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Tous Sur Dom Juan

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recueille l’unanimité.

Réception

Frontispice des Œuvres de Molière (éd. de 1734)

La pièce est jouée pour la première fois le 15 février 1665 et remporte un succès immédiat. Le public vient y chercher, comme dans les versions précédentes, un divertissement empreint de merveilleux. On aime se laisser subjuguer par le jeu des machines. On vient aussi voir de quelle manière Molière traite le thème de l'impiété et de la révolte contre la société10. Mais les ennemis de Molière guettent tout ce qui pourrait y être perçu comme une attaque de la religion. Dès la seconde représentation, Molière doit couper dans son texte : il supprime certaines scènes (dont la scène du pauvre) et certaines répliques (« Mes gages, mes gages ») qui semblent tourner la religion en dérision11. Au bout de quinze représentations seulement, la pièce est retirée, sur décision de Molière, mais à la suite probablement d'une intervention discrète du roi12. Elle subit une volée d'attaques. Conti l'accuse d'« encourage(r) l'impiété en chargeant un grotesque de défendre la foi » et D'Aubignac critique ce « mélange de sacré et de profane »13. Un libellé anonyme l'accuse de « plaisanter avec la religion », de « vanter le libertinage », de mettre « Dieu entre les mains d'un athée qui s'en rit et d'un valet qui fait rire les autres » et de « mettre en scène débauche et sacrilège par intérêt démagogique »14. Une défense se met en place, deux billets également anonymes parlent de vengeance contre Tartuffe, nient l'apologie du libertinage montrant que Dom Juan n'en présente pas une défense convaincante, précisent que le ridicule de Sganarelle n'implique pas le ridicule de ses thèses et que l'on peut être bon sans être intelligent et s'étonnent enfin que l'on critique chez Molière des scènes qui existaient déjà dans les versions précédentes15.

La pièce tombe dans l'oubli. Elle est supplantée par une adaptation en vers, édulcorée, qu'en fait Thomas Corneille et qui est la seule jouée entre 1677 et 1841. Elle n'est éditée officiellement qu'en 1682 dans une version très expurgée. Il existe cependant une édition originale tardive et interdite publiée à Amsterdam en 168316. L’œuvre de Molière est redécouverte au XIXe siècle mais ne suscite pas un grand enthousiasme: Musset trouve Dom Juan insuffisamment sombre et romantique, Stendhal le voit comme un homme de cour futile, Gustave Planche souligne l'incohérence des personnages secondaires, Sainte-Beuve n'éprouve aucune sympathie pour ce personnage impie, sensuel, orgueilleux et cruel. Elle n'est jouée qu'une centaine de fois entre 1841 et 1947. Il faut attendre les mises en scène de Louis Jouvet et Jean Vilar pour faire redécouvrir au public du XXe siècle la pièce de Molière11.

La pièce

Argument

Cette pièce relate la vie d'un personnage infidèle, séducteur, libertin blasphémateur, être de l'inconstance et du mouvement. Don Juan, jeune noble vivant en Sicile accompagné de son fidèle valet Sganarelle, accumule les conquêtes amoureuses, séduisant les jeunes filles nobles et les servantes avec le même succès. Seule la conquête l'intéresse et les jeunes femmes sont abandonnées dès qu'elles sont séduites. Ses conquêtes lui valent certaines inimitiés et certains duels auxquels il ne se dérobe pas. Il affiche un certain cynisme dans les relations avec ses proches, remet en question les dogmes religieux. Il aime les défis, jusqu'au défi final : le repas avec la Statue du Commandeur qui l'emportera dans l'au-delà.

Anne-Marie et Henri Marel voient dans les cinq actes de la pièce, l'exposition de cinq facettes de Dom Juan : l'infidèle (acte I), le séducteur (acte II), le libertin grand seigneur (acte III), l'inhumain (acte IV) et l'hypocrite (acte V)18.

Acte I

Dans un palais de Sicile. Sganarelle, après un éloge du tabac, décrit son maître à Gusman, l'écuyer de Done Elvire, comme un « enragé, diable, hérétique, épouseur à tout main, grand seigneur méchant homme ». On apprend que Dom Juan a séduit, épousé puis abandonné Done Elvire. Lorsque Dom Juan paraît, Sganarelle tente de lui faire entendre raison. On apprend qu'il a également tué un commandeur et qu'il projette de séduire une jeune fiancée. Survient Done Elvire qui lui reproche son départ. Dom Juan la rejette avec mépris.

Acte II

A la campagne près de la mer. Pierrot, un paysan raconte en patois comment il a sauvé Dom Juan et Sganarelle d'un naufrage. Dom Juan réussit à séduire successivement deux paysannes, Mathurine et Charlotte, la fiancée de Pierrot, en leur promettant le mariage. Il roue de coup Pierrot qui tente de s'interposer. ll tente de détromper Mathurine et Charlotte quand elles apprennent son double engagement. Survient son serviteur La Ramée qui lui annonce que douze hommes sont à sa recherche pour le tuer. Dom Juan s'enfuit et songe à se travestir.

Acte III

Dans la forêt. On retrouve Dom Juan en habit de campagne et Sganarelle déguisé en médecin discutant religion et médecine. Ils demandent à un pauvre leur chemin. Dom Juan tente, en vain, de le faire blasphémer pour une obole. Il s'interrompt pour porter secours à Dom Carlos assailli par trois brigands. Il apprend que Dom Carlos est le frère de Done Elvire et qu'il est à sa recherche avec son frère pour laver son honneur. Dom Juan s'engage à les rencontrer. Survient le second frère qui reconnait Dom Juan et tente d'obtenir immédiatement vengeance. Dom Carlos, par reconnaissance envers celui qui l'a sauvé, le convainc de reporter au lendemain la rencontre. Reprenant leur chemin, Sganarelle et Dom Juan aperçoivent au loin le tombeau du commandeur. Dom Juan lui rend visite et par défi, demande à Sganarelle de le convier à dîner.

Acte IV

Chez Dom Juan. Dom Juan éconduit successivement un créancier, M. Dimanche qu'il abuse par un discours flatteur, puis son père, Dom Louis dont il traite avec mépris les remontrances. Survient Done Elvire qui tente en vain d'obtenir de lui un repentir. C'est l'heure du dîner, Dom Juan s'apprête à passer à table lorsque apparaît la statue du commandeur qui convie Dom Juan à souper avec lui le lendemain.

Acte V

Dans la campagne. Dom Juan dialogue avec son père. Il semble repenti et converti. Dom Louis le quitte éperdu de bonheur. Mais on apprend que cette conversion est seulement un stratagème pour rentrer dans les bonnes grâces de son père et éviter les ennuis. C'est également en prétextant la dévotion qu'il rejette la demande de Dom Carlos de réparer l'offense faite à Done Elvire. Il refuse également le duel, rejetant la faute éventuelle d'un combat sur les deux frères. Un spectre, sous l'aspect d'une femme voilée, l'engage pour la dernière fois à se repentir. Dom Juan s'entête dans le refus. Survient alors la statue qui rappelle à Dom Juan son invitation et l'entraîne avec lui. La terre s'ouvre alors et engloutit l'impie. Sganarelle, resté seul, se lamente sur la perte de ses gages.

Liste des personnages

Dom Juan, fils de Dom Louis.

Sganarelle, valet de Dom Juan.

Done Elvire, femme de Dom Juan.

Gusman, écuyer de Done Elvire.

Dom Carlos & Dom Alonse, frères de Done Elvire.

Dom Louis, père de Dom Juan.

Charlotte & Mathurine, paysannes.

Pierrot, paysan et amant de Charlotte.

La Statue du Commandeur.

La Violette & Ragotin, laquais de Dom Juan.

M. Dimanche, marchand.

La Ramée, spadassin.

Francisque, un pauvre.

Un Spectre en femme voilée.

Registres

Dans l'édition de 1682, la pièce est présentée comme une comédie19. Le terme de comédie est souvent au XVIIe siècle un terme générique pour désigner toute pièce de théâtre19 mais il est parfois compris en opposition à celui de tragédie. Dans cette acception, on peut remarquer que Molière s'est souvent battu pour que soit reconnue la comédie comme moyen de « corriger les hommes en les divertissant »20. Cependant nombreux sont les auteurs qui voient dans cette pièce de multiples couleurs. Robert Horville parle ainsi, pour la décrire, de « convergence d'influences »21 mêlant tragi-comédie, farce, comédie burlesque, comédie baroque, comédie sérieuse, théâtre de machine etc. et Jules Lemaître la qualifie de « macédoine incroyable de tous les genres »22.

Elle s'apparente à la comédie baroque par son non-respect des règles du théâtre

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