DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Francais

Rapports de Stage : Francais. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 6

conseil de Ronquerolles= démarche biaisée, non intime ni sincère. La parole va servir à faire plier l’autre mais…

2° Le ballet de paroles : Maîtrise de la parole par Mme de Langeais (longueur des répliques) ; les ordres de la duchesse (impératifs : « respectez-moi, je vous prie (l 3), et les injonctions humiliantes : « Personne ne m’a dit encore ce mot »(l 5), « Il me semble ridicule, parfaitement ridicule » écrasent toute velléité de rébellion et sont habilement suivies de formules d’éviction polies : « Je vous prierais… Ayez la bonté de revenir quand je serai visible. » (l 14)

Les ordres du Général ne sont d’aucun effet : Au « Sois à moi » du début succèdent un questionnement angoissé ou menaçant : « Vous ne me céderiez rien sur ce point ? » et un durcissement de la position : « Je l’aurai ». Enfin il se replie vers la stratégie et la pensée manipulatrice : « nous allons jouer maintenant une partie d’échec ».

3° une gestuelle signifiante : Paroles mais aussi gestes sont sans équivoques : la duchesse repousse avec force et calme » ce qui traduit sa détermination et l’empire qu’elle a sur elle-même. Ceux du Général traduisent son assujettissement à ses instincts : « voulut s’élancer » (l 12), saluer gravement à la fin.

Les mimiques sont elles aussi éloquentes : »grâce moqueuse » de la Duchesse, rire sarcastique de Montriveau pour effrayer la duchesse.

Après avoir constaté l’importance de la mise en scène propre à ce dialogue romanesque, nous allons nous intéresser davantage aux tempéraments des protagonistes tels qu’ils se dévoilent dans cet extrait.

II LA FROIDEUR MENTALE CONTRE LA CHALEUR EMOTIONNELLE

1) une relation de fin’amor faussée

Les deux personnages ne vivent pas une relation d’amour partagé de don et de respect mutuel. Les promesses de chacun ne sont pas respectées : la Duchesse n’est « pas assez sotte pour la tenir » tandis que le général exige des preuves des promesses données, ce qui ne traduit pas une relation de confiance mutuelle. Chacun sert ses propres intérêts= individualisme. Tout est faussé car les liens « n’étaient forts que pour son amant »=tromperie, illusion d’amour vrai.+le mépris écrasant de la duchesse qui contredit le respect amoureux.

Derrière cela se tapit un libertinage non avoué : le boudoir, lieu sensuel par excellence, est toujours en arrière-plan+jeu de défi « je l’aurai » affirme le général auquel se heurte un« vous me feriez bien plaisir de le vouloir » qui laisse entendre un désir que cela soit effectivement cas…

Les belles paroles ne sont que des attaques déguisées : « Je suis enchanté répondit Montriveau en riant de façon à effrayer la duchesse… » où l’ironie est mordante, et la sauvagerie aux aguets.

2) une représentation des Humeurs(Héraclite) et des Espèces (cf Buffon)

C’est pourquoi on peut aisément distinguer dans ce texte un animal à sang chaud et un animal à sang froid (cf Héraclite, philosophe grec) qui se connaissent par instinct. La duchesse ne lit-elle pas « les exigences secrètes » de M sur son front ? Le général ne sent-il pas « la dureté de cette femme » ? L’esprit de calcul, le recul, la froideur « tranchante comme l’acier » témoignent d’une énergie absorbante femelle qui s’oppose à la passion dévorante et conquérante masculine. D’un côté la puissance externe de réalisation et d’empire sur le monde chez le général héroïque, de l’autre la puissance interne et l’empire sur elle-même de la duchesse…

3) Présence du narrateur omniscient

C’est que B a beaucoup étudié l’espèce animale et le comportement humain dans le but de codifier, classifier l’espèce humaine. L’adresse au lecteur et le commentaire au milieu du passage sont là pour nous mettre en garde et nous rappeler qu’il s’agit d’une étude sur la nature humaine : ironie /général=distanciation du lecteur : « leur conquête était plus difficile à faire que ne l’avait été celle de l’Europe. » ; l’amour est une guerre bien plus ardue que le champ de bataille classique. L’humour n’est donc pas absent et sert à la réflexion critique du lecteur qui doit « classer » en quelque sorte ces deux personnages

Certes le tempérament informe M et la Duchesse mais il n’en demeure pas moins que le souci des apparences, le jeu social est au service de volontés purement humaines.

III) LE JEU SOCIAL AU SERVICE DE LA VOLONTE

1°) la pression des codes sociaux : Dans tout le passage s’observe un jeu entre l’interne et l’externe, entre le monde extérieur et intérieur. La femme de chambre qui intervient « de l’extérieur », le boudoir qui représente l’intérieur intime, Ronquerolles la société extérieure alliée au général, Monsieur de Marsay en lien avec la duchesse…Il s’agit de respecter les codes sociaux de la société civile vaille que vaille, de les utiliser au mieux.

2°) le combat des orgueils et des volontés : Pour B, la seule motivation des individus est leur volonté de pouvoir et d’ascension au sein de la société. Ici différence entre noblesse de souche (la Duchesse) et les bourgeois anoblis(Montriveau), d’où l’attitude méprisante de la duchesse qui prend de la « hauteur », affuble du vocable « ridicule » par deux fois et de manière absolue l’expression « je veux » du général. C’est qu’en définitive il n’a aucune légitimité pour lui faire aux yeux du monde la cour.. Il est ramené dans une formule cinglante

...

Télécharger au format  txt (9.2 Kb)   pdf (92.6 Kb)   docx (9.4 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com