L'art et la technique

II. La créativité

La question de l’imitation

Dans la tradition l’art a souvent été conçu comme un miroir de la nature et les artistes s’en inspire directement. Cela n’empêche pas que l’art du début du XX ème siècle va être de moins en moins figuratif. Depuis l’antiquité on utilise de terme de « mimesis » pour les anciens l’art a souvent le devoir de se rapprocher le plus possible d’un modèle réel / naturel puisque la nature fait bien les choses ou même elle représente une sorte de perfection

=> « Kosmos » ( univers, monde achevé ) : harmonie, équilibre parfait

Il est donc nécessaire pour l’artiste de produire son oeuvre avec la plus grande fidélité possible dans ce qu’il va représenter et c’est le cas pour le domaine de théâtre plus particulièrement de la tragédie afin de permettre au spectateur de s’identifier aux personnages qui agissent sur scène, la conséquence de cette représentation des passions humaine va conduire a ce que Aristote appelle la catharsis

=> « Katharsis » : purgation des passions crainte, terreur/ pitié

A cette époque le théâtre était presque considéré comme une sorte de thérapie collective et donc les individus pouvaient vivre pas procuration certaines émotions qu’ils exprimaient et en étaient donc ensuite débarrassés pour revenir de manière sereine dans la vie ordinaire. En même temps l’oeuvre d’art ne se contente pas d’être une simple copie d’un événement réel mais elle est également une re-création et elle choisie d’aller à l’essentiel

Aristote, 4e siècle av. JC, La Poétique ( sur la tragédie ) :

« La poésie ou le théâtre sont plus philosophique et profonds que l’histoire car ces deux formes d’expression présentent une généralité et non pas seulement un événement accidentel »

D’une autre manière Platon va lui aussi valoriser l’imitation fidèle des oeuvres d’art et il va sévèrement critiquer les artistes qui s’en éloigne et qui peuvent tromper grâce à leur habileté. Dans la République au livre X Platon va prendre un exemple très concret à savoir un lit => pour fabriquer ce meuble il faut une certaine compétence / connaissance mais quand c’est un peintre qui se propose de représenter cet objet, il ne va en donner qu’une image et celle-ci ne contient aucune connaissance particulière sur ce qui est représenté ni sur aucune chose. Ce qui est un peu scandaleux c’est qu’on accorde souvent plus d’admiration à celui qui produit « une contrefaçon » qu’à celui capable de faire réellement l’objet. L’ artiste en ce sens n’est pas très éloigné d’un autre personnage de l’Antiquité c’est a dire le sophiste ( = technicien de la parole persuasive; « beau parleur » qui fait croire à ceux qui l’écoute qu’il s’y connait dans n’importe quel sujet )

2. Le processus de création

Leonard de Vinci, XVI ème siècle Carnets :

« La peinture la plus digne d’éloge c’est celle qui a le plus de ressemblance avec ce qu’elle imite: je dis cela contre les peintres qui prétendent corriger les oeuvres de la nature »

Pascal, XVII ème siècle, Les pensées

« Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance de chose dont on n’admire pas les origines »

La beauté artistique et la beauté naturelle ne sont pas identique dans la mesure ou l’art va apporter un supplément qui ne se trouve nul part ailleurs c’est ce que Bacon va traduire :

F. Bacon, XVII ème siècle

« L’ art c’ est l’homme ajouté à la nature »

En d’autre termes c’est l’expression de la personnalité de l’artiste dans toute sa nouveauté ou son originalité, par exemple, même une chose très banale peut devenir absolument magnifique lorsqu’elle est sublimé par un artiste et c’est la différence entre le fait de représenter de belles choses et la belle représentation y compris de motif qui peuvent provoquer le rejet ou le dégoût. Même des courants artistique qu’on a qualifié de réaliste ou naturaliste, échappent à la pure et simple reproduction du réel.

Maupassant, XIX ème siècle, Pierre et Jean

« L’ artiste n’ est pas un vil copiste »

Vil = vilain / mauvais. De nos jour on pourrait pourtant avoir l’idée avec la photographie qu’il s’agit d’un simple enregistrement de ce qui existe réellement mais en fait le photographe d’art exprime une véritable exigence esthétique en choisissant à la fois son cadrage, la lumière, les contrastes, les supports, les formats éventuellement aussi les retouches après la prise du cliché. Tous ces paramètres indiquent qu’il est un créateur à part entière qui va imposer un style personnel que l’on peut même reconnaitre au premier coup d’oeil.

Hegel, XIX ème siècle, L’ esthétique

Pour ce philosophe il serait tout a fait inutile de reproduire à l’identique ce qui existe déjà

« L’ imitation en art ne peut produire que des chef d’oeuvres de technique mais jamais des créations authentiques »

III. La technique : une activité purement humaine

Un enjeu de survie

L’ homme a besoin de la technique pour compenser une faiblesse naturelle : quand il vient au monde il est plutôt démuni par rapport aux autres espèces et il doit lutter dans un environnement qui n’est pas forcément très hospitalier, il n’a pas reçu de moyens de défense d’une manière morphologique par conséquent il est bien obligé de s’en fabriquer artificiellement ou alors de se servir de ce qu’il pouvait prélever dans son entourage et également sur les animaux. Cette situation est difficile mais elle constitue aussi une chance puisque l’humanité sera amené à évoluer en cherchant sans cesse tout ce qui peut lui être utile pour améliorer ses conditions d’existence

Platon Protagoras, le mythe de Prométhée

Le mythe de Prométhée à pour fonction d’expliquer pourquoi ou comment les hommes en sont venus à développer cette activité technique contrairement aux autres espèces, ce récit remonte à l’époque originaire où les dieux ont crée les êtres vivants et il a fallu attribuer à chaque espèce des propriétés différentes. Pour cette tache, deux personnages vont intervenir :

Epiméthée

Prométhée

Epiméthée va donner au prédateur d’une part la puissance ainsi que des armes pour chasser (griffes, crocs …) et pour compenser il va donner aux animaux plus faibles une certaine agilité, rapidité et aussi une grande fécondité. D’autres part, tous les animaux vont recevoir des protections naturelles notamment de la fourrure, des peaux épaisses ou résistantes, des carapaces… Enfin, troisième caractéristique, chacun va pouvoir se déplacer dans le milieu qui est le sien (sabot, ailes, nageoires / écailles). Malheureusement, lorsque tous les attributs sont épuisés, il reste encore l’homme et donc il n’y a plus rien a lui proposer pour lui permettre d’avoir des chances de survivre, l’homme reste nu, il est sans chaussure et il n’a aucune arme / aucun moyen de défense naturelle ; situation périlleuse pour l’homme. Prométhée va donc remédier à cette situation, il va d’une part aller dérober le feu dans le royaume des Dieux de l’Olympe (chez Héphaïstos) et il va s’emparer chez la déesse Athéna de cette capacité qui est l’ingéniosité (ou intelligence pratique). Le feu c’est le symbole de cette marque culturelle qui est la cuisine mais aussi la métallurgie (armes, outils …), le feu est aussi un moyen de se protéger contre les bêtes sauvages, de se réchauffer, de s’éclairer. D’autre part, l’homme va être capable grâce à son ingéniosité de tirer profit des circonstances qui se présentent à lui pour se faciliter l’existence. Dans cette nouvelle situation, les hommes vont donc être en mesure de rivaliser avec les espèces concurrentes mais malheureusement Prométhée n’a pas eu le temps d’offrir aux humains un troisième cadeau c’est à dire il n’a pas pu leur donner la sagesse politique ou la prudence qui aurait éviter de nombreuses dérives notamment les guerres … On peut s’apercevoir que seuls les hommes ont eu besoin de développer la technique alors que les autres espèces disposent déjà des moyens tout a fait approprié pour leur survie.

2. L’ homme est d’abord « homo faber » : fabriquant d’outils

Homo sapiens : intelligent, savant

Homo habilis : habile

Homo loquens : éloquent

Homo erectus : bipède, posture verticale

Homo laborans : travailleur, ouvrier

Avant

...