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Existe-t-il une culture humaine?

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Par   •  1 Octobre 2017  •  Dissertation  •  3 201 Mots (13 Pages)  •  1 185 Vues

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Dissertation : Existe-t-il une culture humaine ?

Avec l’importante migration des peuples de Moyen-Orient vers l’Occident que nous connaissons aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre à travers les médias des protestations de groupes nationalistes. « Ils débarquent comme ça, ce sont des sauvages » soutient une représentante du Front National dans un reportage de TF1. « Si Dieu a créé des pays, des couleurs, des religions, des coutumes, ce n’est pas pour tout mélanger ! » se scandalise une lectrice de Rivarol dans un reportage du Petit Journal. « Ils n’ont pas notre culture ! » clame un militant d’extrême droite dans un reportage d’iTélé. Mais, nous avons cependant cessé de classer les hommes en « races » et nous considérons désormais qu’il n’existe qu’une seule race d’hommes : la race humaine, l’ensemble des Sapiens sapiens qui descendent de l’Homo sapiens, tous les êtres humains qui habitent aux quatre coins de notre planète. Là où hier l’on hiérarchisait les peuples en fonction de leur apparence physique, certains dénoncent aujourd’hui les divergences culturelles qui nous divisent.

Alors qu’entend-on par culture ? Il s’agit d’un mot issu du latin cultura, qui désigne l’action de cultiver la terre au sens premier, puis celle de cultiver l’esprit au sens figuré. C’est Cicéron qui appliqua le premier ce mot à l’être humain dans ses Tusculanes: « Un champ si fertile soit-il ne peut être productif sans culture, et c'est la même chose pour l'humain sans enseignement. » (II, 13) La notion de culture est aujourd’hui un concept très polysémique, comme on peut le constater dans le livre Culture : a critical review of concepts and definitions d’Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn (1952) où sont recensées pas moins de 150 définitions différentes du mot. Différents domaines ont par ailleurs leur propre définition de la culture, comme en sociologie, philosophie, science, religion, biologie, politique, loi, langue courante, langue littéraire, géographie, économie... En philosophie, cette notion renvoie à ce qui est de l’ordre de l’acquis et non de l’inné. Ainsi, la culture s’oppose par définition à la nature : c’est ce que l’homme va créer lorsqu’il développera ses capacités qu’il possède en puissance.

Nous sommes ainsi amenés à nous demander s’il existe une culture humaine.

Se poser cette question, c’est s’interroger sur l’universalité de la culture en tant que concept humain, c’est se demander si elle est le propre de l’homme et commune à tous les êtres humains ou si elle diffère entre espèces et individus. C’est aussi s’interroger sur le but, la finalité de l’homme. Mais comment penser une nature humaine universelle et absolue au travers de toutes les manifestations particulières et relatives que sont les différentes ethnies et sociétés? Au fond, est-ce la culture qui fait l’homme ou bien peut-on le définir indépendamment des cultures auxquelles il appartient pour dégager une nature humaine, une essence universelle et absolue et non plus relative? Pour tenter d’apporter une réponse à ce problème, nous montrerons qu’il existe une culture propre à l’humanité et commune à tous ses individus, qui en partie définit l’être humain, puis nous verrons qu’il s’agit d’un concept dont les manifestations diffèrent entre les ethnies, sociétés, groupes et individus et nous montrerons enfin que l’humanité se dirige vers une fusion ou homogénéisation des cultures qui pourrait amener à une vraie culture humaine et universelle.

La culture peut d’une part être considérée comme universelle puisque c’est un concept humain qui fait l’homme et le définit.

Aux yeux de la science il n’y a aucun doute : les hommes ont tous des caractéristiques identiques, et selon certains critères fonctionnent tous de la même manière, indépendamment de leurs milieux. « L’homme est un animal social » disait Aristote dans ses Politiques, explicitant une thèse selon laquelle l’homme est naturellement conçu pour vivre en société, à l’intérieur d’une polis (cité). En effet, il possède un instinct qui le pousse à vivre en société, l’instinct grégaire. Car c’est grâce au contact avec des semblables que l’homme pourra se réaliser et développer des capacités, réaliser ce qui est en puissance en lui. À l’inverse, un homme séparé des autres et livré à lui-même sera incapable de survivre s’il est nouveau-né ou jeune enfant ou bien développera des capacités pour s’adapter à son environnement en écoutant cette fois son instinct de survie, se réduisant ainsi au stade animal : où l’être est dominé par son instinct. Dans ces mêmes Politiques, Aristote expliquait que « [l’homme] qui est hors cité, naturellement et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé, soit un être surhumain ». Autrement dit, un homme sans contact social perd son statut et ses facultés humaines puisqu’il tombe dans l’animalité, dont la seule échappatoire est la divinité. Durkheim ajoutait dans le Nouveau Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire que « si on retirait [à l’homme] tout ce qu’il tient de la société, il tomberait au rang de l’animal ». Afin d’illustrer ces propos, on peut citer Les enfants sauvages de Lucien Malson ou L’enfant sauvage de François Truffaut, où il est question d’enfants abandonnés dans la forêt qui sont retrouvés des années plus tard ayant perdu des facultés intellectuelles, le langage et étant régis par leur instinct de survie.

À l’intérieur d’un groupe social, l’homme développera alors une deuxième caractéristique, fondatrice de la culture : le langage. Du grec logos (le discours), il s’agit d’une potentialité offerte par les gènes qui ne se développera qu’au contact prolongé de pairs. Le langage, après l’instinct grégaire, est une caractéristique commune à tout être humain qui va lui permettre de communiquer des sentiments abstraits comme la peur, la joie ou la colère, mais aussi désigner des objets concrets ou d’autres personnes en leur absence. Le langage va alors introduire des symboles au sein des ethnies, posant ainsi les premières pierres de la culture, car c’est en introduisant un langage de symboles que l’on peut se diriger vers un monde de valeurs. C’est là encore une caractéristique commune à tous les hommes. Un être humain ne développera donc sa nature qu’au sein d’une culture, et inversement pour qu’une culture se crée une société est indispensable. Il existe également l’argument sociobiologique selon lequel la culture pour tout homme se réduit à l’action préalable de la nature, celle de la génétique et celle de la biologie. En d’autres mots, la culture serait en tout homme le résultat de l’évolution du même parcours génétique et sélectif, comme l’explique le sociobiologiste Laurent Dobuzinskis : « l’hypothèse centrale de la sociobiologie consiste en ceci que les comportements animaux (et humains) ont une origine génétique et donc qu’ils résultent des effets de la sélection naturelle ».

La notion de culture a quant à elle été inventée par les hommes pour décrire un phénomène dont ils étaient les principaux acteurs. En effet, on désigne par culture tout ce qui n’est pas nature, donc par définition tout ce qui a été créé ou modifié par la main de l’homme. Selon cette définition, la culture est universelle dans le sens où elle est applicable à tout être humain, puisque tout homme est amené à transformer la nature d’une manière ou d’une autre. De ces transformations de la nature naîtront des techniques que l’homme va développer et qui feront partie de sa culture. Une autre spécificité de l’homme est justement la capacité à apprendre, perfectionner et transmettre aux générations suivantes les techniques qu’il a lui-même héritées, permettant une évolution de la technique qui s’auto-améliorera au fil du temps, comme le mentionnait Durkheim dans son article Éducation:  «C’est cette accumulation indéfinie de sagesse qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même ». C’est une capacité qui va distinguer l’homme d’animaux intelligents comme le poulpe, qui développe de nombreuses techniques de chasse et de camouflage tout au long de sa vie : elles pourraient être un réel atout pour sa descendance et pourraient permettre l’apparition d’une « culture de poulpe » si seulement il ne mourait pas en donnant le jour. Comme l’explique Durkheim, l’homme tient son humanité de sa capacité de « transmission culturelle ». C’est là encore une capacité fondatrice de culture propre à l’homme.

Enfin, existent des valeurs et modes de vie universels partagées par tous les peuples sans exception. S’il y a société (ou polis pour les grecs), alors il y a des règles qui l’encadrent. Ce n’est plus comme en pleine nature où la seule loi valable est celle du plus fort, mais il s’agit d’instaurer des normes que la plupart des individus vont accepter, car comme le soutenait Sigmund Freud, la culture se construit sur l’interdit, sur la « répression des pulsions » (Malaise dans la civilisation). Ainsi, dans toute société le meurtre injustifié est puni, souvent de mort, il existe une prohibition l’inceste, qui comme l’affirmait Claude Lévi-Strauss « est une règle qui possède un caractère d’universalité ». Dans chaque société se crée également une échelle sociale, avec une élite gouvernante à laquelle il est défendu de porter atteinte: les citoyens Grecs et Romains durant l’Antiquité, les chefs de tribus en Amazonie, les rois et seigneurs du Moyen-Âge, les castes élevées en Inde, les classes bourgeoises en Europe, les classes dirigeantes en Asie, les patrons de Firmes Transnationales en économie... Bien que leur nom diffère, leur fonction au sein de leurs sociétés ne change pas: offrir au grand nombre une tête à suivre qui va dicter les lois et définir les interdits.

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