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La Science-Fiction Et Le Courant Dystopique Dans La Littérature Du Xxe

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» sont souvent employés de façon interchangeable. Sauf peut-être dans le milieu restreint de la critique de science-fiction, où le terme « dystopie » est le plus utilisé.

Certains critiques toutefois utilisent simultanément plusieurs de ces termes pour opérer des distinctions plus fines. Le but est généralement de distinguer les récits peignant des avenirs sombres aux récits visant à récuser la pensée utopique. Les couples de termes opposés sont très variables.

La question des relations entre les genres dystopiques et utopiques demeure un sujet débattu. Cette absence de consensus, compliquée par l'origine anglaise du mot « dystopie », explique en partie les divergences terminologiques existant dans la littérature critique.

Les univers utopiques et contre-utopiques ont en commun de ne pas être simplement des mondes imaginaires. Ils sont le résultat d'un projet politique. Ce projet vise à rendre possible un idéal : idéal d'égalité dans l'utopie collectiviste de Thomas More ou dans celle de Campanella, idéal de pouvoir absolu dans 1984, idéal d'ordre et de rationalité dans Nous Autres. L'idéal de bonheur est peut-être un peu plus ambigu. Il est défini comme la suppression de toute souffrance dans Le Meilleur des Mondes, et comme la sécurité et la stabilité dans Un bonheur insoutenable d'Ira Levin. Les sociétés décrites dans les utopies aussi bien que dans les contre-utopies ont pour caractéristique d'être « parfaites ».

« Certes, ce Taylor était le plus génial des anciens. Il est vrai, malgré tout, qu'il n'a pas su penser son idée jusqu'au bout et étendre son système à toute la vie, à chaque pas, à chaque mouvement. » (Zamiatine, Nous autres, p. 64)

Leur perfection tient en ce que d'une part, elles réalisent parfaitement l'idéal qu'elles se sont assignées (égalité parfaite chez More, oppression parfaite chez Orwell et bonheur parfait chez Huxley) et que, d'autre part, elles sont inaltérables. En effet, un monde parfait ne saurait être menacé ou provisoire et se doit d'être, d'une manière relative du moins, éternel. Le principal défi posé à l'utopiste consiste, en effet, à empêcher toute possibilité de retour en arrière.

Parce que la dystopie vise à présenter sous forme narrative les conséquences néfastes d'une idéologie, l'univers qu'elle décrit ne s'éloigne du nôtre que par les seules transformations sociales ou politiques que l'auteur désire critiquer. Rapprocher l'univers dystopique du nôtre, c'est un moyen pour l'auteur de rendre sa dénonciation plus efficace. Il est donc naturellement amené à situer son univers dystopique dans un futur plus ou moins proche et à en exclure toute dimension fantastique qui viendrait affaiblir son argumentation.

Anticipation, mouvement rationnel de l'Histoire : ces caractéristiques rapprochent naturellement le projet dystopique de la science-fiction. C'est pourquoi la dystopie est souvent considérée comme un sous-genre de la science-fiction. Les deux genres se distinguent néanmoins dans leur traitement de la science et de l'innovation technologique.

En effet, si la science-fiction imagine des découvertes scientifiques ou technologiques, les met en scène et s'interroge sur leurs conséquences, le champ spéculatif de la dystopie est en revanche centré sur les conséquences possibles des changements d'ordre politique. Dans une dystopie, l'évolution technologique n'est pas un facteur déterminant : les trouvailles technologiques (« télécrans » dans 1984, méthodes de clonage et de manipulation des fœtus dans Le Meilleur des Mondes) ne sont pas des phénomènes dont les conséquences sont analysées, ils sont les conséquences d'une volonté politique (volonté de surveillance dans 1984, volonté de modeler l'homme aux besoins de la société dans Le Meilleur des Mondes). D’ailleurs, les innovations technologiques présentées dans les plus célèbres des dystopies n'ont pas l'aspect spectaculaire qu'elles ont souvent dans la science-fiction. Elles se sont souvent montrées parfaitement réalisables a posteriori : la télésurveillance est aujourd'hui commune, et le clonage animal, qui laisse présager du clonage humain, est également une réalité. Quant aux postulats scientifiques surnaturels ou métaphysiques ils n'ont tout simplement pas leur place dans la dystopie.

Ainsi, si la dystopie s'inscrit dans le cadre du texte d'anticipation en décrivant un univers futur plus ou moins proche, son objet spécifique la distingue de la science-fiction classique. Les auteurs des premières dystopies ne sont d'ailleurs pas des auteurs de science-fiction. Les frontières entre les deux genres demeurent toutefois poreuses : la science-fiction qui se préoccupe de problèmes politiques et sociaux, intègre bien souvent des thèmes issus des contre-utopies.

Il convient, pour saisir la signification du terme de contre-utopie de revenir au sens de l'utopie. Une utopie, c'est-à-dire une société idéale, n'est pas le fruit d'un concours de circonstances mais le résultat d'un plan réfléchi. Les sociétés utopiques, comme celle de Thomas More, sont « parfaites » parce que voulues comme telles. De même, une contre-utopie n’est pas simplement la description d'un monde effrayant : elle est la description d'un monde rendu effrayant par la réalisation raisonnée et consciente d'un projet politique. Les mondes de 1984, de Nous Autres ou du Meilleur des Mondes sont des contre-utopies en ce sens qu'ils sont, de même que les mondes « parfaits » des utopies, des créations visant à réaliser sur Terre un certain idéal.

Il apparaît donc abusif de qualifier de contre-utopie toute création littéraire visant à décrire un avenir terrifiant. Les univers décrits par la littérature cyberpunk (sous-genre de la science-fiction décrivant un monde dystopique et dont l'origine remonte au début des années 1980), la plupart des mondes post-apocalyptiques et, en général, les récits de science-fiction anticipant sur les dérives de notre société ne peuvent être qualifiés de contre-utopiques (même s'ils ont des points communs avec la contre-utopie) car ces mondes ne sont pas le fruit d'un projet politique précis.

II-La Dystopie dans la littérature

Les nombreuses utopies créées depuis la Renaissance (La Cité du Soleil de Campanella, L'Utopie de Thomas More, La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon et bien d'autres encore) sont des textes de type descriptif, voire philosophique. Ils débutent assez souvent par une courte partie narrative où un voyageur raconte comment il a abordé les terres inconnues qu'il décrit ensuite en détail. Il n'y a pas d'action dans une utopie, ce qui est d'ailleurs bien naturel car que pourrait-il s'y passer ?

À l'inverse, les contre-utopies sont des romans ou des récits. Le monde de Nous Autres ne nous apparaît qu'au travers d'une intrigue et de personnages. Le plus souvent, la nature réelle de l'univers d'une contre-utopie ainsi que les intentions profondes de ceux qui la dirigent ou l'ont créée n'apparaissent que très progressivement au lecteur.

Le sens de la contre-utopie, en tant que genre s'opposant à l'utopie, réside davantage dans ce changement de type textuel que dans la nature des univers décrits. À l'exception notable de 1984 qui décrit un monde maléfique de par son projet même, les univers contre-utopiques se distinguent assez peu de leurs pendants utopiques : les deux sont également motivés par la recherche du bonheur de tous. Seul le point de vue change.

Les utopies classiques portent leur regard sur la construction sociale, politique et culturelle dans son ensemble. Le cas des individus ne trouvant pas leur bonheur dans un tel monde, ou refusant d'en suivre les règles, est considéré comme un problème marginal. Thomas More envisage par exemple l'éventualité que des citoyens de son île refusent de se plier aux règles communes et propose que ceux-ci soient condamnés à l'esclavage. Il ne considère pourtant pas cette impossibilité d'intégrer tout le monde à sa société parfaite comme une faille à l'ensemble de son système. À l'inverse, les contre-utopies sont des romans dont les personnages principaux sont justement des inadaptés qui refusent ou ne peuvent se fondre dans la société où ils vivent. La contre-utopie n'est donc pas tant une utopie maléfique qu'une utopie classique vue sous un angle différent : celui de l'individu.

III – Enjeu de la dystopie

Selon certains critiques, l'histoire de l'utopie et de son prolongement en contre-utopie est étroitement liée à celle du communisme au sens le plus large du terme. Plusieurs siècles avant la parution du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels, les utopies de la Renaissance proposent des modèles de sociétés collectivistes.

Thomas More, qui compatit au sort misérable des paysans sans terre de l'Angleterre du XVIe siècle, et voit dans la propriété privée la principale cause des malheurs de son époque, invente une société, l’Utopie, dont la principale caractéristique est de rejeter la propriété individuelle. La Cité du Soleil de

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