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Picasso Les Demoiselles D'Avignon

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Les Demoiselles d'Avignon pourtant peint en 1907 ne fut pas exposé avant le salon d'Antin en juillet 1916. Ainsi la toile est longtemps restée entreposée chez Picasso. Ce dont témoigne les photos de ses ateliers du Bateau Lavoir en 1908-10 et de la rue de Schoelcher en 1914-15. C'est André Salomon qui fut le premier a en mentionner l'existence en 1912 sous l'appellation Le bordel philosophique, et ce fut toujours lui qui lors du Salon d'Antin lui donna le nom Les Demoiselles d'Avignon, nom qui resta à l'oeuvre. Pourtant Picasso ne revendiquait pas ce nom mais rappelait que le nom d'origine était Le Bordel d'Avignon se référant à la rue d'Avinyo, rue « chaude » du vieux Barcelone où dans sa jeunesse il achetait ses couleurs. Aujourd'hui grâce aux carnets de dessin et croquis de Picasso retrouvés, on sait que ce n'est pas la seule modification qu'à subit l'oeuvre. En effet, au départ la scène représentait deux hommes acceuillis par cinq femmes. Mais les deux hommes ont disparu et les femmes ont progressivement changé de position.

Ce tableau ne représente donc que cinq femmes, sans aucun homme, sur des fonds et avec des positions différentes. Pourtant ces femmes se caractérisent par leurs corps anguleux et déformés. Cette représentation détruit alors totalement l'image de l'idéal féminin. L'oeuvre semble donc être une sorte de caricature à l'encontre par exemple du Bain turc d'Ingres où les courbes généreuses abondent. Cela se confirme par les femmes centrales qui ressemblent très fortement, par leur position, à des Odalisques allongées que l'on aurait relevé à la verticale, effet accentué par les drapés. Mais les femmes marquent aussi par leurs visages, en particulier les visages de droite « dont les déformations évoquent les lésions atroces de la syphilis »(Rubens). Ainsi Picasso traduisait peut-être ses peurs de la maladies car lui même voyait cette oeuvre comme un acte d'exorcisme. Sachant qu'à l'époque la syphilis était assez courante. Mais ce tableau traduit aussi la volonté de rupture avec l'art de l'époque, notamment à travers une composition des plus originales.

Une originalité due à des espaces abstrais, dénués de profondeur, qui rompent radicalement avec les règles de perspectives et le principe d'unité du style classique. L'espace, meublé par des draperies, est déconstruit, la perspective brisée, voir inexistante. L'accent est alors mis sur la verticalité. Même la nature morte, au premier plan, semble chuter vers le spectateur. Car à Picasso était posé le problème de l'expression des volumes sur la surface plane, alors pour la première fois, et en totale rupture avec l'académisme, il oriente la peinture vers des formules scupturales. Picasso arrive à donner un effet de profondeur sans aucune perspective car la femme en haut à droite nous semble bien « derrière » celle assise alors que le décor est complètement destructuré. Mais la disposition des personnages montre que la composition de ce tableau s'inspire des Cinq baigneuses de Cezanne bien que Picasso ne semble pas être largement influencé par cet artiste. De plus cette disposition semble aussi dirigé le regard du spectateur car les femmes à gauche et à droite sont tournées vers les femmes au centre, ce qui concentre l'attention vers elles.

Cette direction du regard est d'autant plus accentué par la couleur. Car les deux personnages centraux sont sur un fond plus clair que le reste du tableau, ce qui créé un « hâle » lumineux qui les entourent, soulignés par les drapés blancs. Cet effet lumineux est marqué par des contrastes malgré une palette de couleur assez restreinte. En effet, il y a une opposition entre les couleurs chaudes: du rose pâle à l'orange qui dominent notamment les corps des femmes. En entre les couleurs froides: le blanc, le gris et les différents bleus qui composent l'essentiel des draperies. Ainsi la couleur est presque absente des ces « grisailles géométriques », elle est limitée à des camaïeux et est remplacée par une lumière vibrante qui permet d'individualiser les plans et les surfaces entremêlées.Les couleurs sont au service de la ligne, traitées en aplat, elles délimitent les espaces. On remarque aussi que les corps sont démarqués par des cernes noirs et blancs.

En effet la destructuration des formes est fréquement soulignée par des contours blancs ou noirs. La couleur ne fait alors que renforcer le dessin. De plus, dans cette toile l'artiste semble intégrer ses principales influences. Ainsi on retrouve dans les schématisés de la figure de gauche la continuation des recherches sur l'art ibérique. Mais avec les figures de droites, dans lesquelles Kahnweiler a vu « le début du cubisme », Picasso accède à une représentation objective. C'est suite à sa visite au Musée du Trocadéro, où sont présentés des objets tribaux, que l'artiste va remanier son tableau en juin 1907. Il va alors utiliser une figuration anguleuse renforçant les effets de mouvements et de tensions entre les personnages. Il déforme les corps et accentue le primitivisme des visages. Comme on peut le voir sur le personnage en haut à droite, dont les traits simplifiés et le teint sombre rappelle dirctement les masques africains. C'est ainsi que la femme en bas à droite semble être le prémice des principes du cubisme car il y réalise une synthèse de différents points de vue: elle est assise et présente à la fois son dos et son visage. En reprenant un principe de l'art africain qui consiste à montrer ce que l'on connaît et non ce que l'on voit, Picasso passe d'un art d'un mode pictural perspectif à un mode conceptuel.

Ainsi comme le souligne William Rubin, « si elle marquait la dernière étape du passage de Picasso d'un mode de travail perspectif à un mode conceptuel, cette oeuvre radicalement novatrice indiquait surtout des directions opposées au caractère et à la struture du cubisme, bien qu'elle leur ait frayé la voie. Les Demoiselles d'Avignon représente davantage une rupture par rapport au modernisme de la fin du XIXe siècle et à la peinture occidentale en générale ». En même temps elles opèrent la projection de leur charge plastique dans le devenir du travail du peintre. De plus Steinberg rappelle que Picasso était « déterminé à anéantir la continuité des formes et des surfaces qui était la norme pour l'art occidental ». Dès lors, le champs d'opération qu'il découvre devient propre à la manipulation d'un outillage mental, pour surmonter la crise psychologique qu'il traverse, « exorciser des démons personnels », ses désirs et ses angoisses, l'amour et la mort, afin de retrouver, selon Rubin, ce qui avait poussé les hommes à fabriquer des images: « le pouvoir de transformer la vie ».

Si Les Demoiselles d'Avignon marque une rupture dans la représentation, elle n'est cependant pas en marge de son environement. En effet comme nous l'avons vu, ce tableau tire ses influences chez Cezanne, dans l'art ibérique et surtout dans l'art d'Afrique noire dont on retrouve les principales caractéristiques sur certains personnages du tableau. Pourtant malgré cette diversité, le tableau provoque chez les amis de l'artiste

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