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Boule De Suif

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saucisson ».

Le contraste est net entre d’une part un registre satirique qui caricature violemment les bourgeois, comparés à « des chiens qui entendent un orgue de barbarie », et le pathétique qui émerge de la figure de Boule de Suif, définie par ses « larmes », puis ses « sanglots ». le choc des deux registres a évidemment un sens pour la nouvelle ; ce sont deux mondes (les marginaux et les bourgeois qui ne communiquent pas, qui ne sont pas faits pour vivre ensemble, quoi qu’il arrive). Et le contraste est d’autant plus fort qu’il est subtil et implicite : Maupassant suggère, par des modalisations, des insertions de jugements d’auteur, des analogies dépréciatives, tout le mal qu’il pense de ces bourgeois, tout en donnant un tour allègre à ce récit, sous forme de nouvelle brève et divertissante, où les images drôles ne manquent pas. Il y a en fait contraste flagrant entre une forme légère, humoristique et un fond qui vire au tragique.

Enfin, cet extrait propose un lien paradoxal entre auteur et personnage principal.

D’un côté notre narrateur ne fait pas de cadeau à son personnage principal et éponyme. Il la noie dans un récit entrecoupé de dialogue, cacophonique (associant aux voix des uns et des autres le chant de la marseillaise) et hétéroclite (où la marseillaise, hymne national, côtoie les œufs de Cornudet et le saucisson des bonnes sœurs) : bref l’empilement, la compilation d’éléments divers casse le sacré de cette scène finale et fait verser l’extrait dans du burlesque.

D’un autre côté Boule de Suif acquiert ici ses galons d’héroïne pathétique mais aussi tragique : l’imparfait de description à l’œuvre dans les passages de portrait, lui confère une gravité inédite ; tandis que le champ lexical de la vue (« paupières », « yeux », « la face » , « verrait », « ténèbres ») lui donne l’aspect d’une statue antique, qui juge et souffre à la fois. C’est elle qui concentre les passages sous forme de récit, à qui sont consacrées les phrases les plus rhétoriques (longues et rythmées, comme celle, ternaire, qui clôture le texte). C’est elle enfin, qui a le dernier mot car c’est bien sur son image que se termine le récit.

En conclusion, cet extrait illustre parfaitement la technique du contrepoint de l’écriture telle que les naturalistes la pratiquent ; les effets de contrastes, le mélange des contraires font ressortir l’absurdité mais aussi la crudité si ce n’est la cruauté des situations.

Boule de Suif a droit à un excipit qui la met enfin au cœur du récit, mais non sans mal : de la même manière Gervaise chez Zola, Madame Bovary chez Flaubert sont des héroïnes qui tranchent avec les héroïnes traditionnelles : elles ne sont pas héroïques, n’ont droit qu’à un incipit ou à un excipit –pas les deux-, bref, sont dans l’entre-deux, à la fois dignes de pitié et insignifiantes. C’est là la définition du nouveau héros selon les réalistes-naturalistes : un héros devenu héroïne, une héroïne qui n’est pas tout à fait héroïque, mais que le narrateur soutient malgré tout, contre le reste des personnages.

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