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Hitler

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d’en peindre et qu’il possédait en tout cas de très bonnes bases dans cette technique. En revanche, pendant ses années de « galère » après avoir échoué à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts, Hitler occupa un emploi de manœuvre, comme il l’a mentionné dans Mein Kampf.

Autodidacte, grand lecteur3, et admirateur inconditionnel de la musique de Richard Wagner, tout comme son ami August Kubizek, il développe un intérêt profond pour l’architecture. Il vit de ses peintures, surtout des aquarelles, enchaîne les petits boulots, vivant dans une vie de bohème et de misère constante durant cinq ans, poussant même jusqu'à la mendicité. Plus tard, dans Mein Kampf, il écrit :

« Cinq années pendant lesquelles je dus, comme manœuvre d’abord, ensuite comme petit peintre, gagner ma subsistance, maigre subsistance, qui ne pouvait même pas apaiser ma faim chronique. Car la faim était alors le gardien fidèle qui ne m’abandonna jamais, la compagne qui partagea tout avec moi. Chaque livre que j’achetai eut sa participation ; une représentation à l’opéra me valait sa compagnie le jour suivant ; c’était une bataille continuelle avec mon amie impitoyable. J’ai appris cependant alors comme jamais avant. Hors mon architecture, hors les rares visites à l’Opéra, fruit de mes jeûnes, je n’avais d’autre joie que des livres toujours plus nombreux. »

Adolf Hitler assiste aux séances du Parlement autrichien, il écrit plus tard son mépris pour la démocratie et le parlementarisme. Il étudie les thèses pangermanistes et observe l’influence de la politique sur les masses. Dans ce bastion de la social-démocratie autrichienne, il forge également son dégoût pour les doctrines marxistes.

C'est aussi pendant les années de Vienne que se forge son antisémitisme, même si selon les conclusions de Ian Kershaw, il reste impossible de déterminer le moment exact et les raisons précises pour lesquelles Hitler est devenu antisémite. Il est acquis en effet que de son propre aveu, il n'était pas antisémite en arrivant à Vienne. Mais dans ce foyer de l'antisémitisme politique moderne, dirigé depuis 1897 par le maire populiste Karl Lueger, élu sur son programme foncièrement antisémite, Hitler a sûrement été largement influencé par l'abondante propagande antijuive qui circulait alors, à travers une foule de libelles, de caricatures, de journaux et de discours publics.

Au printemps 1913, pour éviter son enrôlement dans l’armée de l’Empire austro-hongrois, État multi-ethnique qu’il exècre, il s’enfuit à Munich et vit en vendant ses peintures de paysages. Sa tentative d’échapper à la conscription est remarquée, mais, après avoir été refusé lors d’un examen médical à son retour en Autriche (pour constitution « trop faible »), il retourne à Munich.

Bien qu'Hitler ait écrit dans Mein Kampf avoir décidé de s'engager en politique dès l'annonce de l'armistice de 1918, il s'agit là surtout d'une reconstruction rétrospective. Comme le note Ian Kershaw, Hitler s'abstient encore de s'engager dans les premiers mois de 1919, ne songeant nullement par exemple à rejoindre les nombreux Corps francs — des unités paramilitaires formées par les anciens combattants d'extrême droite pour écraser les insurrections communistes en Allemagne puis la jeune République de Weimar elle-même. Sous l'éphémère République des conseils de Munich, il est resté discret et passif, et a probablement fait extérieurement allégeance au régime7.

Depuis le 9 novembre 1918, la Bavière est en effet entre les mains d’un gouvernement révolutionnaire, la Räterepublik ou « République des conseils », proclamée par le socialiste Kurt Eisner et virant de plus en plus à gauche après l'assassinat de ce dernier début 1919. La propre caserne de Hitler est dirigée par un conseil. Dégoûté, Hitler quitte Munich pour Traunstein. Cependant, en 1919, alors que le pouvoir est hésitant entre communistes du KPD et sociaux-démocrates du SPD, il se fait élire délégué de sa caserne, une première fois lorsque le pouvoir en Bavière est aux mains du SPD, puis une seconde fois en tant que délégué adjoint sous l’éphémère régime communiste (avril-mai 1919), juste avant la prise de Munich par les troupes fédérales et les Corps francs. Il n'a pas cherché à combattre ces régimes, sans pour autant avoir adhéré à aucun de ces partis, et il est probable que les soldats connaissaient ses opinions politiques nationalistes8,9.

Hitler reste théoriquement dans l’armée jusqu’au 31 mars 1921. En juin 1919, alors que la répression de la révolution fait rage en Bavière, son supérieur, le capitaine Karl Mayr10, le charge de faire de la propagande anticommuniste auprès de ses camarades. C'est au cours de ses conférences parmi les soldats qu'Hitler découvre ses talents d'orateur et de propagandiste, et que pour la première fois, un public se montre spontanément séduit par son charisme.

C'est aussi de cette époque que date le premier écrit antisémite d'Hitler, une lettre qu'il a adressée, le 16 septembre 1919, à un certain Adolf Gemlich, sur l'initiative de son supérieur, le capitaine Karl Mayr11. Après une virulente attaque antisémite, dans laquelle il qualifie l'action des Juifs de « tuberculose raciale des peuples », il y oppose « antisémitisme instinctif » et « antisémitisme raisonné » : « L'antisémitisme instinctif s'exprimera en dernier ressort par des pogroms. L'antisémitisme raisonné, par contre, doit conduire à une lutte méthodique sur le plan légal et à l'élimination des privilèges du Juif. Son objectif final doit être cependant, en tout état de cause, leur bannissement »12.

Début septembre 1919, Hitler est chargé de surveiller un groupuscule politique ultra-nationaliste, le Parti ouvrier allemand, fondé moins d'un an plus tôt par Anton Drexler. À la fin d'une réunion dans une brasserie de Munich, il prend la parole à l'improviste pour fustiger la proposition d'un intervenant. Remarqué par Drexler, il se laisse facilement convaincre d'adhérer et transforme le parti en Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

Son magnétisme et ses capacités d'orateur en font un personnage prisé des réunions publiques des extrémistes de brasserie. Ses thèmes favoris — antisémitisme, antibolchevisme, nationalisme — trouvent un auditoire réceptif. Mobilisant de plus en plus de partisans, il se rend indispensable au mouvement pour en exiger la présidence, que le groupe dirigeant initial lui abandonne dès avril 1921 après un ultimatum de sa part. Du fait de ses talents d’agitateur politique, le parti gagne rapidement en popularité, tout en restant très minoritaire.

Hitler dote son mouvement d'un journal, le Völkischer Beobachter, lui choisit le drapeau à croix gammée pour emblème, fait adopter un programme en 25 points (en 1920) et le dote d'une milice agressive, les Sturmabteilung (SA). Il change également de style vestimentaire, s'habilla constamment de noir ou en tenue militaire, c'est à cette époque également qu'il se coupe la moustache, qui devient un de ses traits physiques célèbres.

Au départ, Hitler se présente comme un simple « tambour » chargé d'ouvrir la voie à un futur sauveur de l'Allemagne encore inconnu. Mais le culte spontanément apparu autour de sa personnalité charismatique dans les rangs des SA et des militants le fait vite se convaincre qu'il est lui-même ce sauveur providentiel. À partir de 1921-1922, la conviction intime qu'il est désigné par le destin pour régénérer et purifier l'Allemagne vaincue ne le quitte plus13,14.

Son narcissisme et sa mégalomanie ne font en conséquence que s'accentuer, comme sa prédominance absolue au sein du mouvement nazi. C’est ce qui le différencie d'un Mussolini, au départ simple primus inter pares d'une direction collective fasciste, ou d'un Staline, qui ne croit pas lui-même à son propre culte, fabriqué tardivement pour mieux asseoir sa victoire sur Trotski et sur la vieille garde bolchevique.

Inspiré par la lecture du psychologue Gustave Le Bon, Hitler met au point une propagande violente mais efficace.

« L'idée centrale de Hitler est simple : lorsqu'on s'adresse aux masses, point n'est besoin d'argumenter, il suffit de séduire et de frapper. Les discours passionnés, le refus de toute discussion, la répétition de quelques thèmes assénés à satiété constituent l'essentiel de son arsenal propagandiste, comme le recours aux effets théâtraux, aux affiches criantes, à un expressionnisme outrancier, aux gestes symboliques dont le premier est l'emploi de la force. Ainsi, quand les SA brutalisent leurs adversaires politiques, ce n'est pas sous l'effet de passions déchaînées, mais en application des directives permanentes qui leur sont données. »

— Henri Burgelin, « Les succès de la propagande nazie », in L'Allemagne de Hitler, p. 124.

De sa vie, Hitler n'accepta jamais un débat rationnel ni contradictoire et ne parla que devant des auditoires acquis15.

En janvier 1922, Hitler est condamné à trois mois de prison (dont deux avec sursis) pour « troubles à l’ordre public ». Il purge cette peine à la prison de Stadelheim de Munich entre juin et juillet 1922. Il est même menacé d’être expulsé de Bavière.

Constitution

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