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tilisation de la deuxième personne désignant la chevelure : « tes profondeurs, ton parfum, fortes tresses soyez la houle qui m’enlève, tu contiens mer d’ébène un éblouissant rêve , cheveux bleus (…) vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ». Ce n’est qu’à la fin du poème (dans ta crinière lourde) que la deuxième personne s’adresse à la femme : tout au long du poème la chevelure semble se substituer à la femme dans l’adoration du poète.

➢ ¬ L’apostrophe, au début du poème, montre même une divinisation de la chevelure : « ô toison ! ô boucles ! ô parfum ! » L’interjection « ô » est souvent employée en français pour évoquer une divinité avec une marque d’adoration (ô mon dieu !)

Conclusion partielle : le poème est en partie un poème d’amour, un poème érotique, mais cet ancrage réaliste n’est qu’un point de départ, un tremplin pour l’imagination.

2) Le jeu poétique au service de l’imagination :

➢ ¬ La chevelure est tout d’abord transformée par le jeu des métaphores : elle est tour à tour comparée à la pilosité animale (toison, crinière, moutonnant, encolure), à l’ondulation des vagues (moutonnant, fortes tresses soyez la houle qui m’enlève), à une tente (pavillon de ténèbres tendues), à un mouchoir qu’on agite, au ciel (cheveux bleus (…) vous me rendez l’azur du ciel immense et bleu).

➢ ¬ Les oxymores et les synesthésies permettent à Baudelaire d’établir des « correspondances » inattendues entre des réalités d’ordre différent : les oxymores « cheveux bleus », « mer d’ébène », « noir océan » suggèrent une correspondance secrète entre le bleu intense (du ciel, de la mer des tropiques) et le noir profond, le noir à reflets bleutés de la chevelure ; une synesthésie typique consiste à associer parfums et liquides (l’olfactif et le tactile) : « nage sur ton parfum », « boire à grands flots le parfum », « je m’enivre ardemment des senteurs confondues », « la gourde où je hume (respire) à longs traits le vin du souvenir ». Le parfum devient une sensation tactile, intense.

➢ ¬ Les enjambements sont fréquemment utilisés pour mimer l’envol de l’imagination, l’agrandissement de l’espace, la multiplication des sensations : les enjambements les plus significatifs sont ceux qui débouchent sur un second vers énumératif, ce qui accentue encore l’impression de rythme en expansion. Dans les quatre exemples qui suivent l’idée d’expansion, d’élargissement, de grandeur ou de nombre est exprimée simultanément par le sens (contiens, boire à grands flots, ouvrent, vastes, embrasser, je m’enivre), par la syntaxe énumérative et par l’enjambement :

Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve

De voiles, de rameurs, de flammes et de mats :

Un port retentissant où mon âme peut boire

A grands flots le parfum, le son et la couleur ;

Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire

D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

Je m’enivre ardemment des ardeurs confondues

De l’huile de coco , du musc et du goudron.

3) La modification volontaire du réel par la rêverie.

➢ ¬ On peut relever des phrases-programmes, c’est à dire des phrases où le narrateur expose ses buts : complément de but, verbes de volonté, futurs, impératif, sont les formes grammaticales adoptées pour exprimer l’idée de projet (Pour peupler ce soir l’alcôve obscure des souvenirs (…) je la veux agiter ; j’irai là-bas ; je plongerai ma tête ; soyez la houle qui m’enlève !) . La volonté d’agir, l’énergie déployée pour atteindre un but s’exprime dans ces phrases.

➢ ¬ On notera aussi un champ lexical de l’activité cérébrale : « esprit » (2fois : v.9 et v.23).

➢ ¬ A plusieurs reprises, l’objet de cette activité cérébrale est défini comme la résurrection du passé : « souvenirs dormant dans cette chevelure » ; « saura vous retrouver », « le vin du souvenir », « monde défunt », « vous me rendez l’azur du ciel ».

Conclusion partielle : les jeux érotiques dont nous avons parlé ne sont pratiqués que pour exciter l’imagination du poète, ils ont un prolongement intérieur : la recherche du souvenir. Quel souvenir ? Peut-être le souvenir du voyage que Baudelaire fit à l’île Maurice et à la Réunion à l’âge de 20 ans . Souvenir que fait renaître en lui sa maîtresse noire Jeanne Duval. C’est du moins l’interprétation suggérée par la thématique exotique du poème.

2°AXE : UNE REVERIE EXOTIQUE DEBOUCHANT SUR UNE EXPERIENCE MYSTIQUE.

1) Les composantes de la rêverie exotique : un relevé de champs lexicaux permettra de définir ce qui attire Baudelaire vers les pays lointains. Champs lexicaux significatifs :

➢ ¬ La mer : océan, voguent, nage, houle, voile, rameurs, flammes (drapeaux des navires), mâts, ports, flots, vaisseaux, glissant, roulis, bords.

➢ ¬ pays lointains : langoureuse Asie, brûlante Afrique, monde lointain, là-bas

➢ ¬ richesse des pays tropicaux : l’arbre et l’homme pleins de sève, huile de coco, musc, rubis, perle, saphir, féconde

➢ ¬ vie paresseuse : se pâment longuement, féconde paresse, infinis bercements du loisir embaumé, oasis, nonchaloir

➢ ¬ volupté (CF. I.1)

➢ ¬ chaleur : ardeur des climats, éternelle chaleur

2) 2) L’expérience magique de la plénitude sensible : au delà de ces ingrédients habituels de l’exotisme qui fonctionnent un peu comme des clichés (du moins pour nous aujourd’hui), l’exotisme correspond chez Baudelaire à une expérience hallucinatoire : l’accession magique à une plénitude sensible, une fête des sens, qui n’existent pas dans la vie normale.

➢ ¬ Les champs lexicaux omniprésents de la contenance et de la grandeur servent à décrire le phénomène irrationnel qui se trouve à la racine de cette expérience hallucinatoire : tout un univers est contenu dans une chevelure (dans Le Spleen de Paris , un poème en prose jumeau de notre texte est intitulé Un hémisphère dans une chevelure) : la contenance est représentée dans « chargé de, dans, où, tu contiens, embrasser, est enfermé » ; la grandeur dans : « tout un monde, infinis, profondeurs, ouvre les vastes bras, embrasser la gloire, azur du ciel immense et rond, ciel, océan ». La chevelure devient un microcosme, d’où le poète, comme un magicien, fait surgir une multitude de paysages,

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