Rejet Du Libéralisme

rdive».

Henry Carey (1793-1879), économiste américain, remarque une corrélation très nette entre les

périodes de renforcement du protectionnisme et celles d'accroissement de la prospérité nationale.

Il devient un opposant farouche au libre-échange, considérant qu'il tend à maintenir les États-Unis clans la position de colonie anglaise.

b. - L'intervention nécessaire de l'État pour Dupont- White

Charles Brook Dupont-White (1807-1878) est un économiste français qui s'oppose au libéralisme qu'il accuse d'appauvrir les travailleurs. Il pense que le travail est une marchandise périssable que le travailleur doit absolument vendre jour après jour; il ne peut pas stocker cette marchandise. Le contrat de travail est donc inégal car le travailleur n'a pas d'autre choix que d’accepter de travailler, et cela quel que soit le salaire offert.

Il pense également que le machinisme, en diminuant la demande de travail, tend à défavoriser

les travailleurs, à créer du chômage et à faire tendre les salaires à la baisse. Les travailleurs sont

victimes des crises périodiques de surproduction.

Le libéralisme risque, selon lui, de provoquer une révolution sociale. L'État doit donc intervenir pour sauvegarder le système. Il doit mettre en œuvre « la charité dans les lois» en menant politique d'assistance publique, d'enseignement populaire et de couverture des travailleurs contre les risques de crise de surproduction par la formation d'un fonds d'assurance. Il affirme dans essai sur les relations du travail avec le capital que « l'humanité est meilleure dans l'État que dans les industries ; elle s'épure, parce qu'elle s'élève, dans cet être collectif ».

Dupont-White s'oppose aussi au libre-échangisme car il pense qu'il amplifie et diffuse les crises

à l'image du vent qui se transforme en tempête en pleine mer quand aucune barrière naturelle

n'empêche la propagation.

c. - Les socialistes utopiques

Les socialistes utopiques s'opposent au système capitaliste qu'ils jugent inhumain. Ils proposent des sociétés basées sur la coopération et l'entraide.

Claude-Henry de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), a écrit Du système industriel

en 1822. Sa fameuse parabole annonce bien sa théorie: si la France perdait ses 50 meilleurs mathématiciens, ses 50 meilleurs chimistes, ses 50 meilleurs poètes, ses 50 meilleurs industriels,

50 meilleurs banquiers, etc., en tout 3000 personnes, le mal serait irréparable. En revanche, si elle

perdait tous les princes, tous les préfets, tous les cardinaux, tous les propriétaires, etc., soit 30 000

personnes, le dommage causé ne serait pas durable. Il faut donc donner le pouvoir à ceux qui détiennent la compétence et qui sauront l'orienter dans le sens du progrès.

Saint-Simon pense que le progrès économique et technique provient essentiellement de la classe industrielle qu'il faut laisser administrer le pays. « La classe industrielle est la classe fondamentale et nourricière de la société. »

Le saint-simonisme a fortement marqué le XIX' siècle, car de nombreux saint-simoniens se

sont rendus célèbres par leurs actions; c'est le cas des frères Pereire qui créèrent en 1852, la première grande banque moderne, le Crédit mobilier ou de Michel Chevalier qui négocia le traité franco-anglais de libre-échange signé en 1860. Ensuite, le saint-simonisme est devenu une véritable religion célébrant le progrès par des rites et des chants.

Charles Fourier (1772-1837) croit que les sociétés suivent une évolution linéaire inexorable, que

l'on peut caractériser par plusieurs étapes dont les principales sont l'étape primitive, la sauvagerie

le patriarcat, la barbarie, la civilisation et l'harmonisme. Pour hâter le passage à l'étape ultime, il

faut créer des exemples d'harmonisme dans le cadre des phalanstères; ce sont des cornmunautés de

1800 individus dans lesquelles les caractères des membres se complètent (il faut par exemple réunir

ceux qui aiment commander avec ceux qui aiment être dirigés). Fourier détermine 810 modèles

d'individus qu'il suffit d'associer savamment afin d'atteindre l'harmonie.

Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) s'oppose à la propriété (« La propriété c'est le vol») qu'il considère injuste et illégitime. Selon lui, elle crée le paupérisme et est contraire aux principes d'égalité et de liberté. Il rêve d'une société constituée de communautés locales, à taille humaine. Il pense que chacun doit posséder une part du capital de l'entreprise et bénéficier des fruits de son travail.

Il est l'un des créateurs de la mutualité. Dans Manuel d'un spéculateur à la Bourse, il déclare:

« Rendre l'ouvrier copropriétaire de l'engin industriel et participant aux bénéfices au lieu de l'y enchaîner comme un esclave, qui oserait dire que telle ne soit pas la tendance du siècle? ».

Robert Owen (1771-1858) est le propriétaire d'une grande manufacture de coton en Écosse. Il pense qu'il est nécessaire de développer l'instruction car l'homme est avant tout le fruit de son éducation. Il est à l'origine de nombreuses réalisations et a notamment transformé sa manufacture en usine modèle avec des jardins particuliers, une durée du travail réduite, une école et un jardin d'enfants et, pour les adultes, des cours du soir.

Historien et économiste suisse, Jean-Charles Léonard Sismonde de Sismondi (1773-1842) est un disciple de Smith, mais il stigmatise les dysfonctionnements de l'économie de marché qui peuvent nuire au bonheur humain et entraver l'essor de la richesse des nations. Il explique en effet dans Nouveaux principes d'économie politique (1819) que le développement économique s'appuie sur les inégalités entre riches et pauvres et conduit donc au creusement de ces inégalités. Il affirme que l'offre ne crée pas la demande et donc que les crises de surproduction sont possibles. La finalité de l'économie politique étant la satisfaction du bonheur de l'homme, l'intervention des pouvoirs publics est, sous certaines conditions, souhaitable. Le gouvernement doit « chercher l'ordre qui assurera au pauvre comme au riche une participation à l'aisance, aux douceurs, au repos de la vie».

II- Karl MARX

Karl Marx (1818-1883), sociologue, philosophe et économiste d'origine allemande a fondé une critique du capitalisme. Ses ouvrages principaux sont Le Manifeste du parti communiste (1848) rédigé avec F. Engels (1820-1895) et, son œuvre maîtresse, Le Capital qui parût à partir de 1867.

a. - Le matérialisme historique

Chaque société doit passer par des stades bien déterminés que Marx nomme « modes de

production », Ces différents stades sont: le communisme primitif, l'esclavagisme, le féodalisme,

le capitalisme, le socialisme et le communisme. Le socialisme est une étape transitoire vers le

communisme qui est une société d'abondance sans classes sociales ni État.

Chaque mode de production peut être défini par un rapport de production et par des forces productives. Les forces productives sont l'ensemble des ressources matérielles (matières premières, outils, machines, entreprises) et des ressources humaines (la main-d'œuvre caractérisée à la fois par le nombre de travailleurs et par leurs qualifications) qui interviennent dans la production.

Les rapports de production sont les rapports de propriété sur les ressources matérielles et les relations entre les différents agents qui participent d'une façon ou d'une autre à l'activité productive. De ces rapports de production naissent les rapports d'exploitation. La classe sociale qui ne possède que sa force de travail doit la mettre au service de la classe qui a la propriété des moyens de production. De cette exploitation dérive la lutte des classes.

Marx considère que le mode de production détermine l'ensemble des relations sociales:

l'infrastructure (base économique) détermine une superstructure juridique, politique, sociale et culturelle qui conditionne les hommes et détermine leur conscience.

Chaque mode de production engendre ses propres contradictions; dans un premier temps, les

rapports de production favorisent le développement des forces productives, puis