriture manuscrite quasiment impossible. C'est pourquoi les aveugles de l'École, professeurs et élèves, étaient particulièrement réceptifs à la recherche de systèmes plus performants.

C'est ainsi que, depuis quelque temps, un système de lecture et d'écriture, dont les signes se composaient de points saillants, avait été mis à l'essai à l'Institution par son inventeur, le capitaine Charles Barbier. Le système avait été initialement conçu comme système de lecture nocturne pour permettre, aux armées, le déchiffrage de messages dans l'obscurité sur le front. Il s'agissait d'une sonographie dont les signes s'inscrivaient dans une matrice de douze points répartis en deux colonnes de six points. L'écriture des signes pouvait se faire aisément grâce à une tablette et à un poinçon.

Les deux inconvénients majeurs du système Barbier étaient :

▪ le caractère sonographique et non alphabétique du système; c'était un grave inconvénient malgré l'affirmation de Barbier que l'orthographe n'était pas utile aux aveugles;

▪ l'ampleur du signe (six points en hauteur) qui en rendait la lecture difficile.

Cette sonographie allait cependant jouer un rôle très important : celui de précurseur du système alphabétique mis au point par Louis Braille. Ce dernier en retint l'utilisation du point saillant dont la reconnaissance au toucher est plus aisée et précise que celle du trait lisse. Il en retint aussi la structure générale du signe en le réduisant à six points maximum, répartis en deux colonnes de trois points, ce qui le rendait instantanément palpable dans sa globalité par la pulpe de l'index. Les 63 combinaisons qui se déclinaient à partir des six points de base permettaient la création d'un alphabet complet, des lettres accentuées, des ponctuations et des chiffres. Il en découlera aussi une notation musicale, une notation mathématique, des systèmes d'abrégé et de sténographie; le système fit également preuve d'une capacité remarquable d'adaptation à un nombre important de langues dans le monde entier, comme on le verra.

Au cours de ces années, il règne, à l'Institution, un climat de recherche, de fièvre intense de découverte. Le système que Louis Braille inventa fut immédiatement testé et discuté dans l'établissement avant de s'y imposer. En 1852, à la mort de Louis Braille, le système était définitivement adopté.

Qu'en est-il du système braille aujourd'hui?

En consultant l'ouvrage L'Emploi du Braille dans le Monde, publié par l'UNESCO en 1990, on relève 65 alphabets braille différents. C'est dire l'adaptabilité du système aux langages les plus divers. Sans doute, quelques langues doivent-elles encore être dotées de leur alphabet braille, mais l'essentiel semble fait.

Si l'on considère les seules langues européennes, on dénombre 29 alphabets braille différents, dont l'espagnol, l'anglais, le portugais et le français concernent de grands pays situés hors du vieux continent (Amérique du Nord et du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.). Les autres alphabets braille se rapportent notamment à des langues asiatiques.

Maintenant, si l'on se demandait quelle est la proportion d'aveugles pratiquant le système braille, il est certain que l'on trouverait de grandes différences entre les pays; ces différences seraient probablement liées pour une part au taux d'alphabétisation de la population générale. Dans cette appréciation, il conviendrait aussi de bien distinguer les aveugles (précoces) de ceux dont la cécité est survenue à un âge avancé. En effet, en raison de la nécessaire éducation du toucher, l'apprentissage du braille est d'autant plus difficile que le sujet est plus âgé.

Bien que l'on ne dispose pas de statistiques exploitables, il est permis de penser que la dizaine de milliers de "braillistes" français représentent une proportion importante de la population des aveugles capables d'apprendre le braille. Des études approfondies devraient être menées en vue de préciser ces notions.

L'enquête menée en 1992 par Henri Chauchat auprès des abonnées du magazine publié par l'AVH Le Louis Braille (un peu plus de 2 000 abonnés) a donné lieu à 642 exploitables. De ces réponses, on peut extraire les résultats suivants :

• 625 utilisent couramment le braille abrégé, 12 seulement le braille intégral;

• 602 utilisent le braille quotidiennement et 30 seulement épisodiquement;

• 506 l'ont appris en école spécialisée ou en centre de formation et 126 l'ont appris individuellement;

• 414 utilisent le braille dans leur activité professionnelle, 225 seulement pour des besoins strictement personnels;

• 521 pensent que le braille est plus important que les autres auxiliaires, 79 les mettent à égalité et 14 pensent que le braille est moins important;

• 593 pensent que le braille est indispensable à la poursuite des études, 3 répondent négativement et 3 sont indécis.

Henri Chauchat conclut ainsi l'introduction à son compte-rendu d'enquête :

"Informatique et machines performantes nous impressionnent, nous éblouissent, nous rendent d'immenses services, soit. Mais qu'on se rassure; le braille tel qu'il est perçu par les consommateurs, reste le moyen privilégié, presque le point de passage obligatoire, pour aborder les techniques les plus complexes. J'ai lu de vibrants plaidoyers en faveur de notre écriture, des appels angoissés qui transparaissent dans les messages de certains pour qui le braille est le compagnon fidèle de tous les jours. Et quel aveugle n'a pas au fond du coeur un peu de vénération et de reconnaissance pour Louis Braille? Mais que le culte ne masque pas la réalité. Il est certain que le braille devra changer de cheminement et passer par des techniques nouvelles de reproduction. À lire les correspondants, il a encore un

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