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Zone Appolinaire

Note de Recherches : Zone Appolinaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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sociale et esthétique, Zone renvoie en effet à des lieux inexplorés. Ce poème se présente en marge du recueil Alcool, en marge de la poésie traditionnelle. Le terme peut renvoyer à la périphérie des villes, à l’urbanisme moderne, comme aussi à la poésie moderne.

En quoi ce début de poème, les 24iers vers, peuvent-ils ce lire comme l’affirmation d’un nouvel art poétique ?

Nous étudierons la polyphonie des voix et des interprétations. Nous analyserons la poésie du quotidien et de l’instantanée pour mieux dans la 3ième partie caractériser l’esthétique nouvelle.

CCL :

Les 24iers vers de Zone nous révèlent parfaitement la nouvelle esthétique apollinarienne. En promenant dans Paris, d’un œil curieux, observateur, le locuteur comme une ceinture qui se renferme sur elle-même selon l’étymologie de « zone », se livre à une investigation esthétique qui crée un langage poétique nouveau. Le poème apparaît en effet comme l’acte de naissance de la modernité poétique. Par la nouveauté du regard qu’il pose sur le monde, il fait jaillir la puissance poétique enfouie dans les objets les plus quotidiens de la modernité. De plus, il met en place une nouvelle forme de lyrisme, qui donne une tonalité intime à cette déambulation dans les rues de Paris, et ce poète par ses libres associations, ses images insolites, il transfigure le monde et se rapproche des peintres cubistes (ex. Picasso)

I. Polyphonie.

1. La multiplicité des interprétations.

Le poète par une auto-interpellation qui ressemble à un brusque sursaut, a une soudaine prise de conscience qui ancre le poème dans la modernité. « A la fin tu es las de ce monde ancien ». Le locuteur se met en scène face à lui-même dans un climat de très grande liberté, voire de désinvolture puisqu’au vers 2, le poète invoque la Tour Eiffel puis de nouveau au v.3 il revient à lui-même (ceinture) pour affirmer sa lassitude. Au v.7 le poète interpelle le christianisme puis au v.8 il s’adresse directement au pape Pi X en le vouvoyant pour revenir au v.9 à lui-même selon le processus de repli sur soi bien suggéré par le titre Zone. Le poète se présente en plein désarroi, sans doute mal-aimé, en tout cas mal inséré dans la tradition et voulant inventer quelque chose de neuf comme il l’exprime du v.9à14. Puis à la fin du poème (v.15-23), il fait partager au lecteur par les 3 occurrences du « je » et la présence du passé composé qui marque le résultat présent des actions au passé, sa déambulation dans Paris.

Ainsi la multiplicité des énonciations, le « tu » qui s’adresse à lui-même mais aussi sans doute à la Tour Eiffel, à la religion, au lecteur. Le « vous » qui se réfère au pape et enfin la présence du déictique « je » comme de « voilà », par cette multiplicité d’énonciation, le locuteur présente une nouvelle forme de poésie qui étonne et qui surprend. Le poète redonne son sens neuf au représentatif « voilà ».

2. Le brouillage de tous les repères.

Il semble en effet que tous les repères, même spatio-temporels soient brouillés. Le poète s’exprime au présent d’énonciation, au passé composé. Il veut nous faire voir vers l’avenir, comme la Tour Eiffel, mais aussi vers le passé à la religion qui semble par son caractère intemporel plus moderne que toutes les découvertes récentes. Au v.8, le poète semble vouloir tradition + modernité en parlant de la religion. Il veut nous étonner car Pape Pi X n’est pas réputé pour ses discours très modernes. Il s’est singularisé en 1911 en donnant sa bénédiction à l’aviateur Beaumont qui a été vainqueur de Paris-Rome et qui est justement parti de Port-aviation. Le poète veut aussi nous intégrer des considérations générales et des événements particuliers puisque le poème s’ouvre sur des considérations sur le monde ancien (antiquité etc.) pour ensuite privilégier toute forme d’écrits qui se présentent à lui dans sa déambulation dans Paris (ex. prospectus, catalogues, journaux). Tout semble s’ouvrir à lui sans véritable ordre, tout est discontinu, simultané. Ce brouillage correspond bien à l’esprit nouveau que veut mettre en place le poète. Les allusions à la réalité parisienne se résument d’abord à la Tour Eiffel, puis le poète décrit le monde urbain qui pourrait s’appliquer à n’importe quelle rue de Paris. Il nous confie d’ailleurs au v.15 qu’il a oublié le nom de la rue. Cette rue d’ailleurs « se situe entre la rue Aumont-Thieville et l’avenue des Ternes ».

De même qu’il brouille les énonciations, le poète s’amuse à brouiller nos repères. Il nous étonne en prenant le parti pris de trouver la beauté dans ce qu’il y a de plus criant, criard, cacophonique. (manque une phrase ?)

De surcroît le ton qu’il prend pour s’adresse à nous est déconcertant.

3. Le mélange des registres.

Le ton est celui d’une conversation très libre qui instaure une relation plus intime avec le lecteur mais qui en même temps veut nous provoquer, nous étonner. Le registre est en même temps familier puisqu’au v.3 « tu en a assez », et plus prosaïque avec la répétition de « il y a » au v.12-13 et l’emploi de langage oral avec « voilà ». Le niveau de langue est contemporain du début du 20e siècle puisqu’il fait entrer dans son poème au v.17 « les directeurs, les ouvriers, les belles dactylographes ». Sur le ton désinvolte d’une discussion amicale, le locuteur nous relate sa dernière promenade dans Paris et il veut nous faire partager sa vision nouvelle d’un Paris insolite. Il crée des images nouvelles visuelles et sonores « la sirène qui gémit » et au v.22-19-20. En maniant le paradoxe au v.23-24, il nous fait partager son mal être, il donne l’impression de vouloir être à tout prix heureux alors qu’il ne l’est pas, il veut établir une relation intime d’empathie avec nous pour que nous le comprenions (il veut nous faire partager sa peine). Le registre est donc moderne, étonnant mais il veut être avant tout lyrique.

En fait le poète veut nous faire partager sa conscience écrivante en créant une poésie de l’instantanée et du quotidien.

II. Poésie de l’instantanée et du quotidien

1. Structure placée sous le signe de la liberté.

Le texte n’a pas de forme fixe ni de structure strophique, il comporte 3 vers isolés puis 1 paragraphe de 3 vers puis de 8 vers et enfin de 10 vers. Cette structure qui va en s’amplifiant peut dans ce contexte précis mettre en valeur l’ivresse que le poète éprouve en déambulant dans la ville comme s’il voulait atténuer sa peine en s’étourdissant. Les 3ers vers présentent le thème de la nouveauté dans un contexte urbain. La strophe de 8 vers évoque la religion et la modernité ; la dernière strophe : la vie urbaine où le poète se plonge pour oublier la blessure qu’il a honte de confesser au vers 10. En outre, l’absence de ponctuation ôte au poème une certaine logique formelle, elle force le lecteur à trouver sa propre forme de lecture et le rend plus factif en favorisant l’ambigüité du libre jeu des associations. Nous nous sentons interpellés par le tutoiement qui semble s’adresse à nous et nous nous laissons bercer par les assonances, les allitérations : les échos entre les vers. Les vers ne sont pas réguliers mais libres. Seul le 1er vers est un alexandrin (diérèse sur « ancien ») comme si le poète par ironie, pour introduire une connivence intellectuelle avec le lecteur, s’amusait à pasticher la poésie classique. Les vers 2-3à16-17 syllabes et tous les autres comportent entre 15-18 syllabes sauf le vers 13 qui a plus de 20 syllabes. Pour mieux mettre en valeur sans doute la prolifération d’une nouvelle forme de littérature. Ces vers libres qui font éclater tous les repères classiques renforcent la tonalité familière de ce texte et donne l’impression d’une conversation avec le lecteur. Les rimes sont plates et forment des distiques. D’ailleurs ses rimes se limitent souvent à des assonances simples (v.7-8)(v9-10). Cette structure des vers et des rimes, cette absence de ponctuation donnent une très grande liberté et nous permet de mieux entrer dans la conscience du locuteur.

2. Regard neuf sur la littérature qu’offre la ville

Le locuteur nous fait regarder avec admiration au vers 2-3 la grâce de cette rue industrielle. Il nous invite au vers 11 à lire les prospectus, affiches, catalogues et pour la prose les journaux, les aventures policières [ Pour l’entretien : supports visuels intégrés à la peinture par les artistes

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