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odine d’un des pilotes anglais) et que le film ne déplore aucun décès. Les Allemands semblent courtois et leur réputation de tortionnaire n’est que vaguement évoquée par le récit. Les actions de la résistance elle-même semblent peu efficaces et prêtent surtout à rire. Par ailleurs, à aucun moment le film n’évoque les rafles et les exactions commises à l’encontre de la communauté juive. À peine évoque-t-on quelques contraintes de la vie de tous les jours : les contrôles d’identité, les couvre-feux et des perquisitions sans gravité. La Zone libre Le moteur principal de la narration est la fuite vers la Zone libre. En 1940, suite à l’invasion allemande, la France est divisée en deux : la Zone occupée, au nord et le long de l’Atlantique était directement administrée par les Allemands. Le reste du territoire était confié à l’administration de Vichy. Cette situation prit fin en novembre 1942, lorsque l’armée allemande envahit la Zone libre sans susciter la moindre résistance de la part des forces de Vichy. Le film pourrait laisser croire que la Zone libre était un véritable espace de liberté face à la Zone occupée. Cependant, la collaboration du régime de Vichy étendait la mainmise allemande sur le pays, forçant les résistants à la clandestinité et encourageant les préfectures du sud à organiser elles-mêmes la chasse aux Juifs.

Films à la Fiche - La Grande vadrouille

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Éducation par le cinéma

Pistes de réflexion quant à la narration

Le duo comique Le Corniaud du même Gérard Oury avait inauguré la recette en obtenant un franc succès grâce à la prestation de Louis de Funès et de Bourvil. Tablant sur le même accueil, La Grande vadrouille se base sur la constitution d’un duo comique qui puise sa dynamique dans l’antagonisme des deux personnages : Augustin, le sympathique et généreux manuel issu du peuple et Stanislas, l’acariâtre artiste bourgeois. L’ingéniosité du film consiste à maintenir une dichotomie entre les membres du tandem tout en forçant leur collaboration face aux ennemis que sont les Allemands. Pour appuyer le comique de leur situation, le récit les rend très rapidement passifs. Une fois passée leur intervention aux bains turcs, les deux personnages n’agissent plus réellement en faveur des aviateurs anglais et deviennent même les objets des efforts d’autrui.

Face au film

Peut-on rire avec le drame ? Le choix de Gérard Oury de mettre en scène une occupation qui a juste ce qu’il faut de menaçant pour justifier que ses héros la fuient, peut poser question quant au mélange du rire et de l’histoire. Ici, l’objectif du réalisateur est de ne chercher aucune ambiguïté, l’humour est bon enfant et certainement pas noir. Que peut-on penser de ce choix ? La Seconde Guerre mondiale seraitelle à ce point horrible qu’il faille nier sa réalité pour prétendre l’utiliser dans une comédie ? N’est-ce pas regrettable dans la mesure où il peut véhiculer des lectures erronées de l’histoire ? Ou, au contraire, est-il intéressant de détourner un sujet de controverses (voir page 4) au profit d’un succès public rassembleur ? Pour approfondir ces questions, La Grande vadrouille peut être mis en perspective avec La vie est belle (1997) de l’italien Roberto Benigni. Sorti en 1998, ce film prend le parti de rire à propos du volet le plus sombre du conflit : l’Holocauste. Totalement opposées, les deux démarches ont pourtant réussi à gagner la popularité du public. Plus grinçant, Papy fait de la résistance (1983) traite également de l’occupation sur le ton de la comédie.

Films à la Fiche - La Grande vadrouille

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Contextes

Ligne du temps historique

Défaite française face au Reich, instauration du régime de Vichy et de la zone libre - 1940 Invasion de la Zone libre par les Allemands - 1942 La Libération - 1944 Le traité de Rome qui fonde la Communauté européenne - 1957

Ligne du temps artistique

1965 - Le Corniaud de Gérard Oury, consécration du duo Bourvil/de Funès (11 millions d’entrées). 1966 - La Grande vadrouille de Gérard Oury (17 millions d’entrées). 1982 - Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré. 1983 - Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré. 1985 - Trois hommes et un couffin de Coline Serreau (10 millions d’entrées). 1992 - Les visiteurs de Jean-Marie Poiré (13 millions d’entrées). 1998 - La vie est belle de Roberto Benigni. 2002 - Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat (14 millions d’entrées).

Contexte historique

Réalisé 20 ans après la fin du conflit, le film apparaît fort révélateur des difficultés qu’a la France à envisager objectivement son rôle dans la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement la nature des relations nouées entre l’administration et le Reich. Cherchant à éviter toute polémique, La Grande vadrouille fait l’impasse sur la réalité pour éviter de la traiter. Cependant, cette absence de réalisme fait place à des représentations trompeuses de l’histoire qui rejoignent les préoccupations politiques du moment. Tous résistants La question de la collaboration est totalement absente du film où chaque Français, de la nonne au gardien de zoo, semble enclin à porter secours aux aviateurs anglais. Notons qu’il n’y a aucune trace de gendarmes français. Cette belle unanimité semble indiquer l’existence d’un esprit national de résistance tout à fait étranger à la réalité. Mais cette lecture flatteuse correspond aux besoins de

Films à la Fiche - La Grande vadrouille 4

Contextes

l’Etat français de fonder une unité nationale autour du souvenir des héros de la résistance, en gommant les errements et les divisions d’une nation dont la cohésion fut affaiblie par la guerre. L’Allemagne amie Les années 60 sont également celles de la réconciliation francoallemande, portée par le couple de Gaulle/Adenauer et motrice de la construction européenne. Dans ce contexte, il était souhaitable de ne pas s’appesantir sur l’image négative du soldat allemand. Sa caricature évite donc sa diabolisation et retient uniquement les traits grotesques qui prêtent à rire (voir page 6).

Contexte artistique

Petite histoire de la comédie française En France, les films français qui côtoient les productions américaines dans les dix premières places du box-office historique sont tous des comédies et La Grande vadrouille trône en tête du classement avec 17 millions d’entrées (derrière Titanic et ses 20 millions). Dans les années 50 et 60, les films avec Fernandel, ahuri ou retors, constituaient le divertissement populaire par excellence. Par la suite, grâce à Gérard Oury, Bourvil imposera le prototype parfait de l’éternel nigaud un peu enfantin. Face à lui, Louis de Funès exploitait son personnage de convulsif teigneux qu’il avait mis au point depuis 1946. Jusqu’aux films de Pierre Richard, le comique provenant de la loufoquerie d’un personnage constituait l’essentiel de la production. En 1982, Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré consacre une nouvelle génération. Se voulant branché et post-soixante-huitard, l’humour plus noir s’essaie à la satire sociale. En 1985, l’étonnant succès de Trois hommes et un couffin de Coline Serreau prouve que l’observation des mœurs paie autant que les maladresses. En 1992, le succès des Visiteurs inaugure les comédies à grosse production. À plus d’un titre, il fait la boucle avec La Grande vadrouille. Le duo comique et contrasté (où Christian Clavier semble vouloir marcher sur les traces d’un de Funès) revient à l’affiche et l’humour axé sur des caricatures se mélange aux sarcasmes du Père Noël est une ordure. Jouant sur la présence de personnalités du show-biz, les Astérix produits par Claude Berry accentueront encore la place du burlesque et confirmeront l’efficacité du duo.

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Éducation au cinéma

Les clichés

La Grande vadrouille se base pour beaucoup sur des clichés et sur des caricatures pour susciter le rire. Le film prend pour cible trois nations : la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France. Examiner à travers le film comment ces clichés sont construits et ce qu’ils recoupent peut accompagner la vision et constituer un exercice révélateur des représentations au cinéma. L’Allemand Désigné comme le méchant du film, l’Allemand est l’objet des caricatures les plus féroces. Cependant, le film esquive toute notion de cruauté pour dessiner un personnage fort décérébré et victime de la farce. Cristallisé dans le personnage du major Achbach, l’Allemand se présente comme vociférant et autoritaire. Il semble intrinsèquement guidé par une discipline qui provoque chez lui des réflexes comportementaux (le Heil Hitler ! compulsif). Loin du soldat efficace que le cinéma a l’habitude de dessiner, le soldat allemand semble incapable d’initiative personnelle et se laisse toujours avoir par les apparences (les costumes des héros, la ligne blanche au milieu de la route, la parodie germanique

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