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Tchekov

Commentaires Composés : Tchekov. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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, la faillite de son commerce, la vente forcée des biens, la fuite à Moscou pour échapper aux créanciers, seul Anton et son frère, Ivan, restant à Taganrog, élèves au lycée où Anton devint répétiteur.

En 1877, ayant fait son premier voyage à Moscou pendant les vacances de Pâques, il confia à son frère, Alexandre, ses premiers petits textes, «des miettes», mais aussi une première pièce de théâtre :

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‘’Piesa bez nazvania’’

(1878)

“Platonov”

(1967)

Pièce de théâtre

À la fin du XIXe siècle, dans un domaine de la Russie du Sud qui risque d’être vendu, la jeune veuve Anna Petrovna Voïnitzeva reçoit ses amis, dont Michael Vassilitch Platonov, qui après avoir été ruiné, est devenu un instituteur déçu de sa vie et de lui-même, obnubilé par son besoin de séduire, faux artiste qui n’est qu’un pitre, don Juan de province qui n’est qu’un escroc de l’amour, qui se livre à toutes sortes de provocations. Son destin est tourmenté car il incarne la révolte contre l’enlisement dans la province, le conformisme, l’échec, l’âge, la pesanteur des pères ; car il pose ces questions lyriques et burlesques : comment grandir? comment vivre sans être inférieur à une certaine idée de soi? Cette révolte attire à lui aussi bien l’étudiante Grekova qu’Anna Petrovna ou sa belle-fille, Sofia. Les incertitudes de Platonov, qui cède à toutes sans choisir personne, aboutissent à une dégradation des relations et à une déchéance que double la ruine du domaine. À la fin du dernier acte, Sofia tire un coup de pistolet sur lui.

Commentaire

La page titre du manuscrit manquant, plusieurs solutions ont été adoptées par les éditeurs successifs : ‘’Pisa bez nazvania’’ (‘’pièce sans titre’’) ou ‘’Platonov’’, ‘’Ce fou de Platonov’’, titre sous lequel la pièce fut introduite en France dans une adaptation de Pol Quentin, ‘’Bezotsovscina’’ (‘’L’absence des pères’’), titre qui se justifie par divers témoignages dont une lettre d’Alexandre Tchékhov à son frère, datée du 14 octobre 1878 et qui établirait donc que la pièce a été écrite par un lycéen de dix-huit ans.

Si le thème de la pièce est assez simple, sa compositon par démultiplication d’intrigues et de rôles est d'une grande complexité : les poursuites, batailles corps à corps, chutes, gifles et coups se multiplient jusqu'à plus soif ; les scènes, innombrables et fâcheusement redondantes, finissent par lasser. Il y a de tout dans cette oeuvre proliférante qui est à la fois un drame, une tragédie et une comédie, un pastiche, oeuvre à laquelle son auteur ne s'est jamais résolu à mettre un point final pour la livrer au public. Elle est très longue et durerait normalement six heures. Tchékhov, qui était déjà habité par ce qui allait caractériser son théâtre, a voulu tout y mettre. Le coup de pistolet de Sofia est une manière d’en finir avec un drame dont la qualité majeure est peut-être, bien paradoxalement, d’être interminable et, par là, accordé à l’interminable lourdeur de vivre dont il donne une vision cosmique, matérialisant ainsi sur la scène le désespoir de Platonov. Il est tourmenté par quelques questions existentielles, la réflexion pointant (mais n’émergeant pas) dans ses rapports avec les autres et à travers ses monologues intérieurs. Il est entouré de jeunes trentenaires qui sont des artistes et intellectuels blasés, plus névrosés les uns que les autres, proches de l'hystérie ; autrefois socialistes, il ont déjà renoncé aux idéaux de leur jeunesse pour adopter des existences oisives et médiocres ; ils sont aux prises avec le mépris de la culture et du savoir manifeste chez les puissants du jour et le défaitisme de leurs prédécesseurs ; macérant dans l’ennui, ils semblent courir à leur perte ; pour faire face aux difficultés, aux défaites et aux désillusions, la plupart d'entre eux s'abîment dans l'alcool et la sexualité. Aussi cette fête à la campagne est-elle grinçante et ressemble-t-elle plutôt à un naufrage. On trouve, dans ce tableau d’un romantisme qui est un cocktail de province, d’ennui et de sucide, une phrase qui définit tout le théâtre de Tchékhov : «Pourquoi n’avons-nous pas vécu comme nous aurions dû vivre?» Ce tableau de groupe peint les rares avancées et les nombreux reculs d'une société décadente, la ruine de toute une génération d'intellectuels «occupés à souffrir» et qui s’écrient : «Il ne se passe rien, tout est déjà passé» ou «En tous les cas, vivons !» Peut-être la pièce ne fut-elle pas jouée parce qu’elle est trop sévère envers son époque.

C’est, non moins paradoxalement, l’inachèvement de la pièce qui lui donne de l’intérêt car sa grande richesse offre aux metteurs en scène un matériau malléable dans lequel ils peuvent ne retenir que ce qui les interpelle davantage. Et on est tenté de penser que c’est le fait que Tchékhov n’a pas su comment en finir avec cette pièce injouable qui explique ce cas étrange, de la part d’un auteur si peu enclin à garder ses essais, d’un manuscrit conservé au secret une vie durant, et contenant la matrice de l’œuvre tout entière. La longueur, l'épaisseur mélodramatique, I’inachèvement, tout donne I'impression d’une gangue dans laquelle, pourtant les qualités majeures de Tchékhov se trouvaient déjà, et les situations, les personnages de ses grandes pièces, et jusqu’à certains noms.

Cette sorte de brouillon resta longtemps inconnu, ne fut jamais joué du vivant de Tchékhov. En 1914, on trouva dans un coffre-fort d’une banque de Moscou un manuscrit portant des corrections effectuées en plusieurs étapes et à des époques différentes : «la moitié est barrée» indique une note au crayon écrite à l’intention de l’actrice Ermolova à qui la pièce était destinée, mais le manuscrit compte encore deux cent cinquante pages pour une représentation d’environ six heures. Il a été publié en 1923, par Beltchikov.

La pièce a d’abord été traduite en français par Elsa Triolet.

En 2004, elle a été montée à la Comédie-Française par Jacques Lassalle.

En 2005, à Montréal, Cristina lovita en a donné une mise en scène par laquelle elle souhaitait débattre du rôle de l'intellectuel dans la société d'aujourd'hui, tout en mêlant au drame des techniques de la «commedia dell’arte», ce qui fut plutôt mal venu.

En 1976, Nikola Mikhalkov en fit une libre adatation dans son film ‘’Neokončennaja p’esa dlja mehaničeskogo pianino’’ (‘’Partition inachevée pour piano mécanique’’).

Le Britannique Michael Frayn a, dans les années 1980, adapté le texte sous le titre de “Wild honey” (“Le miel sauvage”).

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En juin 1879, Tchékhov passa l'«examen de maturité», puis en août partit à Moscou, où il s’inscrivit à la faculté de médecine, car il fut partagé entre elle et l'écriture. Il allait dire : «La médecine est ma femme légitime, la littérature, ma maîtresse. Quand l’une m’ennuie, je vais passer ma nuit avec l’autre.» Il confia en 1889 : «Je ne doute pas que l'étude de la médecine a eu une sérieuse influence sur mon activité littéraire. Cela a considérablement élargi le champ de mes observations, m'a enrichi de connaissances.» En fait, c'est un peu comme si les deux faces de la médecine avait forgé son œuvre : d'une part l'empathie et la compassion nécessaires à la bonne pratique de l'art médical et, d'autre part, la distance scientifique qu'exige l'observation des symptômes, en suivant la méthode d’un de ses professeurs, A. Zakharine, qui consistait à individualiser chaque cas, à mettre en valeur ses particularités et non l’inverse. Son œuvre n’allait cesser de jouer sur ce qui est à la fois subjectivement douloureux et objectivement teinté de comique.

Mais, en même temps, il se fit rapidement connaître par la publication, sous le pseudonyme d’Anton Tchekhonte, dans des journaux et des revues de peu d’importance, de nouvelles humoristiques. Sa facilité d’écriture tenant du prodige, en 1882, il en écrivit quarante dont trente-deux furent publiées. En 1883, il en publia environ cent dix. Même si cette littérature «alimentaire» n’était payée que soixante-huit kopecks la ligne, la famille vivait presque exclusivement de l’argent qu’il gagna en écrivant la nuit, la journée étant consacrée aux études qui lui firent obtenir, en juin 1883, son diplôme de médecine. Il commença à exercer d’abord à Vozkresensk, puis à Zvenigorod, près de Moscou.

Cette année-là, il devint l’ami de Nicolas Léïkine, qui dirigeait le journal humoristique ‘’Les éclats’’.

En 1884, toujours sous le pseudonyme d’Anton Tchékhonte, il réunit des nouvelles dans :

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