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Propos Sur l'Autobiographie, Jacques Borel

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qui ferait une sorte de psychanalyse, en faisant remonter l’inconscient au conscient, à l’aide de l’outil mémoriel. Cependant, cette recherche de soi ne passe paradoxalement pas que vers soi, elle est tournée vers les autres, qui ont une fonction vitale dans la formation de l’écrivain. Ainsi, Borel est amené à s’interroger sur l’autobiographie, en la pensant comme une « imagination (…) statique, immobile, plus organiquement liée à la mémoire et qui est la faculté de former, ou de revoir des images (…) descendues toutes vives dans l’être, d’où fixées ou secrètement métamorphosées par le long séjour qu’elles y ont fait, elle remontent comme d’elles-mêmes obséder, lanciner l’écrivain ou bien encore à la recherche desquelles celui ci s’aventure » tel est la thèse de Borel. Dans sa thèse, on retrouve les termes même de la psychanalyse tel qu’ « obséder », l’image de la remontée des « images », c’est à dire des souvenirs. Ainsi on peut se demander si l’écriture autobiographique est centrée sur une écriture à la recherche de soi même raccrocher au monde extérieur.

Dans une première partie, nous étudierons la thèse de l’auteur et ses différents arguments qui vont du plus évident, celle de l’extériorisation par l’écriture et la recherche identitaire, et afin de justifier le statut d’autobiographe il donne une autre perspective que le retour sur soi, une perspective qui engloberait l’auteur et ses influences provoquées par un autre que lui-même. Puis nous montrerons les limites de son propos.

Borel se questionne sur son écriture qu’il trouve trop « autobiographique » et pourtant il s'attribut « le don d’invention qui caractérise traditionnellement le romancier », c’est sur ce questionnement que s’ouvre notre extrait. Borel va donc distinguer deux sortes d’imagination : celle du « romancier » et celle de l’autobiographe. Il dissocie donc le travail de romancier et celui d’autobiographe. Toutefois, il parlera « de romancier de soi-même » dans la suite de son propos. Il lie donc les deux, tout en les dissociant. Afin de justifier son attache à l’inventivité littéraire, il attribue à l’autobiographie une part d’imagination, ce terme est à prendre dans le sens de l’invention. Borel se situe dans la deuxième sorte d’imagination, celle qui est plus en rapport avec la constitution autobiographique et mémorielle. L’imagination est en relation avec la pensée humaine, donc elle se rapproche de la mémoire, et du psychisme. En effet, plus loin dans sa pensée, il assimile cette imagination importante dans le travail de l’autobiographe, dans « la faculté de former ou de revoir des images », comme l’individu a la capacité de crée ses propres rêves. Le terme d’image est aussi important, car il est polysémique. L’image c’est à la fois la représentation qu’un être se fait de soi-même, des autres, des choses, c’est une sorte d’interprétation visuelle. Mais, c’est aussi l’image que l’on renvoie à travers le miroir. Cette faculté de se remémorer ses souvenirs par la mémoire est présente dans chacune des œuvres au programme. La mémoire parsème les trois autobiographies, étant donné qu’elles ont toutes un épisode existentiel lié à des souvenirs d’enfances, et donc « liée organiquement à la mémoire ». Cette idée de formation d’image s’illustre dans les épisodes dont nos trois auteurs nous font part, par exemple dans L’Âge d’Homme, lorsque Leiris, enfant, se promenait dans un bois accompagné de sa famille, et qu’il y voit des petits enfants joués sur un tronc d’arbre, cet épisode est le « théâtre » de son premier « émoi », cet épisode sera source d’une explication psychanalytique, que nous développerons plus tard dans notre commentaire. Le récit est dans sa mémoire, il arrive à le raconter même dans les plus petits détails comme le ressenti, l’image qu’il s’est fait de ce qui se produisait devant son regard d’enfant. Dans Enfance, de Nathalie Sarraute, lorsqu’elle est malade et qu’elle regarde sa mère « en train d’écrire », elle décrit au lecteur l’espace où elle se trouve en utilisant le verbe de perception « je ne la vois qu’assise » qui montre bien qu’elle se remémore un instant vécu, et qu’elle arrive à recoller remettre en forme les images données par sa mémoire. Enfin, dans le texte Formation de Guyotat, l’auteur construit son texte par sorte bribe, qui donne cette impression que des moments précis lui reviennent en mémoire et qu’il les inscrit tel qu’ils lui apparaissent et lorsqu’il raconte un long moment existentielle, il le détaille, comme dans l’épisode où il visite la chambre de son oncle Hubert, comme Sarraute, il utilise le verbe de perception « voir » : « je vois ». Borel apparente la mémoire a une sorte de rétroprojecteur qui aurait pour fonction de visualiser les souvenirs, positifs marquants, blessants, ou incompris de l’écrivain afin qu’il les retranscrivent par l’écriture. Afin d’imager cette idée, il cite la « lanterne magique » présente dans l’œuvre de Proust. Cette lanterne est présente dans le premier volume d’A La Recherche du temps perdu intitulé, Du Côté de chez Swann. Dans les premières pages de son œuvre, on peut donc lire : « La lanterne magique (…) dont on coiffait ma lampe (…) substituait à l’opacité des murs l’impalpables irisations, de surnaturelles, apparition multicolore où légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané ». Cet objet luminaire est très présent dans ce début d’ouvrage, il stimule l’imagination de l’enfant, elle sert de projecteur d’image, comme pour l’écrivain qui effectue son autobiographie. Et la lanterne chez Proust, est un stimulateur de rêverie, pour lui c’est grâce à l’imagination « qu’il peut percevoir la réalité cachée des choses et cette réalité ».

Toutes ses images mémorielles, vont amener l’écrivain à une compréhension de soi. Ainsi, dans la thèse de Borel, on trouve un rapport à la psychanalyse. En effet, il note un schéma psychanalytique, qui placerait ces images au fond de soi, c’est-à-dire « descendues toutes vives » dans l’inconscient, puis elles « remontent » dans le conscient. Les termes « obséder », « lanciner » peuvent rappeler le caractère douloureux des souvenirs qui doivent être extériorisés par l’écriture. C’est après sa thèse, qu’il développe le plus cette idée de recherche de soi ou bien d’éclaircir certaines zones d’ombre. A l’aide de connecteurs logiques, il structure sa pensée, il donne les deux points culminant dans l’écriture autobiographique, « d’une part » celle de l’écriture en fin de vie, qui permet en quelque sorte de faire le point sur sa vie passée et de comprendre les souvenirs traumatisants, « d’autre part », elle met en avant des images négatives ou incomprises de son existence et il les extériorise de sa mémoire. Dans un certain sens, Il veut rétablir le fait que l’autobiographie soit naturellement une poussée première vers soi-même sans qu’elle soit pour autant « narcissique », idée que nous développerons par la suite. La plupart des autobiographies sont écrites par des écrivains en fin de vie et de carrière, ce qu’il appel une justification avant la mort. Cette idée est fortement marquée au commencement de l’œuvre de Sarraute, où le double de l’écrivain, s’exclame « Alors tu vas vraiment faire ça ? (…) C’est peut être que tes forces déclinent (…) est ce que ce ne serait pas prendre ta retraite ? ». On trouve le pronom relatif généralisant « quiconque » en relation avec un vocabulaire de l’écrivain « la plume », « le livre ». Il remet en question la vocation littéraire, qui s’apparente normalement à une sorte d’élite, et il insinue que la carrière littéraire pourrait être donné à n’importe qui. Pour revenir au caractère psychologique de l’autobiographie, on trouve beaucoup de terme se rapportant à ce domaine comme le verbe « élucider », qui est la fonction même de la psychologie, mais aussi « angoisse » qui se définit un état de mal-être qui se manifeste par une sensation interne d'oppression et de resserrement ressentie au niveau du corps, autrement dit la mémoire donne à voir à l’auteur des souvenirs négatifs de son passé afin qu’il les extériorise, cette action est signifiée par le verbe « exorciser ». Borel conclut sa partie, sur le fait que c’est cette extériorisation qui est à l’origine de l’autobiographie. Chez Leiris, la psychanalyse a une place importante dans la sélection des récits existentiels. Si l’on revient sur l’épisode choisi en début de commentaire, parle d’un épisode énigmatique, puisqu’enfant il n’était pas « encore capable de trouver le mot de l’énigme » pour expliquer par la suite qu’il trouve utile de rassembler des souvenirs d’enfances qui ont été « le cadre dans lequel tout le reste s’est logé » (P39). De même que Leiris met une grande place pour la compréhension des phénomènes de sa vie, il a suivi une thérapie avant d’écrire son autobiographie. Dans le texte de Sarraute, l’aspect psychique se traduit par la présence du double ou bien par les Tropismes qui sont des sentiments brefs, intenses et inexpliqués, son autobiographie va permettre de les extérioriser et de les comprendre. Ils sont perçus comme « des démons ». Chez Guyotat, les souvenirs sont marqués par l’histoire durant la seconde guerre mondiale, qui a dû marquée Guyotat étant enfant.

Dans la seconde partie de son propos, il dépasse le « je » individuel pour en faire un tout avec l’autre.

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