Aurais-je été réellement résistant ?
Discours : Aurais-je été réellement résistant ?. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Marilynowl • 1 Décembre 2025 • Discours • 1 643 Mots (7 Pages) • 7 Vues
Aurais-je été réellement résistant ? - Sujet de Grand Oral HLP 2024
Introduction
A l’école, nous avons tous, ou du moins, pour la grande majorité, appris sur le cas historique de la Seconde Guerre Mondiale, ainsi que sur l’opposition entre la Résistance et la Collaboration.
Présentées comme des figures héroïques qui ont su faire face à l’oppression, les résistants sont ceux auxquels nous nous identifions le plus souvent, persuadés que, si nous avions vécu durant cet évènement tourmenté, nous aurions agi comme eux.
Mais serait-ce réellement le cas ? Ne serait-il pas de la mauvaise foi manifestée de notre part ?
C’est dans son livre Aurais-je été Résistant ou Bourreau que Pierre Bayard s’attarde à ce problème. En effet, nous avons tendance à penser que nous savons nous mettre à la place d’autrui et que nous nous permettons d’émettre un jugement sur les personnes qui sont restées inactives dans le conflit, appelées les « salauds » par Sartre.
Selon lui, on ne peut pas ne pas agir car l’inaction nous engage envers une situation que nous nous sommes dirigés, par absence d’action, nous décidons d’avoir une attitude inactive face à la situation. Ainsi, il est impossible de ne pas choisir car même l’absence de choix est un choix.
Pourtant, si nous observons de plus près, très peu de personnes ont fait le choix de se rebeller à l’autorité nazie et beaucoup se sont contentées d’obéir aux lois de l’oppresseur. De plus, si nous rapprochons les faits de la Seconde Guerre Mondiale à ceux d’aujourd’hui, beaucoup d’entre nous se soumettent à l’autorité par simplicité, comme, par exemple, acheter des vêtements fabriqués dans des conditions déplorables.
A partir de là, posons-nous la question : ne sommes-nous pas toujours complices d’un pouvoir, d’une autorité abusive ?
L’expérience de Milgram
Laissez-moi répondre à cette problématique en vous parlant de l’expérience de psychologie sociale qui est, sans doute, la plus célèbre réalisée à ce jour.
L’expérience de Milgram a été menée par le psychologue Stanley Milgram à l’Université de Yale à New York, au début des années 1960.
Cette expérience a permis de tester des individus ordinaires sous le prétexte d’aider la science à mettre au point un programme sur la mémoire. Deux sujets étaient convoqués.
L’un devait retrouver la bonne réponse sur une liste de mots qu’il devait retenir en une minute. Installé dans une petite pièce, il était attaché à une chaise, à sa gauche, un bracelet électrique lui enverrait des punitions à chaque erreur. Plus il se tromperait, plus violent serait le choc électrique, allant jusqu’à 450 Volts.
Le deuxième homme était installé dans une autre pièce. C’était à lui de dire les questions et d’infliger les punitions : la décharge électrique.
Mais en réalité, il n’y avait aucun choque et les cris de la personne « électrocutée » étaient enregistrés. L’homme attaché était un acteur. Le sujet de l’expérience était en réalité le questionneur : jusqu’où allait-il s’arrêter ?
A votre grande surprise, sur les 800 sujets de l’expérience, 65 % sont allés jusqu’au bout et auraient infligé des décharges maximales si on le leur ordonne.
Or, vous pourriez rétorquer, comme dd% des personnes, que cette expérience à été réalisée il y a plus de 60 ans et qu’avec tous les mouvements activistes qui se multiplient avec le temps, les résultats de cette expérience ont sûrement baissé.
Figurez-vous qu’en 2009, la chaîne TV France Télévision a reproduit le processus de l’expérience Milgram dans le cadre d’un faux jeu télévisé. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le taux d’obéissance est de 81 % soit plus de 16 % des sujets en plus que l’expérience originelle.
Ainsi, nous restons soumis, pour la grande majorité à cette autorité, et obéissons. Milgram nomme ce comportement « l’état agentique », c’est-à-dire que l’individu n’est plus autonome, et devient un agent exécutif d’une autorité.
Mais pourquoi avoir réalisé cette expérience ?
Le procès d’Eichmann
Cette expérience à été réalisée après le procès de Eichmann : un membre des SS qui eut de grandes responsabilités administratives opérationnelles, ayant participé à l’extermination systématique des Juifs, et prit l’initiative de déporter et d’exterminer 400 000 Hongrois.
C’est en mai 1960 qu’il est repéré par les services secrets israéliens, après 15 ans de fuite, et est jugé à Jérusalem en décembre 1961, risquant la peine capitale.
Ayant commis des crimes nazis si grands et si cruels, on s’attendait à voir, par cohérence, un individu qui ressemble à ses actes commis : un homme extraordinairement cruel et méchant.
Or, Eichmann était, au contraire, un homme quelconque et insignifiant.
Par ailleurs, Eichmann, pour sa défense, plaide même le devoir d’obéissance, ayant agis par obéissance de l’État allemand. Il affirme également la possibilité qu’il aurait pu être remplacé par quelqu’un d’autre dans le même système, je cite : « Si je ne l’avais pas fait, quelqu’un d’autre l’aurait fait ! »
Ainsi, nous pouvons supposer que tout le monde aurait pu commettre ce crime.
La thèse d’Hannah Arendt
Et c’est ce qu’affirme la philosophe Hannah Arendt qui a suivi ce procès de près et qui a rédigé Eichamann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal en 1963.
Dans cet article, elle montre la capacité d’un homme ordinaire à commettre des crimes terribles. Elle appelle ce phénomène la banalité du mal.
Elle explique que Eichmann a, par lui-même, renoncé à penser et à juger ce qu’il faisait en ignorant sa conscience. Elle explique cette inaction par une aliénation politique importante, que beaucoup ont eu durant le IIIe Reich.
Nous pouvons aujourd’hui, sans aucun doute, affirmer que ce régime était immoral. Pourtant, le IIIe Reich a établi des normes sociales, comme la persécution des minorités, qui ont corrompu la conscience collective. Ainsi, la pression sociale a poussé les individus à se ranger à l’opinion dominante et les a privés de penser par eux-même.
Ainsi, comme l’affirme Hannah Arendt : « Le manque de pensée, signe
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