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Le corps dans les livres sacrés

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individuel? Comment dépasser - et en même temps intégrer- toutes les entrées disciplinaires, comme l’art, la philosophie, la théologie, l’anatomie, la psychanalyse et autres? Et comment parvenir même à définir ce qu’est le corps? À travers les études menées sur ce sujet, nous nous rendons compte de la complexité du champ d’étude et des interrogations lui afférent. Autour de thématiques diverses, toutes les études entreprises à travers des faits scientifiques ou des écritures divines visent alors à montrer comment le corps est fabriqué par des normes à la fois collectives et individuelles, elles-mêmes produites par la civilisation, normes qui changent et évoluent d’une ère à l’autre. Dans les religions monothéistes, la question du corps oppose les notions de pur et d'impur, de licite et d'illicite, selon des normes fixées précisément mais parfois contradictoires et fluctuantes. Au total, nous pouvons admettre qu’à la croisée de l’enveloppe individualisée et de l’expérience sociale, comme réceptacle et comme acteur, le corps est au cœur de la dynamique culturelle. La culture, les croyances, les normes s’inscrivent sur et dans le corps, entité naturelle et réelle, le dressent, le modèlent et le socialisent.

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I. L'humain et le divin dans les livres sacrés

La place du corps dans les livres sacrés Communication

interculturelle

La vision sémite de l’homme, de l’humain, est profondément moniste ce qui la distingue radicalement de la conception dualiste grecque. Dans la conception grecque, l’homme est corps et âme et l’âme est souvent perçue comme prisonnière du corps. La vision sémite est unitaire. Bien entendu, les sémites parlent du corps, de la chair, de l’esprit. Mais plutôt que de voir ces éléments comme des parties constitutives de l’homme, elle les considère comme des points de vue différents sur cet être unique qu’elle reconnaît comme une créature qui vit en lien avec Dieu. Parler du corps ou de la chair, désignera l’homme dans son appartenant au monde. Le mot Adam, qui est le nom du premier homme et qui désigne l’humain en général est très proche du mot "adamah" qui désigne le sol, la terre, la glaise. Adam, c’est le terreux. Et parler du corps ou de la chair, c’est désigner l’homme dans sa fragilité, dans son humilité 1 et dans son enracinement dans le monde où il vit et travaille. Parler du souffle, ou de l’âme, ou de l’esprit c’est évoquer l’homme dans sa dimension spirituelle ou plus précisément dans sa relation à Dieu. Dans le second récit de la création de la Bible, c’est Dieu qui donne son « souffle » à l’homme, en faisant un être vivant, différent de tous les autres vivants. La conviction qui apparaît dans les livres sacrés, et qui constitue le bien commun des trois religions monothéistes qui s’inscrivent dans la lignée d’Abraham, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, c’est que l’homme est une créature de Dieu. L’humanité, créée par Dieu, est appelée à vivre dans la fidélité à Dieu pour parvenir à partager sa vie au-delà de la mort.

1. Le judaïsme

Le livre de la Genèse dit que « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ». Pour illustrer la réalisation de cet être particulier, la Torah a recours à deux images empruntées au monde des artisans : la poterie et le tissage.

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N’oublions pas que le mot ‘humilité »’ renvoie à ‘humus’ mot latin qui désigne le sol, la terre.

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Le travail du potier consiste à produire un objet qui a un dedans eu un dehors. L’homme aurait dû ne pas oublier son origine « Adam, c’est le terreux ». Is 45,9 : « Malheur à qui discute avec celui qui l'a modelé, vase parmi les vases de terre! L'argile dit-elle à son potier : " Que fais-tu ? Ton œuvre n'a pas de mains! ». Rm 9,21-24 : « Le potier n'est-il pas maître de son argile pour fabriquer de la même pâte un vase de luxe ou un vase ordinaire ? Eh bien ! Si Dieu, voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de longanimité des vases de colère devenus dignes de perdition, dans le dessein de manifester la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire, envers nous qu'il a appelés non seulement d'entre les Juifs mais encore d'entre les païens...». Pour la Bible, on ne peut donc pas dissocier le corps et l’esprit. L’être humain est essentiellement inspiré.

2. Le christianisme

Dans la tradition chrétienne, la signification moniste sera oubliée et la vision grecque dualiste aura tendance à supplanter la vision unitaire des sémites. Cela conduira à des conflits graves quand il s’agira de comprendre le mystère de Jésus, Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme. Cela conduira aussi à une conception erronée de la compréhension de ce que dit la profession de foi chrétienne, « le Symbole des Apôtres », quand elle parle de la résurrection de la chair. Cela fait aussi qu’aujourd’hui encore la vision dualiste grecque reste la vision commune de l’Occident et que pour beaucoup de chrétiens encore, l’immortalité de l’âme peut remplacer la notion de résurrection des hommes.

3. L'islam

L’Islam étant une religion du Livre, la pensée qui s’en dégage est forcément une herméneutique. « Lis au nom de ton Seigneur qui créa, Il créa l’homme d’une adhérence (âalaq)… qui enseigna par le calame, Il enseigna à l’homme ce qu’il ne savait pas ». Ce premier verset révélé du Coran annonce d’emblée la nature de l’Islam

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et la double herméneutique qui caractérise la pensée musulmane en ouvrant un autre livre, celui de la création, la Nature. J’introduis dans le mot Nature l’Homme avec toutes ses manifestations culturelles (sociologiques, anthropologiques,

ethnologiques…) qui informent phénoménologiquement sur sa nature, singulière dans l’ordre de la création, comme propédeutique à une ontologie qui ne peut, cependant, être accessible qu’asymptotiquement.

II. La naissance et l'anatomie de l'être humain

La vision sémite du corps diffère des autres visions sur trois points : elle fonctionne sur le mode de la métonymie (un organe peut désigner l’ensemble), c’est avec un couple de termes opposés, par exemple la chair et le sang, qu’elle englobe la totalité corporelle. Enfin, les livres monothéistes ne distinguent pas en l’homme deux principes, l’un matériel - le corps - et l’autre spirituel - l’âme.

1. Le judaïsme

Du point de vue biologique, la Bible différencie cependant le corps de l’âme. Pour ce faire, les expressions employées pour le corps ont été réservées de bonne heure au cadavre. Ainsi deux mots désignent le corps, gwf et nebilah. Le premier n’apparaît qu’au féminin gwfah ou gewiyah . Le second, nebilah, souvent utilisé dans un contexte rituel, renvoie lui aussi au corps mort, tout comme guph, utilisé plutôt dans les textes rabbiniques. Du point de vue anatomique, certains organes dans la Bible ont une fonction différente de celle attribuée dans la culture occidentale. Si l’on y parle très rarement de la peau, en revanche le basar, corps en hébreu, revient 273 fois dans l’Ancien Testament (AT). II désigne tantôt des animaux, tantôt des humains, mais jamais Dieu. On le traduit dès lors plus justement par « chair » ou «viande » II connote parfois la faiblesse et désigne plus généralement la partie visible du corps, parfois même sa totalité. L’expression « toute chair » signifie tous les êtres humains ou tous les vivants qui entrent dans l’arche. Métaphoriquement, ce terme exprime la parentépar le sang : père, mère, frère, sœur, fils et fille. En ce qui concerne les organes internes,quand la Bible parle de l’os d’une

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chose, c’est de sa quintessence, son être même. Charpente du corps, c’est aussi l’intime de l’homme. La respiration (neshama) est l’haleine, l’indice de la vie donnée par Dieu à l’homme. La nefesh signifie d’abord le cou, puis la trachée, le souffle et enfin la vie ou le principe vital. C’est par la puissance de Dieu que l’homme devient une nefesh vivante. Mais il peut prendre des connotations psychologiques (devoir, aspiration). Ce terme revient 755 fois dans la Torah et il est traduit par âme (psyché) dans la Septante. Il y a encore le sang, souvent utilisé parallèlement à nefesh, qui désigne le siège de la force vitale et physique de l’homme. Puis le cœur, qui s’applique à la fois aux choses, aux animaux, à Dieu et, plus de 800 fois, aux hommes. Pour les Hébreux,

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